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dimanche 1 décembre 2019

Dans son "nouveau monde", Macron perpétue le scandale des "préfets hors cadre"


BFMTV rouvre le dossier du scandale des "préfets fantômes" 

Les "régimes spéciaux" dont il fallait dire un mot, ceux des hauts-fonctionnaires... 
Dans l'enquête "République : les derniers privilèges" diffusée lundi 25 novembre, BFMTV fait parler l'un de ces "préfets fantômes", lequel ne demande que ça, tant il est blessé d'être laissé pour compte. Il déballe ce qui se sait depuis des années, sans affectation, mais avec aigreur: s'il est professionnellement dévalorisé, il n'est pas pourtant pas démonétisé pour autant, en étant payé à rester chez lui sans rien faire, ni préfecture, ni mission. Les enquêteurs n'apporte aucune information nouvelle sur une pratique utilisée par tous les présidents de la Ve République, la nomination de proches collaborateurs "préfets" afin de les "recaser" : placard pour les uns, récompense pour les autres, mais rente à vie pour tous.

Recevoir 6.000 euros par mois pour rester chez soi, sans travailler, ce n'est ni injuste, ni humiliant pour certains. Cela peut être une réalité dans le corps préfectoral, mais aussi bien dans d'autres corps de hauts-fonctionnaires du Quai d'Orsay ou de l'Inspection des Affaires sociales: 
en 2013, François Chérèque, l’ancien secrétaire général de la CFDT avait été nommé inspecteur à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), après avoir été chargé par le gouvernement de superviser le plan national de lutte contre la pauvreté. Son protecteur, François Hollande, assistera à ses obsèques en 2017 Stéphane Lardy, l’homme de FO sur les questions d’emploi, rejoindra l’Inspection générale des affaires sociales, mais Macron le nommera directeur général de France compétences (1er mars 2019) comme l'ex-secrétaire général de la CGT, Thierry Le Paon, un ancien ouvrier soudeur, sera nommé par Valls à la lutte contre l’illettrisme.
Quant à Gérard Aschiéri, ancien secrétaire général - pendant neuf années - de la FSU, il siège depuis 2010, au Conseil économique, social et environnemental (CESE), la "chambre inutile de la République", où le salaire moyen des 150 fonctionnaires du palais d’Iéna approche les 4.000€/mois. Un niveau rarement vu dans la fonction publique, tout comme les 150.000€ annuels du secrétaire général. A ce prix-là, les agents ont en plus la possibilité de faire une heure de gym par jour sur leur temps de travail, et bénéficient d’un nombre de jours de congés qui fait que certains travaillent moins d’un jour sur deux en moyenne sur une année…
Dans une enquête baptisée "République : les deniers privilèges", BFMTV s’intéresse aux dysfonctionnements au sommet de l’Etat. Les équipes de la chaîne d’info ont rencontré Philippe Paolantoni, préfet de Wallis-et-Futuna en 2008, rappelé en 2010 à Paris et nommé préfet hors-cadre. "C’est-à-dire préfet sans préfecture, ni territoire. En clair, il est déclassé, placardisé", résument les auteurs du documentaire.
"J’ai demandé des rendez-vous, des instructions; on ne me répond pas. Donc vous restez chez vous", explique Philippe Paolantoni. "Je m’attachais à aller une fois par semaine au ministère pour montrer que j’étais toujours vivant, d’abord, et que je cherchais toujours du travail et il ne s’est rien passé". Sa fiche de paye, qu’il montre à la caméra, affiche un net à payer de 5.967,19 euros par mois. Il reconnaît lui-même que "toucher 5.900 euros par mois pour rester à la maison" est «scandaleux». "Etre payé à ne rien faire quand vous avez occupé des responsabilités, que vous avez le sentiment de ne pas avoir démérité, de ne pas avoir commis de faute, vous ne comprenez pas", poursuit-il pointant "un grand gaspillage sur le plan financier" et "une totale opacité dans la gestion du corps" préfectoral.

Philippe Paolantoni © capture d'écran BFM TV


"Sur les 257 membres du corps préfectoral, la moitié est sans affectation territoriale", précise BFMTV qui a demandé au ministère de l'Intérieur la liste des préfets hors cadre et leurs fonctions. La transparence, ce n'est encore pas sur ce sujet.

Les présidents nomment leurs fidèles préfets pour les récompenser  

S'il y a embouteillage chez les préfets, c’est aussi dû à une pratique, devenue banale : les chefs de l’Etat ont pris l’habitude de nommer leurs préfets fidèles et proches collaborateurs afin de les remercier de leurs bons et loyaux services. 
Face aux caméras, l'’ancien ministre socialiste de l'Agriculture Jean Glavany se livre ainsi à visage découvert sur cette pratique dont il a bénéficié en 1988, alors que la gauche était en difficulté, incertaine de remporter la présidentielle. "Il y a eu un mouvement de "tous aux abris", explique-t-il. Beaucoup de collaborateurs des cabinets ministériels, à l’Elysée, à Matignon qui n’avaient pas de statut, cherchaient à avoir des assurances, des garanties, des protections pour continuer leur vie administrative ou politique." François Mitterrand lui a alors proposé de devenir préfet hors cadre, pour le mettre à l’abri. "Il pensait à me protéger. (…) il était très affectueux, très protecteur à mon égard. Je lui disais on verra ça plus tard".
Il est nommé préfet trois mois avant la présidentielle. "Un job garanti à vie et un salaire très avantageux de 5.000 à 12.000 euros net par mois", soulignent les auteurs de l’enquête. Un poste qui lui permet également de devenir par la suite coordinateur des Jeux olympiques d’Albertville. Enfin, pour avoir été préfet 5 ans, il touche une pension de retraite de 4.500 euros à ce titre. S’ajoute à cela sa retraite de parlementaire. "Tous les hauts fonctionnaires qui ont fait de la politique ont les deux choses", évacue-t-il.
Les nominations de préfet hors cadre sont une pratique courante chez tous les présidents. 
François Mitterrand a nommé préfet cinquante de ses fidèles en deux septennats. Dernier en date, Emmanuel Macron a nommé son ex-chef de cabinet, François-Xavier Lauch, "préfet en charge d'une mission de service public". On est dans le confidentiel !

VOIR et ENTENDRE l'enquête diffusée lundi 25 novembre par BFMTV.
Dans un contexte de malaise social et de défiance envers les élus et les représentants de l’Etat, et malgré des mesures gouvernementales prises en faveur de plus de transparence, les équipes de BFMTV ont "fouillé" sur ceux qui jouissent des privilèges de la République. Existe-t-il des privilégiés parmi les serviteurs de l’Etat? Nos élus sont-ils devenus exemplaires? Y a-t-il toujours des pratiques illégales de détournement de frais professionnels ? Pourquoi certains salaires sont-ils distribués pour à des postes fantômes? Comment des fonctionnaires peuvent-ils cumuler plusieurs emplois?
"République : les deniers privilèges", une enquête signée par les journalistes Benoit Sarrade, Alexandre Funel et Etienne Grelet, sur BFMTV

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