Les populistes amènent la droite au pouvoir
Le plus grand pays d'Amérique latine a préféré la droite radicale au populisme de gauche
En dépit de la pression médiatique internationale, dont l'ensemble de la presse française, les électeurs ont rejeté le candidat du Parti des Travailleurs, celui de Lula, destitué le 31 août, et de Dilma Roussef, tous deux ex-présidents corrompus et condamnés en justice. La gauche vertueuse et démocratique a ainsi pavé le chemin du très controversé Jair Bolsonaro, qui a promis de "changer le destin du Brésil", mais que les media partisans l'ont diabolisé tout au long d'une campagne qui n'hésitait pas à le donner battu dimanche, puis vainqueur d'une élection facile... Le 7 octobre 2018, il arriva en tête du premier tour avec 46,03 %, soit un score plus important qu’annoncé par les sondages.
Quatre candidats se disputaient une place au second tour. Marina Silva, ex-ministre de l’environnement sous Lula, était, avec 12 % des intentions de vote, à égalité avec un autre candidat de gauche, Ciro Gomes. Geraldo Alckmin obtint 9 % des voix, et le potentiel remplaçant de Lula pour le Parti des travailleurs (PT), Fernando Haddad, inconnu en dehors de Sao Paulo où il a été maire, n’obtient que 6 % des voix. Mais dans cette élection incertaine, ce sont les votes blancs, nuls et indécis qui l’emportèrent avec 28 % des intentions de vote au premier tour.
Nos media, de BFMTV (Cédric Faiche) ou du service public (dont Jean-Bernard Cadier ou Fréderic Carbonne, mais aussi Fabienne Sintes et Thomas Snégaroff) à Libération ou Le Monde, en passant par Le Figaro, avaient donné à croire que Haddad rattrapait son retard, après que Bolsonaro - favori du scrutin, avec 22 % des intentions de vote au premier tour - avait failli remporter la victoire dès le premier tour au début du mois. Ils affirment que Bolsonaro sera le premier militaire à occuper la présidence depuis 1985. Le vainqueur est en effet capitaine de réserve, mais surtout député de Rio.
Candidat du Parti social-libéral (PSL), traditionnellement de centre droit, Bolsonaro, 63 ans, a été élu avec près de 58 millions de voix, soit 55,13% des suffrages, contre 44,87% à son adversaire de gauche, Fernando Haddad, à l'issue d'une campagne très tendue et extrêmement binaire. En septembre dernier, La Croix écrivait du favori : "il suscitait également un vif rejet dans une partie de l’opinion : 44 % des Brésiliens le rejettent, ce qui pourrait l’empêcher de gagner au second tour." Lors de cette campagne présidentielle de 2018, il fut d'ailleurs victime d'une tentative d’assassinat par un militant d'extrême gauche qui le blessa grièvement : sa vie fut mise en danger par un attentat au couteau (il fut poignardé à l'abdomen) à Juiz de Fora, le jeudi 6 septembre 2018.
"Sa blessure pourrait cependant l’empêcher de participer à des manifestations publiques, et peut-être même aux débats télévisés. Ses trois fils, également députés, et son colistier, devraient prendre le relais sur le terrain tandis que Jair Bolsonaro devrait apparaître dans des vidéos sur Internet," indiquait La Croix.
"Nous ne pouvons plus continuer à flirter avec le socialisme, le communisme, le populisme de gauche", a affirmé lors de son premier discours de président élu, qui prendra ses fonctions pour un mandat de quatre ans en janvier.
"Nous sommes le peuple indigné, exaspéré par la violence et la corruption. Le peuple a parlé. C'est la première fois que je me sens représenté", s'est exclamé André Luiz Lobo, chef d'entreprise noir de 38 ans.
Des feux d'artifice ont été tirés sur la plage de Barra da Tijuca, où des dizaines de milliers de partisans de Bolsonaro étaient rassemblés devant son domicile pour célébrer sa victoire. Sur la plage de Barra da Tijuca, de nombreux militants criaient aussi leur joie d'avoir défait le Parti des Travailleurs (PT) de Fernando Haddad et son mentor.
Haddad a dû remplacer l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, dans la course à la présidence. Lula était en effet incarcéré pour corruption depuis avril, tandis que sa protégée, Dilma Rousseff, destituée par le Parlement: pour minimiser l'importance des déficits publics, la présidente avait en effet signé, en 2014 et 2015, des décrets faisant supporter provisoirement à des banques publiques des milliards de réaux de dépenses engagées par son administration.
A Sao Paulo, plus grande métropole du Brésil, des milliers de partisans de Bolsonaro sont également descendus dans les rues, notamment Avenue Paulista, une des principales artères de la mégalopole.
"Le Brésil a été libéré du communisme, du communisme de Cuba et du Venezuela", a scandé Sheila Sani, 58 ans, déployant un grand drapeau du Brésil.
Des bousculades assez vives entre les deux camps ont eu lieu à Rio et une femme a été légèrement blessée dans des accrochages à Salvador de Bahia (nord-est).
Fernando Haddad n'a pas félicité son vainqueur
Dans son premier discours après l'annonce des résultats, Fernando Haddad s'est contenté de demander que ses "45 millions d'électeurs soient respectés".
"Les droits civiques, politiques, du travail et sociaux sont en jeu maintenant", a estimé le mauvais perdant. "Nous avons la responsabilité de représenter une opposition qui place les intérêts de la Nation au-dessus de tout".
Entouré de son épouse Michelle et d'un pasteur évangéliste, Jair Bolsonaro a promis que son gouvernement "défendra(it) la Constitution, la démocratie, la liberté".
"Ceci n'est ni la promesse d'un parti, ni la parole vaine d'un homme, mais c'est un serment devant Dieu", a-t-il poursuivi, répondant ainsi à la gauche radicale qui se dit démocrate et respectueuse du vote populaire, mais qui le présentent comme une menace pour la démocratie.
Le président sortant Michel Temer a en revanche salué la victoire de son successeur, annonçant que la transition entre les deux gouvernements débuterait dès lundi.
"Je viens de féliciter le président élu Jair Bolsonaro. J'ai pu percevoir son enthousiasme, non seulement quand il m'a parlé, mais aussi lorsqu'il a fait ses déclarations en faveur de l'unité du pays, de la pacification du pays, de l'harmonie du pays", a déclaré M. Temer depuis sa résidence officielle à Brasilia.
La star du football Neymar a affirmé qu'il espère que "Dieu puisse utiliser (Bolsonaro) pour aider notre pays".
Parfois caricaturé en "Trump tropical", Jair Bolsonaro a déclaré sur Twitter quelques heures après l'annonce des résultats avoir "reçu un appel du président américain, qui l'a félicité pour cette élection historique".
"Le président Trump a appelé ce soir le président élu du Brésil Bolsonaro pour le féliciter, ainsi que le peuple brésilien, pour les élections d'aujourd'hui", a déclaré Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche.
Les partisans de la gauche corrompue ne désarment pas
Dans un Brésil miné par une violence record, le marasme économique, une corruption endémique et une crise de confiance aiguë dans la classe politique, l'héritage laissé par Lula et Rousseff est lourd à porter, mais l'ancien député a réussi à s'imposer comme l'homme à poigne dont le Brésil aura besoin.
Défenseur de la famille traditionnelle - c'est un reproche -, il a reçu le soutien crucial des puissantes églises évangélistes et a indigné, par ses déclarations, une partie de la population noire, des femmes et des membres de la communauté LGBT.
La gauche radicale n'a plus que les yeux pour pleurer. Et la haine.
"Je n'ai jamais vécu une élection aussi polarisée. Je pense que c'est à cause de Bolsonaro qui est quelqu'un d'agressif, de fou. J'ai très peur", a raconté, en larmes, Renata Arruda, 41 ans, électrice de Haddad à Sao Paulo.
Même si Jair Bolsonaro a promis d'être "esclave de la Constitution", Tomaz Paoliello, professeur de Relations internationales à l'université catholique PUC de Sao Paulo, porte un jugement subjectif de militant engagé, estimant que son élection présente "de gros risques pour la démocratie".
L'internationale socialiste refuse le vote populaire
Non sans indécence, la très tendancieuse ONG Human Rights Watch - supranationale et illégitime à toute ingérence - a lancé dimanche soir un "appel urgent à protéger" la démocratie brésilienne.
En revanche, Marcio Coimbra, de l'Université presbytérienne Mackenzie, considère le Brésil dispose des garde-fous solides avec "un Parquet fort, une Cour suprême forte et un Congrès qui fonctionne", comme le démontrent les évictions de Lula et Rousseff, lesquels avaient pourtant le soutien de Human Rights Watch....
L'investiture de J. Bolsonaro à la présidence de la République fédérative du Brésil est prévue pour le 1er janvier 2019.
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