"C’est le premier ministre qui porte la réforme ", souligne-t-on à l’Elysée.
Le chef de l’Etat a stupéfait l'assistance vendredi quand il s'est lavé les mains de la réforme
Désemparé, mais aussi outragé,
le banquier Macron refuse de mettre les mains dans le cambouis.
Il fait l'autruche et n’a même pas évoqué la grève en cours, lors de l'hommage rendu, à Nîmes dans le Gard, aux trois sauveteurs de la sécurité civile qui se sont tués dans un accident d’hélicoptère, quatre jours plus tôt, au cours des intempéries qui ont frappé le Sud-Est.
Celui qui se plaît à répliquer qu'il assume ses erreurs considère que son rôle n'est pas de s'exprimer sur la mobilisation qui agite le pays depuis huit jours contre la réforme des retraites qu'il a lui-même initiée... Il ne veut pas savoir que les poubelles ne sont pas enlevées et s'accumulent, faisant courir un risque sanitaire à la population. Il ne sent pas davantage que sa réforme pue.
Le général Tapioca (Tintin, L'Oreille cassée) |
Mais il a bien parlé ! "Vivre pour sauver d’autres vies, c’est votre quotidien, votre honneur, je ne connais pas d’engagement plus humain", a lancé Macron, saluant "trois hommes de courage et d’honneur (…), trois héros victimes du choix si noble, si élevé, de consacrer leur existence aux secours".
L'honneur de Macron ne serait-il pas de faire face à ses responsabilités ?
"En même temps", les Français attendent que le plumage du Phénix de l'Elysée - spécialisé dans les hommages et les grandes envolées lyriques - se rapporte à son ramage. Il serait grand temps qu'il parlât clairement sur son projet de réforme : s'il est équitable, il ne peut que "faire nation", au-delà "des vagues de l’actualité". "Il n’était pas question que la famille de la sécurité civile se sente laissée pour compte", explique un conseiller de l’Elysée, pendant que les laissés pour compte de la réforme défilent dans les rues.
Macron se décharge bravement sur Philippe
Le président qui s'est affiché dans des mises en scène militaires spectaculaires joue les tire-au-flanc à l'arrière.
A charge pour Edouard Philippe, pendant ce temps-là, d’occuper le front des retraites, alors qu’une nouvelle journée de manifestations et de grève est annoncée par les syndicats mardi 10 décembre. "Dans cette séquence gouvernementale, c’est le premier ministre qui porte la réforme", se défausse l’Elysée.
Le président de la République, lui, reste assis sur son capital politique.
"Un premier ministre, ça s’use", a-t-on coutume de dire dans la majorité. Mercredi 11 décembre, c’est donc lui qui a fait les premières annonces, lors d’un discours au Conseil économique, social et environnemental (CESE).
"C’est le rôle du premier ministre. C’est normal que ce soit lui qui soit en première ligne", opine l’entourage du chef du gouvernement, puisqu'il n'a pas le choix. Vendredi, ce dernier a donc improvisé une déclaration à l’hôtel de Matignon pour essayer de faire baisser la température du chaudron social. Pas question de laisser passer le week-end sans rien dire, alors qu’une "grève importante", selon ses mots, frappe toujours le pays. Samedi et dimanche, cinq TGV sur six n'ont pas circulé et le trafic restera également "extrêmement" réduit à la RATP, a annoncé la direction de l’entreprise.
"Naissance d'un chef de guerre," titra Le Point à propos de Macron, en avril 2018...
Avec leurs frappes, "Donald Trump, Theresa May et Emmanuel Macron ont montré à la Syrie et à ses alliés russes et iraniens que le concept de ligne rouge n'est pas qu'une simple formule politique", écrivit Le Point. "Ils ont voulu prouver qu'ils assument leurs responsabilités morales et stratégiques de grandes puissances occidentales. Avec un message clair." La "ligne rouge" est aujourd'hui franchie par l'Edouard, prévient une CFDT menaçante qui se joint aux autres syndicats pour combattre la réforme, tandis que Macron rejette ses "responsabilités morales et stratégiques" face à l'ensemble des grandes centrales syndicales ouvrières.
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