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mercredi 4 décembre 2019

Pisa 2018: Macron s'accommode d'une 23e place

L’école française, élève prétentieuse aux ambitions déçues

Les jeunes Français scolarisés stagnent dans le milieu du tableau

Les notes de la France sont stables et l'effet Macron se fait désirer… Dans la nouvelle étude internationale Pisa sur les acquis des élèves, tombée ce mardi, leurs résultats ne baissent pas et Macron ne fait pas mieux que ses prédécesseurs avec un score moyen de 493 points qui classe les Français légèrement au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
La France n'est d'ailleurs plus la 5e puissance économique mondiale. Elle a encore cédé du terrain, passant au 6e rang. D'après les chiffres des PIB 2017, se rapprochant de la 5e place du Royaume-Uni, l’Inde a même relégué la France en 7e position.

L'école française produit toujours de très bons élèves, mais reste globalement moyenne avec, de surcroît, l'une des systèmes éducatifs les plus inégalitaires parmi les pays développés. C'est ce qui ressort du dernier bulletin mondial des systèmes scolaires de la planète, publié ce mardi 3 décembre : le fameux classement Pisa.

Véritable baromètre des politiques éducatives, le "programme international de l'OCDE pour le suivi des acquis des élèves" mesure tous les trois ans depuis 2000 le niveau des jeunes de 15 ans à travers le globe. Pour cette édition Pisa 2018, plus de 600.000 élèves dans 79 pays ont passé des tests mesurant leurs performances en lecture et écriture (thème majeur de cette édition), en mathématiques, ainsi qu'en sciences. Il a fallu un an aux analystes pour trier et synthétiser les résultats, rassemblés en trois épais volumes.

La France légèrement au-dessus de la moyenne

Au classement Pisa, la France se situe en 22e position en lecture, le domaine qui était étudié de manière approfondie pour cette édition 2018. Avec 493 points, l’Hexagone dépasse légèrement la moyenne des pays participants, cotoyant la République tchèque, la Slovénie, l’Allemagne, la Belgique et le Portugal. "Une position honorable, moyenne plus", tiennent à relativiser les analystes de l’OCDE, quand d’autres observateurs s’inquiètent d’une telle position pour la septième puissance mondiale. 

Certains mettent en cause le 'pédagogisme', tandis que l'idéologie dominante, suivie par les media préférant suivre la tendance marxisante, pointe la persistance des inégalités sociales, lesquelles font de la France l’un des champions.
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L'"éducation nouvelle", courant pédagogique dominant qui s'inspire de Rousseau (orphelin dont l'enfance est marquée par l'errance et qui estime donc que l'Homme est naturellement bon, mais que la société le corrompt), défend le principe d'une participation active des individus à leur propre formation : les élèves sont des "apprenants" et sont au centre du système, ce qui suppose qu'ils ont la science infuse et la mutualisent, quand leur grands-parents la recevaient par la transmission des savoirs et l'apprentissage. Aujourd'hui, les méthodes actives sont censées exploiter les centres d'intérêt de l'apprenant, à partir du réel et du libre choix des activités, faire sortir ses connaissances enfouies en suscitant l'esprit d'exploration et la coopération. "L'enfant n'est pas un vase qu'on remplit mais un feu qu'on allume".
"Nous avons une place honorable, mais le gros point noir reste les inégalités sociales devant la performance", commente Eric Charbonnier, analyste à l'OCDE, spécialiste de l'éducation qui assure : "Il y a beaucoup de professeurs qui sont mal accompagnés et isolés." Déclarer à la journée mondiale des enseignants que les professeurs sont recrutés à un niveau de plus en plus dégradé serait certes peu confraternel, mais avant tout "politiquement incorrect". La performance étant de surcroît, on l'a compris, un concept haïssable.
Se réclament en France de l' "éducation nouvelle" (dont Henri Bassis, militant communiste, rédigea le Manifeste), le GFEN (Groupe français d'éducation nouvelle), la FIMEM (Fédération internationale des mouvements d'école moderne) : pédagogie Freinet, LE CRAP- Cahiers Pédagogiques (Cercle de recherche et d'action Pédagogiques), les CEMEA (Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Éducation Active), ou la Pédagogie Montessori.
Les écarts de performance étant parfois faibles d'un pays à l'autre, l'organisation internationale constitue des groupes de pays aux résultats similaires plutôt qu'un classement à proprement parler. 
Depuis la première édition de Pisa en 2000, le niveau des jeunes en lecture et en écriture n'a pas progressé.  En la matière, le Royaume-Uni - malgré une densité de population plus forte - fait nettement mieux, avec 504 points.

Championne des inégalités, encore et toujours, soulignent les  idéologues de gauche

Résultat de recherche d'images pour "apprentissage lecture methode globale"En France, l'écart de résultat entre les élèves issus d'un milieu favorisé et ceux issus de classes sociales défavorisées est de 107. C'est considérable, et très nettement au-dessus de la différence observée en moyenne dans les autres pays (87 points). Comme si les élèves français étaient coupés en deux planètes. Comme s'ils n'appartenaient, en fin de compte, pas au même système scolaire. Comme si le collège unique n'existait pas depuis Savary.

"Les élèves défavorisés [en difficulté de déchiffrage de l'écrit] ont cinq fois plus de risque de se retrouver en difficulté que les autres, en compréhension de l'écrit", relève Pauline Givord, analyste à l'OCDE qui a codirigé une partie de l'enquête Pisa. Plus inquiétant encore : les jeunes issus de milieux populaires nourriraient peu d'ambitions d'études post-bac, même quand ils sont bons élèves.

Au chapitre des inégalités,
il n'y a qu'en Israël et au Luxembourg que les écarts sont encore plus élevés qu'en France. Ce constat alarmant n'est pas nouveau : le pédagogisme s'est développé au cours des années 80 et le creusement des inégalités en France s'est constaté entre dix et vingt ans plus tard, sans produire de choc significatif dans les politiques publiques. Cependant, "des efforts ont été faits depuis 2012, assure Eric Charbonnier de l'OCDE. Mais il est encore trop tôt pour en mesurer les effets." 
Les premiers élèves à avoir bénéficié de la priorité accordée au primaire, et à la création de nouveaux postes d'enseignants, sous le quinquennat de François Hollande, ne seront en effet testés par Pisa que lorsqu'ils seront devenus lycéens… pour l'édition 2024.

Trop d'incivilités en classe
Ce sont les jeunes eux-mêmes qui l'affirment - notamment en fonction de la formulation des questions - corroborant un constat déjà dressé par leurs enseignants : il y a trop de bruit  - et c'est le moins qui puisse arriver ! - dans les salles de classe. Un jeune de 15 ans sur deux déclare qu'il y a du chahut ou du désordre dans la plupart des cours, et un quart dans tous les cours ! Un niveau inquiétant qui place l'Hexagone très bas dans le tableau des élèves respectueux. "Il n'y a qu'en Argentine et au Brésil où l'indice du climat de discipline est inférieur à la moyenne observée en France", précise l'étude de l'OCDE.

L'indiscipline scolaire pénalise surtout les élèves déjà les plus fragiles, puisqu'il s'observe majoritairement dans les établissements les plus en difficulté. Un constat qui veut ignorer qu'un jeune en situation d'échec scolaire est un élève presque systématiquement indiscipliné, voire agressif. Les "sachants" de  l'OCDE assurent qu'il suffirait d'améliorer la formation des enseignants français sur la gestion de classe - conseil qui vaut pour la discipline comme pour le niveau en écriture, en maths ou en sciences - mais qui occulte le désengagement des parents démissionnaires qu'on veut pourtant introduire dans l'école, bien qu'ils soient défaillants en milieu familial : les parents de milieu favorisé à la rescousse de l'école, alors ? 

D'une manière générale, "les pays les plus performants de Pisa sont ceux qui investissent massivement dans la revalorisation du métier d'enseignant, et dans la formation", insiste Eric Charbonnier.

Blanquer, fataliste...
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Jean Michel Blanquer a tiré la couverture à lui. 
Interrogé par la presse le 3 décembre sur les résultats de Pisa 2018, à Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, qui lui fait des recommandations sur tout ce qui ne va pas dans l'école française, le ministre de l'éducation nationale a la réponse facile : c'est exactement ce qu'il fait. Dommage que les résultats ne soient pas au rendez vous...

Les recommandations de l'OCDE à Macron

"Pisa est un outil important qui peut guider nos efforts pour que nos systèmes éducatifs soient prêts à relever les défis de l'avenir". Présentant les résultats de Pisa 2018 le 3 décembre, Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, a fait une mise au point sur ce que Pisa nous apprend de l'école française. Exposé d'autant plus attendu qu'il a lieu en présence du ministre de l'Education nationale, venu, comme plusieurs de ses prédécesseurs, entendre les recommandations de l'OCDE.

"La France occupe dans Pisa une place honorable au dessus de la moyenne dans les 3 domaines principaux", déclare A. Gurria. "Mais c'est un des pays les plus inégalitaires". Il a beau jeu d'en donner des preuves et d'ajouter qu'aux inégalités sociales s'ajoutent les inégalités ethniques. "Agir pour réduire les inégalités est urgent", dit-il au ministre. "L'enjeu principal est celui de la capacité du système scolaire français à faire progresser les plus fragiles. Il faut allouer les ressources là où il y a des besoins. Il faut former les enseignants et lutter contre l'échec scolaire dès le plus jeune âge". Comment, puisque les ministres successifs n'ont pas trouvé la bonne méthode ?

Avant Blanquer, pendant le quinquennat socialiste de Hollande, Vincent Peillon, Najat Vallaud Belkacem, ministres pourtant fortement marqués à gauche, étaient déjà venus à l'OCDE entendre les mêmes formules, sans effet évalué aujourd'hui. Car les inégalités sociales, la formation insuffisante sur le plan professionnel sont des données repérées depuis longtemps par Pisa. Malgré tout, les propos d'A. Gurria auraient pu réveiller l'Education nationale et susciter un "pisa-choc". Il n'en a rien été.

Les certitudes de Blanquer

Résultat de recherche d'images pour "blanquer arrogant""Le poids des déterminismes sociaux n'augmente pas", insiste Blanquer. "On a stabilisé ce facteur," affirme-t-il, banalisant le phénomène par comparaison puisqu' "il y a des inégalités dans de nombreux pays". Une raffarinade qui n'efface pas de chiffres meilleurs que peut afficher près de la moitié : seuls deux pays ont un niveau d'inégalités sociales par rapport aux résultats scolaires plus importants que nous sur 79 pays. Interrogé sur la mixité sociale dans les établissements, Blanquer s'abrite derrière des études à venir. De fait, depuis son arrivée, les projets lancés sous Najat Vallaud Belkacem sont gelés faute de soutiens rectoraux et de volonté ministérielle.

"PISA confirme ce que je dis depuis des années", assure sans crainte Blanquer. Selon lui, les pays qui progressent dans PISA ont modifié leurs pratiques pédagogiques pour "un enseignement structuré, explicite", ce qui ne veut pas dire grand chose, mais renvoie au discours ministériel. Interrogé sur ces méthodes pédagogiques, le ministre confirme que ses références sont 'Agir pour l'école' de Bentolila, un linguiste auteur d'ouvrages concernant notamment l'illettrisme des jeunes adultes et l'apprentissage de la lecture et du langage chez l'enfant ou du psychologue et président du Conseil scientifique de l'Education nationale, Stanislas Dehaene. Ce conseil d'intellos explique que le travail se concentrera principalement sur les sciences cognitives en lien avec les apprentissages, et non sur les neurosciences, lesquelles ont enterré la "méthode globale" qui, comme les "maths modernes" a fait tant de ravages.

Le ministre reste prudent sur le bilan de sa politique. "On note dans nos évaluations que certaines classes dédoublées ont des performances très importantes", avait certifié il y a quelques mois son cabinet mais, depuis, des experts ont montré que les dédoublements produisent peu de progrès des élèves.

Puisque l'OCDE souligne la faiblesse de la formation des professeurs français, révélée aussi par l'enquête Talis, Blanquer vante la réforme des INSPE (Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l'Éducation) qui devrait apporter une "formation plus pratique" et la hausse de la formation continue. Et surtout un contrôle sur la formation des maîtres. En réalité, le budget 2020 prévoit la baisse des dépenses de formation dans le premier degré et leur stabilité à un niveau jugé insuffisant par l'OCDE dans le second.

Faute de pouvoir mettre les dédoublements en avant, c'est 'Devoirs faits' qui est utilisé par le ministre comme une réponse aux inégalités. Il s'agit d'un temps d’étude accompagnée gratuite pour aider des collégiens dans leurs devoirs dans leur établissement. Tout en reconnaissant que sa mise en place diffère beaucoup d'un endroit à l'autre, le ministre dit réfléchir à le rendre obligatoire pour les élèves faibles. A entendre BLanquer, on pourrait croire qu'il s'agit presque de cours particuliers. Mais ce n'est pas cela du tout. Le ministre envisage de le rendre obligatoire pour les élèves faibles.

Du coté de l'OCDE, Eric Charbonnier recadre. "Les inégalités ne sont pas une fatalité", assure l'expert. Pour cela il faudrait des ressources pour les établissements défavorisés. A bon entendeur...


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