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samedi 21 décembre 2019

Retraites: Blanquer promet 2.600 euros mensuel aux enseignants

"L'équivalent de 2.600 euros de pension mensuelle sera maintenu" aux enseignants
"On est à la veille d'une revalorisation historique", clame le ministre de l'Education





Les enseignants grévistes écrivent une nouvelle page de l'Histoire du mouvement social.
Blanquer avait besoin de rassurer les enseignants qui estiment être les "perdants" de la réforme des retraites. "C'est un point majeur" et "une énorme avancée," claironne Jean-Michel Blanquer en sonnant la retraite du gouvernement : après les concessions aux militaires, l'enthousiasme de Blanquer masque une déroute.
En première ligne face à la contestation de la réforme des retraites du gouvernement, le ministre de l'Education s'était invité sur France Culture vendredi 20 décembre pour publier cette promesse de nature à désamorcer la contestation des enseignants. Il promet que "l'équivalent de 2.600 euros de pensions mensuelles sera maintenu" pour les enseignants. Ce sera écrit dans la loi que nous garantissons un niveau de pension", a assuré Jean-Michel Blanquer.

"On est à la veille d'une revalorisation historique pour les professeurs en France", selon Blanquer. En fait, une annonce destinée à démobiliser les enseignants. 

Que cache cette soudaine reculade historique ?

La promesse ministérielle inquiète les enseignants : ils craignent d'être "les perdants" de la réforme et d'avoir à négocier des contreparties. Une crainte que le ministre de l'Education nationale affirme avoir anticipée: "Le cœur de la réforme des retraites, c'est le régime à points. Le premier à avoir identifié que cela pouvait poser un problème pour les enseignants, c'est moi, et je l'ai dit à Jean-Paul Delevoye. Aujourd'hui, la moyenne des retraites des enseignants, c'est 2.600 euros mensuels, c'est plutôt une bonne moyenne. C'est cela que l'on veut préserver."

Cette revalorisation "historique" ne concerne que les débuts de carrière.
Blanquer affirme que "pour la moitié la plus jeune des professeurs de France, cela va se traduire par plusieurs centaines d'euros d'augmentation mensuelles. C'est cela le schéma dans lequel nous entrons. C'est extrêmement concret et aucune profession, aujourd'hui en France, ne connaît une revalorisation pareille," Bonjour, donc, l'équité du régime universel...
"J'ai toujours reconnu qu'il fallait que nous avancions vers une augmentation de la rémunération des professeurs. Nous devons maintenant réussir ce passage qui aura lieu le 1er janvier 2021", conclut le ministre de l'Education.

Revalorisation ou entourloupe ? 
Les enseignants vont-ils prendre avant de contester les contreparties ?

Ils le savent, Macron et Blanquer lient revalorisation et redéfinition du métier. "La fonction professorale doit prendre un sens nouveau," a estimé le ministre, lors de la présentation de son budget devant la Commission de l'Education de l'Assemblée nationale, le 23 octobre 2019. Jean-Michel Blanquer a dû préciser ses intentions sur la revalorisation du métier enseignant. Il en ressort que? comme Macron, il ne conçoit pas de "revalorisation" sans une augmentation du travail enseignant.

Pour commencer, pas de revalorisation en 2020. 
Si, pour la députée LREM A-C. Lang, "les enseignants sont augmentés de 300 €; c'est incontestable", la réalité budgétaire pour 2020 est sensiblement différente et présage mal d'une véritable revalorisation. Selon BLanquer, le budget prévoit 300 millions pour le GVT (hausses de salaire liées à l'ancienneté), auxquels s'ajoutent 340 millions par application des accords PPCR signés en 2016 et retardés d'un an par le gouvernement Philippe. Il y a également 60 millions en règlement de la hausse de la prime de Rep+ (concernant les zones de renforcement de l’action pédagogique et éducative dans les écoles et établissements des territoires qui rencontrent les plus grandes difficultés sociales). Cette augmentation est la seule à mettre au crédit du gouvernement et elle est loin de représenter 300 € par enseignant.

D'après le ministre, il reste 30 millions "pour l'agenda social", c'est à dire à négocier avec les syndicats. Ils seraient destinés à une amélioration du taux d'accès à la hors classe pour les enseignants du 1er degré (le taux d'accès des professeurs des écoles est nettement inférieur à celui des enseignants du second degré, en collège ou en lycée). Aucune revalorisation de la paie des enseignants ne peut donc être budgetée pour 2020.

Heures supplémentaires et personnalisation ?
"On va se revoir avec les syndicats sur l'articulation réforme des retraites, rémunération et définition du métier enseignant", annonce le ministre. Comme Macron, le 3 octobre, il lie ainsi toute revalorisation à une redéfinition du métier. Macron avait expliqué que ce serait lié à la hausse du temps de travail et à la réduction des congés.

Le ministre de Macron ouvre deux pistes. 
D'abord, les heures supplémentaires qui permettent aux enseignants de gagner plus. Mais on sait que cela ne concerne pas les enseignants du premier degré, dont les salaires sont équivalents à ceux du second degré, depuis qu'ils ont obtenu d'être des 'professeurs' et non plus des 'instituteurs'. Ces heures ne sont pas disponibles dans toutes les disciplines. De plus, globalement, ce sont les hommes (minoritaires dans l'éducation) et les enseignants des catégories les plus diplômées (agrégés, CPGE) qui en font davantage. Autrement dit, les heures supplémentaires augmentent les inégalités dabs le corps enseignant.

Ensuite, "la fonction professorale doit prendre un sens nouveau. Cela passe par la capacité à personnaliser la carrière du professeur". Autrement dit, aux carrières ponctuées par un avancement statutaire, succéderait une "personnalisation" de la carrière, selon le "mérite", à la discrétion subjective du chef d'établissement qui définit seul ses critères. Cela sera rendu possible grâce à la loi de réforme de la fonction publique adoptée cet été qui donne de nouveaux pouvoirs à la hiérarchie immédiate. Au ministère, on parle de "gestion de proximité" des relations humaines...

La commission de l'éducation rejette les amendements.
Elle a adopté le budget 2020 en en rejetant les amendements déposés par l'opposition et quelques députés de la majorité. Ainsi, trois amendements PS demandaient le rétablissement des 440 postes supprimés dans le second degré ou la création de postes dans le 2e degré pour accueillir les 40.000 élèves supplémentaires. Un autre amendement PS en faveur de la titularisation des contractuels a été pareillement repoussé du pied.

Frédéric Reiss (LR, ancien professeur de mathématiques) et Michèle Victory (suppléante depuis 2007 d'Olivier Dussopt, PS, et professeur d'anglais) ont relevé la baisse de 3.5% des crédits de formation du 1er degré, en contradiction avec le discours ministériel, et demandé son annulation. Les deux amendements d'un montant de 30 millions ont été repoussés par la majorité. Un amendement PS prévoyant de doter chaque professeur d'un crédit formation de 100€ a été aussi rejeté.

Des députés de la majorité sont intervenus pour défendre le service médical de l'éducation nationale en pleine déliquescence du fait des salaires insuffisants. M Isaac-Sébille et Mme Bannier, Mme Descamps et MM Bournazel et Zumkeller ont demandé un million pour revaloriser les salaires des médecins scolaires, en vain. Mme Temarelle Verhaeghe et les députés PS ne demandaient que 250.000 € . Ils ne les ont pas obtenus.

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