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mardi 24 décembre 2019

Attentat sur les maisons d'un proche de Macron en Corse

Les clandestins corses revendiquent l’attentat contre les villas Ferracci à Bonifacio

Après avoir annoncé sa démilitarisation progressive en 2016, le mouvement revendique l’action contre les villas de Pierre Ferracci, un proche du président de la République. 




La proximité amicale et politique avec la famille de Pierre Ferracci. Ami intime et témoin à son mariage, le couple Marc et Sophie Ferracci, tous deux bien placé dans l’organigramme du candidat. Le père est propriétaire de deux villas illégales qui passent en justice à la Cour d'Appel de Bastia le 24 mai, comme le rappelle  H. Constanty dans Médiapart. Où sont situées ces splendides constructions (670mc chacune vue mer et piscine) réalisées sans permis de construire réel mais tacite sur un « espace remarquable » et donc dans le colimateur des militants écologistes insulaires et des tribunaux ? Où mais justement à Bonifacio sur le site de Rondinara, dont le maire J.C. Orsucci est candidat LREM à la députation dans la circonscription de la Corse-du-Sud. 
On tient alors là de quoi faire jaser le Canard Enchaîné. Hèlène Constanty sur Pierre Ferracci : "Très à l’aise dans son rôle de conseiller aux affaires corses auprès du candidat, qu’il [Ferracci] a présenté à Jean-Charles Orsucci et à Gilles Simeoni, le président autonomiste de l’exécutif de la Collectivité territoriale de Corse, Pierre Ferracci l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’évoquer ses constructions illégales dans la baie de Rondinara.

Sa société civile immobilière propriétaire du terrain, Tour de Sponsaglia, dont Pierre Ferracci, 67 ans, est le gérant depuis 2010 (statuts déclarés en 1990), a été condamnée le 8 février 2016 par le tribunal correctionnel d'Ajaccio à une amende d’un million d’euros, la peine maximale pour une infraction de ce type. Il n’a pas interjeté appel, mais les associations de protection de l’environnement U Levante et ABCDE, parties civiles au procès, l’ont fait. "Nous demandons la démolition des villas et le retour du site à l’état naturel, en application d’un principe simple, celui de la réparation intégrale du dommage,"  va plaider Benoist Busson, l’avocat des associations. 


Dans cette affaire immobilière Macron n’est pas directement concerné ce que H. Constanty ne relève pas. Côté décentralisation et territoires, lors de ses déclarations, le candidat de En Marche afficha un positionnement nettement moins jacobin et beaucoup plus girondin que ses challengers M. LePen, F.Fillon et J.L. Mélenchon : "aux collectivités territoriales, partout en France, je propose un nouveau pacte girondin. Non, la réussite de la Corse ne se décrétera pas dans un ministère parisien". Attendons de voir la suite, de visu et in vivo en Corse. Et comme le dit Edmond Simeoni : "douché par l’interview de Macron  de ce matin 11 heures sur RCFM. J’ai réagi par un texte ci-joint, afin d’éviter les illusions chez ce candidat et les désillusions chez nous."

Alors, Macron est-il trop tiède pour la Corse ?


Edmond Simeoni a réagit avec toute l’expérience d’un militant politique anticolonialiste qui compte 60 années de combats en faveur d’un territoire insulaire qui a tant subit. « Pas un mot dit E. Simeoni sur la politique, pas un mot sur peuple corse ou sur la révision possible de la Constitution, sans laquelle, l'avenir est fermé. Pas un mot sur la culture, ni sur l'évolution institutionnelle, mis à part la Collectivité Unique en cours de construction. Et aussi pas un mot sur les propositions de l'Assemblée de Corse (statut de résident, co-officialité linguistique). Il a insisté sur la RF. En somme, un discours, convenu, tiède qui nous a ramenés en 1967 et ensuite, aux propos des dirigeants français depuis cette date, mis à part François Mitterrand, Rocard, Joxe et les réformes institutionnelles, frileuses mais significatives, qu'ils ont initiées ou accompagnées."

Rondinara : une des villas de Pierre Ferracci visée par un attentat

Les clandestins du FLNC dénoncent la réponse opposée par "l'Etat français" à leur volonté d'apaisement.
Dans un communiqué reçu par les rédactions de Corse-Matin et de France 3 Corse, ce lundi 23 décembre, le FLNC dit "du 22 octobre" revendique l’attentat à l’explosif ayant provoqué des dégâts importants aux villas Ferracci, à Rondinara, sur la commune de Bonifacio, le 20 décembre dernier.

Dans ce texte de deux pages, le mouvement clandestin rappelle que « le peuple corse aspire à la paix ». Il fait un diagnostic de la situation politique de blocage entre la Corse et Paris, pointe la situation économique et sociale évoquant « la paupérisation de la société corse ».

Le "FLNC du 22 octobre", qui avait en mai 2016 annoncé au cours d’une conférence de presse dans le maquis sa démilitarisation progressive, affirme dans ce communiqué que ce choix n’est en « aucun cas un blanc-seing donné à la France ».

Expliquant que la « paix qu’ils encouragent n’est pas la paix des cimetières des peuples disparus ». « Elle n’est pas la paix de la soumission ou du diktat d’un état français omnipotent et arrogant » rappelle le mouvement qui signale « qu’il n’a pas baissé la garde ».

Le FLNC précise aussi que la paix qu’il souhaite « n’est pas non plus celle qui reposerait sur le reproche éternel de l’assassinat d’un préfet jeté systématiquement à la face de tout un peuple » allusion à peine voilée aux propos du président Emmanuel Macron tenus à Cozzano en avril dernier et lors des cérémonies d’hommage des 20 ans de la disparition du préfet Claude Erignac en janvier 2018 à Ajaccio.

Libéralisme décomplexé et résidences secondaires dans le viseur
« Nous ne voulons pas de la paix du libéralisme décomplexé » écrit le FLNC qui stigmatise le « groupe d’une cinquantaine de chefs d’entreprise qui se projettent avec une arrogance même pas feinte en propriétaire de la Corse ».

Une flèche décochée en direction du consortium, la Corsica Maritima, qui regroupe une centaine d’entreprises.
 Soutien aux associations et syndicats menacés 
Le FLNC s’appuie sur « la grogne sociale qui est à son comble », pour soutenir « les syndicats et associations fragilisées pour des raisons diverses ». Le mouvement apporte son soutien à « toutes celles et ceux qui ont eu à souffrir de menaces ».

Citant « Valincu Lindu » engagé dans le combat contre le centre de stokage des déchets de Vighjanellu 2, ; U Levante, l’association de défense de l’environnement qui a par ailleurs attaqué le permis des villas Ferracci ; et le syndicat agricole Via Campagnola; le FLNC précise « pour eux et les autres touchés qu’ils sachent que nous sommes à leur côté dans leur combat ». 

Le FLNC du 22 octobre rappelle qu'il avait également « apporté son soutien à la coalition "Pè a Corsica" aux dernières elections territoriales ». 

« La France mise sur la disparition progressive et programmée de notre peuple. Ce jour là n’est pas encore arrivé… E puru simu qui » conclut le communiqué des clandestins en signant comme de coutume par « A ragione hè a nostra forza ».
 Un contexte de tension 
Cette revendication intervient dans un contexte particulier après l’interpellation et l’incarcération ce mois-ci de militants nationalistes pour une série d’attentats non revendiqués.

Interpellation de onze militants nationalistes : la vidéo qui fait polémique.
Un contexte qui a résonné dans l’hémicycle de l’assemblée de Corse lors de la dernière session.

Gilles Simeoni, le président de l’exécutif, et Jean-Charles Orsucci, président du groupe Andà per Dumane notamment ont réagi à l’attentat commis contre les villas Ferracci et mis en garde contre la reprise des mécanismes de violence que la Corse a déjà connus par le passé.

Dans un communiqué Corsica Libera évoquait concernant cet attentat de Rondinara le fait "qu'alors que la justice française n'a pas tranché" (...) "la stratégie de divison de l'Etat semble trouver des oreilles attentives".  Notant que "depuis quelques temps ce sont des Corses qui sont systématiquement visés" .
Le mouvement indépendantiste mettait lui aussi en garde "le peuple corse contre le risque de pourrissement necessairement voulu par les services de l'Etat". 

Reste à savoir si cette communication du "FLNC du 22 Octobre" augure d’une reprise de l’activité clandestine pour s’opposer à ce que le mouvement interprète comme « une stratégie de l’état en vue de la disparition programmée du peuple corse » ou s’il s’agit seulement d’une action ponctuelle qui ne remet pas en cause le principe d’une démilitarisation progressive énoncé par ce groupe en 2016.

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