#Pasdevague: quand les "violences scolaires " cessent d'être un paravent pour les agressions contre les enseignants
Les enseignants refusent de se cacher derrière le sujet des violences scolaires
Elle ne paraît ni jeune, ni inexpérimentée; son agresseur ne paraît pas avoir seulement 15 ans et la photo ne montre pas l'énergumène qui lui fait un doigt d'honneur (comme pour Macron, à Saint-Martin) |
Ecoutons toutefois les professeurs vertueux, bien qu'ils soient souvent les mieux "couverts" contre les débordements adolescents, non seulement par leur enseignement fortement coefficienté au bac, mais aussi par le syndicat dominant et, de facto, par l'association amie de parents d'élèves.
Depuis la révélation d'une vidéo d'un élève menaçant sa professeure avec une arme factice dans un lycée de Créteil, les vannes sont ouvertes. Sur les réseaux sociaux, les enseignants dénoncent, sous le hashtag ironique #pasdevague, la sous-estimation de la violence en milieu scolaire, mise sous le boisseau par de nombreux chefs d'établissements, selon leurs témoignages, aussi avec la complicité du corps enseignant et surtout celle des syndicats. Depuis 18 heures dimanche, plus de 35.000 tweets ont été publiés sous le hashtag. Les réseaux sociaux ont du bon, mais les avis politiques et syndicaux sont mitigés...
Face aux insultes et à la violence subies, nombre d'enseignants se sentent abandonnés en rase campagne er se réfugient sur Twitter pour témoigner.
Cet élève qui, d'un coup de poing, a fait sauter 2 dents d'une de ses camarades et qui n'a pas été exclu par le conseil de discipline.— Sue Ellen (@ladivadudancing) 21 octobre 2018
C'est elle qui a changé de collège. 😯🤐#PasDeVague
#PasDeVague Il y a 8 ans, un élève m'a insultée en me menaçant du poing (un 5e qui faisait 2 têtes de +que moi). Je suis sortie de la classe en tremblant voir la principale. Sa réponse: "vous n'êtes pas assez autoritaire". J'ai ravalé mes larmes et suis retournée en classe.— Jennifer (@Jennytinkk) 21 octobre 2018
Quand une surveillante a osé demander à un élève d'arrêter de hurler en permanence, il s'est jeté sur elle l'a rouée de coups et tenté de l'étrangler.— DonaSol (@Dona_Sol) 21 octobre 2018
Il a fallu qu'une importante délégation envahisse le bureau de la principale pour obtenir un conseil de discipline #pasdevague
Des centaines d'enseignants saisissent l'occasion de l'agression avec arme d'une collègue dans une classe de Créteil pour se saisir du tabou des violences faites aux profs
Cette omerta ancienne se fissure à la suite de campagnes contre les violences faites aux femmes. L'enseignante en sciences de Créteil est-elle bonne professeure ou mauvaise, là n'est pas la question, car les élèves en situation d'échec scolaire et sans référence familiale, notamment paternelle, en sont un pour elle, comme pour les autres, singulièrement ceux du quartier, une cause essentielle de violences, hors et dans l'établissement scolaire, celui-ci et bien d'autres. Mais cette fonctionnaire est désormais devenue intéressante, au même titre que les femmes victimes de violences conjugales ou de harcèlement ici ou là. Le cas des hommes est plus compliqué, car un professeur homme peut être agressé, s'il n'est ni homosexuel, ni noir, il ne peut espérer sensibiliser à sa situation qui que ce soit, "équipe pédagogique", hiérarchie ou association, au nom d'une homophobie ou d'un racisme supposé. S'il est Blanc, l'élève noir a tout pouvoir sur lui, avec le soutien de la société entière, qu'elle reste silencieuse ou qu'elle se mobilise. Ne parlons même pas du migrant sub-saharien, oriental ou proche-oriental...
"C'est vous le problème"
"La phrase entendue par tous les profs un jour dans leur carrière, c’est 'Qu’est-ce que vous avez fait à ce jeune pour qu’il en arrive à ça?'", résume dans Le Parisien Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et des collèges (SNALC).
"On [l'administration] vous fait comprendre que c’est vous le problème, ajoute Jérémy Destenave, enseignant de SVT en Dordogne et membre du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES). Et que vous pratiquez mal votre métier si vous subissez ça."
Beaucoup de professeurs mettent ces silences sur le compte du souci de la réputation des établissements, certains qualifiant l'Education nationale d'autre "grande muette" après l'Armée.
"Cacher les incidents sous le tapis, c'est préserver la réputation de l'établissement", explique Marie-Christine dans Marianne. Malheureusement, ainsi, on donne le pouvoir aux élèves. Et nous ne sommes que plus vulnérables."
"Il existe une forme d'omerta", confirme la principale adjointe d'un collège de Seine-Saint-Denis, sous couvert d'anonymat, de peur de représailles. "Un chef d'établissement n'a rien à gagner à signaler les problèmes de son collège ou de son lycée". En clair, il a tout à y perdre.
Ne pas faire de vagues, pour ne pas indisposer la collectivité
Quand réponses il y a, ce ne sont souvent pas les bonnes, estiment d'autres enseignants: "On a eu systématiquement droit à des mesures sécuritaires", raconte par exemple une prof du lycée Suger de Saint-Denis (93), théâtre régulier de violences. Et voici les raisons idéologiques qui font que rien ne bouge.
"La formation des enseignants a énormément régressé au cours des dernières années", juge aussi Agnès Renaud, professeure de lettres au lycée Paul-Eluard à Saint-Denis. On ne lui demande pas à quel syndicat elle adhère... Or les jeunes profs sont "jetés dans le bain" des collèges difficiles. Ce qu'elle ne dit pas - et que PaSidupes a dénoncé plus haut - c'est que ces professeurs d'extrême gauche - ou simplement de gauche, tout aussi vertueuse et exemplaire - perpétuent les inégalités entre collègues d'un même établissement. Ceux qui y sont ancrés et font la pluie et le mauvais temps : ils ne voient jamais un rayon d'espoir, mais le syndicalisme idéologique n'aime pas le soleil.
Ensuite, "ça passe ou ça casse".
L'indignation suscitée a conduit le gouvernement à promettre un "plan d'actions". Un de plus ! Encore faudra-t-il qu'il ne soit pas catalogué "sécuritaire", car, l'émotion une fois retombée, la sécurité des profs peut attendre... Jean-Michel Blanquer "encourage" l'interdiction du téléphone portable dans les lycées, a-t-il dit au Parisien lundi. Un "comité stratégique" - c'est comme les "cellules psychologiques, ça donne bonne conscience - doit se réunir cette semaine pour plancher sur une série de mesures.
Les téléphones portables, non; les armes de poing, oui !
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