Pourquoi Maurel et Lienemann quittent le PS pour rejoindre Mélenchon
Macron n'avait pas les éléments pour comprendre se qui se tramait
La présence de Mélenchon à Marseille ne signifie pas qu'il y vient servir leurs intérêts |
Lorsque le président croise Jean-Luc Mélenchon, 67 ans, sur une terrasse du Vieux Port, à minuit et demi, le 8 septembre dernier, Emmanuel Macron claque la bise à celle qui accompagnait l'ancien ministre délégué (2000-2002) à l'enseignement professionnel de Jospin et qui s'est éclipsée, laissant les deux hommes poursuivre sans elle devant les caméras. Partisane du dialogue et défenseuse de la francophonie, Marie-Noëlle Lienemann glisse au chef de l’Etat : "No comment !", avant de s'esquiver.
Macron s’est fait présenter l’homme qui était avec les deux anciens ministres, et l'ex-conseiller de François Hollande a laissé entendre à Bernard Pignerol qu’il le connaissait grâce à Bertrand Delanoë. Haut fonctionnaire qui aurait pu être son secrétaire général de l'Elysée, ci-dessus à l'extrême gauche, si Mélenchon n'avait pas été éliminé au premier tour, cet ami du bateleur a en effet travaillé pour l’ancien maire de Paris.
"Mais pourquoi Lienemann était-elle là ?," aurait demandé à un proche le président, en partant.
Mélenchon/Lienemann/Pignerol, si ces trois-là finissaient la soirée ensemble, c’est parce qu’ils se connaissent depuis trente ans, qu’ils ont été des piliers de la Gauche socialiste, la mythique aile gauche du PS sous Jospin, qui hébergea les "frondeurs" du 'capitaine de pédalo', Hollande.
Or, s'ils étaient réunis ce week-end là à Marseille autour du futur candidat de l'extrême gauche à la mairie de la cité phocéenne, ce n'était pas pour envisager l'avenir des Marseillais : ils peaufinaient la nouvelle scission du Parti Socialiste. La sénatrice de Paris et son complice, l’eurodéputé Emmanuel Maurel, réunissaient leur club 'Causes Communes' et l’Insoumis y était venu leur déclarer sa passion racinienne : "Que finisse cette longue solitude pour moi d’avoir été séparé de ma famille intellectuelle et affective […] Mes amis, vous nous manquiez" !...
La longue marche solitaire de Jean-Luc Mélenchon vient donc de s'achever
Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann et leurs amis quittent le PS. Ils créent un parti, "une maison de la gauche républicaine", dit-il dans son entretien avec 'Le Monde' ce vendredi 12 octobre. Un courant au sein de LFI, comme s'ils n'avaient rien appris de leur expérience de poil à gratter au PS. Le député européen sera candidat sur la liste de 'La France insoumise' (LFI). Il faut bien vivre... Le PS perd les figures historiques de son aile gauche, ceux qui pendant de si longues années ont essayé d’ancrer ce parti dans l’antilibéralisme.
"Je n'y crois plus, c'est fini", confie Emmanuel Maurel, qui a "beaucoup réfléchi" avant de quitter ce parti auquel il a été si attaché. Mardi soir, il a bu un dernier verre avec le premier secrétaire, Olivier Faure. Mercredi il a passé une dernière tête au siège historique du PS qui a été mis en vente. Et lui qui est si heureux de sa nouvelle aventure a été un peu triste : "Je suis passé à Solférino, c’est la dernière journée, il y a des gravats, des cartons, des sacs poubelles...". Adieu Solférino. Adieu le PS. Maurel et Lienemann ont trop avalé de couleuvres, le quinquennat Hollande a achevé de les détourner de ce parti qui, même quand il est très à gauche dans l’opposition, penche à droite dans l’exercice du pouvoir. Ils préfèrent voguer vers d’autres horizons, se rapprocher de l’Insoumis, puisqu'il a le vent en poupe, nous dit-on.
Une bande de potes se retrouve
Lienemann et Mélenchon ont tellement milité ensemble qu'ils se connaissent par cœur.
Maurel et Mélenchon se connaissent aussi depuis des années et se sont toujours appréciés. Maurel était un copain d’enfance de François Delapierre, le regretté fils spirituel de Mélenchon. Et Maurel aime les livres, connaît l’Histoire, réfléchit.
"Emmanuel [le rouge] est le dernier d’une longue tradition : c’est un intellectuel socialiste, vraiment intellectuel et vraiment socialiste, lisant, pensant, avec une sensibilité esthétique. Il y a sans cesse eu chez lui une disponibilité intellectuelle, une affection à mon égard, qui m’a toujours poussé à avoir une relation affectueuse avec lui," reconnaît Jean-Luc Mélenchon.
Assis à deux rangs d’écart au Parlement Européen, ils ont toujours aimé se confronter intellectuellement, quand Mélenchon faisait le déplacement de Strasbourg. Emmanuel Maurel a d'ailleurs toujours été invité aux Amphis d’été des Insoumis. Fin août, impressionné par la force militante qu’il y voyait et alors qu’il commençait à réfléchir à quitter le PS, l’eurodéputé s’enthousiasmait : "Il y a du monde, ils débattent, ils sont heureux. On dirait la Gauche Socialiste". Assistons-nous à une reconstitution de ligue dissoute ?
De plus, pour conquérir Marseille aux municipales 2020, Mélenchon a besoin d'élargir sa base et les "frondeurs" à Hollande sont prêts à y contribuer, le temps d'un scrutin.
Pour les caméras, Mélenchon montre la voie : droit devant! Mais il a l'hôtel de ville dans le dos... :-)
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