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lundi 16 décembre 2019

Delevoye a démissionné, malgré la confiance du premier ministre

Macron perd son haut-commissaire aux retraites

Depuis la révélation de
plusieurs omissions dans sa déclaration d’intérêts, M. Delevoye a décidé de partir "de sa propre initiative," selon l’Elysée.



Le président Macron perd l'un de ses proches.
Le porteur de son projet controversé de réforme des retraites se retire sous la pression de l'opinion, au 12 jour de grèves, suite à la série de révélations successives d'emplois (13) dont deux rémunérés, non portés sur sa déclaration d'intérêts.
Cette démission s'ajoute à une liste déjà longue dans l'entourage direct du président à l'Elysée. Outre Bayrou qui a facilité l'accession au pouvoir de Macron (qui l'a récompensé du poste de la Chancellerie, mais rapidement poussé à la démission dans l'affaire des emplois fictifs du MoDem au Parlement européen, et mis en examen), Ismaël Emelien, conseiller spécial au palais de l'Elysée, mais cité dans l'affaire Benalla, ou Sylvain Fort, responsabilité du pôle communication de l’Elysée, ou Patrick Strzoda (nommé chef de cabinet en mai 2017, mais mis à la retraite dès juillet 2018, suite à un 'faux témoignage' dans l'affaire des 'flashball'). Et va de nouveau se poser la question d'une démission du secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée depuis mai 2017, visé par de nouveaux soupçons de prise illégale d'intérêts dans l'affaire MSC sur le dossier STX à Saint-Nazaire.
Kohler est d'ailleurs à nouveau sur la sellette, cette fois dans l'affaire Delevoye, puisque certains pointent sa responsabilité pour n'avoir pas alerté l'entrant au gouvernement sur la nécessité de se mettre en conformité avec l'article 23 de la Constitution.

Le chapelet de couacs, bavures et "légèretés coupables" de l'exécutif sont un véritable calendrier de l'avent pour Macron. Mis sous pression après la révélation de nouvelles omissions dans sa déclaration d’intérêts, le haut-commissaire en charge de la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a finalement décidé de jeter l’éponge. Selon nos informations, l’ancien médiateur de la République a présenté sa démission, lundi 16 décembre, a-t-on appris auprès de différentes sources au sein de l’exécutif.

L’ex-chiraquien était, depuis un peu plus d’une semaine, au cœur d’une controverse qu’il a lui-même provoquée en omettant de mentionner plusieurs mandats dans sa déclaration d’intérêt à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et, surtout, en continuant d’occuper des fonctions rémunérées après son entrée au gouvernement. Un cumul interdit par l’article 23 de la Constitution.

« Il ne voulait pas gêner le gouvernement »

Ces derniers jours, l’opposition comme les syndicats s’étaient montrés très critiques vis-à-vis de Jean-Paul Delevoye. Il est « disqualifi[é] totalement », a lancé, dimanche 15 décembre, Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national. « Quand on a autant d’implication dans les assurances (…), quand on touche beaucoup d’argent dans une série d’activités, je pense qu’il n’est plus crédible », avait abondé le même jour Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, sur BFM-TV.

Selon l’Elysée, c’est « de sa propre initiative » que Jean-Paul Delevoye a décidé de partir. « Il a estimé qu’il n’était plus à même de poursuivre sa tâche. Il ne voulait pas gêner le gouvernement au moment où se déploie la réforme pour laquelle il a travaillé avec acharnement depuis deux ans », explique un proche du chef de l’Etat. Emmanuel Macron et Edouard Philippe devaient se réunir, lundi en fin de matinée à l’Elysée, pour prendre acte de cette démission et organiser la suite des événements, notamment les prochaines rencontres avec les syndicats.

Au sommet de l’Etat, on souligne avant tout « la qualité et l’ampleur de la tâche » menée par Jean-Paul Delevoye, qui a préparé la réforme des retraites depuis septembre 2017, avant de rejoindre le gouvernement deux ans plus tard. L’ex-chiraquien avait rallié très tôt Emmanuel Macron lors de la campagne électorale de l’élection présidentielle et était l’un des rares poids-lourds d’expérience dans son entourage. « C’est cruel et tragique pour lui de devoir s’effacer au moment où ses efforts arrivent à terme », estime un conseiller.

Le  casse-tête de son remplacement

Selon nos informations, M. Delevoye sera remplacé au poste de haut-commissaire chargé de la réforme des retraites, pour défendre le projet de loi devant le Parlement mais surtout continuer les négociations avec les syndicats. « La semaine est décisive, on ne peut pas attendre », concède une source au sein de l’exécutif. La nomination du nouveau responsable de la réforme doit être avalisée en conseil des ministres et le dernier de l’année se tient dans deux jours, le 18 décembre.

Le remplacement de M. Delevoye – l’un des rares à connaître la réforme dans le détail – n’a néanmoins rien d’évident. « Au gouvernement, il n’y en a pas un qui maîtrise le sujet », estime le dirigeant d’une centrale syndicale. Agnès Buzyn, la ministre des solidarités et de la santé, dont dépendait M. Delevoye, pourrait-elle le remplacer au pied levé ? « Elle a déjà beaucoup à faire sur l’hôpital, estime-t-on de source syndicale. Et puis la retraite, c’est pas son truc. »

Avant même cette annonce, Frédéric Sève, le « monsieur retraites » de la CFDT, anticipait les difficultés à venir si le départ de M. Delevoye venait à se concrétiser. « Ce que je craindrais s’il partait, c’est la dispersion de son équipe, ce serait une perte énorme », soulignait-il.


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