Rénovation et non pas création de logements: C. Duflot (EELV) a-t-elle donc fait des merveilles?
Dans un copié-collé de l'AFP, Libération clame que François Hollande va donner un nouvel élan à la politique en faveur des quartiers défavorisés
Hollande a-t-il peur que le ciel lui tombe sur la tête ? |
Il est allé leur faire l'annonce à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) mardi matin de cinq milliards d’euros dans les dix prochaines années. Hollande a été accueilli peu après 09h00 par son ex-ministre des Transports et de la Mer Frédéric Cuvillier, redevenu député-maire du premier port de pêche français après avoir quitté le gouvernement Valls lors du remaniement d’août, pour cause de désaccord avec la ligne du gouvernement.
Avec pour mission de reconquérir le PS, le président est en tournée dans la puissante fédération socialiste ébranlée par plusieurs affaires financières, et la poussée du FN sur ses terres. Il devait ensuite se rendre à Lens, dans le bassin minier.
Ce déplacement "sera une étape très importante en termes de symbole mais aussi pour le déclenchement d’une procédure de rénovation urbaine lourde", avait assuré lundi le ministre de la Ville et ancien président du Conseil général du Nord, Patrick Kanner, qui accompagne le président, ainsi que la secrétaire d’État chargée de la ville, la franco-marocaine Myriam El Khomri, deux inconnus du gouvernement Valls 2.
Kanner est un proche de Martine Aubry en tant qu'adjoint honoraire à la mairie de Lille. Or, sur son compte Twitter, il n'a pas bridé ses critiques contre certains choix de Hollande et Valls. "Sous la Vème République nous vivons une crise digne de la IVème... Ne sommes nous pas arrivés à la fin d'un système qui montre ses limites?" s'interrogeait-il lors de l'annonce de la démission du gouvernement Valls I.
Sous la Vème République nous vivons une crise digne de la IVeme...Ne sommes nous pas arrivés à la fin d'un système qui montre ses limites ?
— Patrick Kanner (@PatrickKanner) 25 Août 2014
En juin, c'est contre la réforme territoriale menée par Marylise Lebranchu qu'il écrivait des tweets acerbes. "Suppression des conseils généraux: quel bénéfice pour la démocratie locale? Prenons garde à l'appauvrissement démocratique!" Ou encore: "Je ne veux d'une décentralisation qui serait pénitence". Un peu plus tôt, il attaquait frontalement son futur collègue, André Vallini, le secrétaire d'État à la Réforme territoriale. "Un Terminator chirurgien dentiste"... La démission du gouvernement devait permettre de purger les ministres qui doutaient des orientations prises par l'exécutif.
A la veille de la visite présidentielle, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) a fixé la liste des nouveaux quartiers prioritaires, choisis pour leurs "dysfonctionnements urbains les plus graves", et qui bénéficieront du second programme de rénovation prévu sur dix ans.
Il s’agit des 200 quartiers "où la pauvreté est la plus forte, et où les habitants ont aujourd’hui le plus de mal à se loger correctement, à accéder aux services publics ou à des transports de qualité», note le ministère. A cette liste s’ajoutent une cinquantaine de quartiers d’intérêt régional, présentant également des "enjeux importants".
Au total, l’État doit consacrer cinq milliards d’euros à ces quartiers, financés grâce au concours d’Action logement (collecteur du 1% logement), dans le cadre du nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU). L’objectif serait de générer 20 milliards d’euros de travaux, et 300.000 emplois dans l’économie.
Le premier plan lancé en 2003 par Jean-Louis Borloo, ancien maire radical valoisien de Valenciennes (1989-2002), sert de tremplin au deuxième, lequel ambitionne une extension "transversale" de l'approche urbanisme jusqu'ici prioritaire, en jouant sur les trois leviers du développement économique, de la rénovation urbaine et de la cohésion sociale. Selon la Cour des Comptes, le plan Borloo (Loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine) a eu des effets positifs sur le développement économique et l’amélioration de l’habitat, mais elles n’ont pas eu un impact suffisant pour changer durablement la vie quotidienne de la population. La Cour juge que l'insuffisance de ces résultats est le produit de dysfonctionnements dans la coordination interministérielle et dans la coopération entre l’Etat et les collectivités territoriales. Ces dernières étaient en effet censées mobiliser 36 des 42 milliards d'euros d'investissements (seulement 6 à la charge de l'Etat) pour près de 500 quartiers en zones urbaines sensibles (ZUS), soit un budget moyen de 110 millions d'euros par site, et les collectivités n'ont pas suffisamment joué le jeu.
Des "verrues au milieu des quartiers rénovés"
La politique socialiste de rénovation veut toujours traiter les grands ensembles des quartiers médiatisés, mais elle espère pouvoir aussi prendre en compte des villes moyennes ou des centres-villes qui se sont paupérisés, comme ceux de Saint-Denis ou de Thiers.
Autre ambition, le programme inclut la rénovation de copropriétés, comme à Pierrefitte-sur-Seine (PS) ou dans le bas-Clichy-sous-Bois (PS), en Seine-Saint-Denis (PS). "On s’attaque à l’habitat privé, qui reste comme des verrues au milieu des quartiers rénovés", souligne-t-on au ministère. "Le message n’est pas de dire: il y aura une intervention massive sur les copropriétés, mais juste que ce n’est pas exclu." L’Etat peut en effet intervenir sur ce volet depuis la loi Alur, note-t-on au ministère, en relevant que "certains copropriétaires paient 300 ou 400 euros par mois, alors qu’il n’y a pas de poubelles, pas d’ascenseur". En fait, le message s'exprime en aides aux municipalités socialistes, mais celles d'opposition ne seraient-elles pas exclues?
Pour la première fois, la rénovation urbaine s’attaque aussi à l’habitat social horizontal, notamment dans les bassins miniers. Or, la Communaupole de Lens-Liévin est présidée par le maire PS de Lens...
Le gouvernement a dû rénover la loi ALUR de Cécile Duflot (EELV)
Pour faire face à la chute du marché de l'immobilier provoqué par la loi ALUR de mars 2014, le vendredi 29 août 2014, le gouvernement avait présenté un nouveau plan de relance d'urgence en faveur du logement.
Objectif de ce train de mesures : faire repartir le marché de la construction. Pour ce faire, il entend libérer du foncier, favoriser l'investissement dans la pierre, simplifier les normes de construction... tout en écornant au passage une des mesures phares de la loi ALUR de Cécile Duflot accès au logement et un urbanisme rénové) : l'encadrement des loyers. Ce qui n'a pas plus à l'ancienne ministre... Elle a notamment qualifié "d'inouïe" la décision de limiter l'encadrement des loyers à Paris, voté à l'unanimité par la majorité-godillots, "à titre expérimental", qui pourrait s'avérer une première étape vers un enterrement de la mesure.
A Boulogne-sur-Mer comme à Lens, Hollande doit se rendre dans des quartiers à forts taux de chômage et faibles revenus par habitant.
Visite aux enfants des écoles, présentation d’un projet de renouvellement urbain, signature d’une convention avec une entreprise et table ronde avec habitants et acteurs locaux sont au programme du chef de l’État à Boulogne (PS). A Lens, il doit inaugurer un centre socio-culturel avant de prononcer un discours.
"Il s’agit de dire qu’en cette fin d’année, la République se mobilise pour les quartiers les plus en difficulté, sur tous les aspects: politique de la ville, rénovation urbaine, services publics de proximité, éducation nationale...", a prévenu l’entourage du président qui pourrait annoncer de nouvelles mesures.
Au lendemain de son discours tardif sur l’immigration jugeant positif son apport à la République, Hollande se rend maintenant sur des terres marquées par une très forte poussée du Front national. Sans parler de la ville de Troyes où le FN a fait (36%) et où le secrétaire fédéral du PS a été éliminé au premier tour moins de 15% des suffrages (7,5% pour le PCF, 5% pour EELV), face à l'UMP-UDI, 63,8%.
Outre la prise d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) sinistrée par les bras de fer du socialiste de Pierre Darchicourt et les potentats locaux, Jacques Mellick et Jean-Pierre Kucheida, célèbres pour leurs démêlés avec la justice et l'affaire Gérard Dalongeville, le FN a percé dans de nombreuses petites communes aux municipales de mars. Aux européennes de mai, la liste menée par Marine Le Pen est arrivée largement en tête dans le Nord-Pas-de-Calais (plus de 35% des suffrages).
Hollande est en campagne pour la rénovation de la fédération socialiste du Pas-de-Calais.
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