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dimanche 21 octobre 2018

Affaire Benalla : le certificat médical du manifestant brutalisé a été antidaté

Les médecins qui délivrent des certificats médicaux de complaisance, ça existe donc ?

La gentille médecin aurait accepté d'antidater un certificat

Le document daté du 11 mai aurait en réalité été établi au mois de juillet, en toute conscience, alors que la révélation du scandale des violences commises par Benalla avait paru dans les media.

C'est un document favorable à l'Elysée comme à son salarié. Le certificat médical remis à la justice par le couple de manifestants qui a déclaré avoir été blessé par Alexandre Benalla, le 1er mai 2018, serait un faux, selon les informations du dimanche 21 octobre, publiées par le JDD, propriété du Groupe Lagardère Active: info ou intox, Paris Match, Public ou Europe1, appartenant au même propriétaire, n'émettront aucun soupçon de manipulation de l'enquête.

Le médecin qui a rédigé le document aurait avoué aux policiers l'avoir antidaté, poursuit l'hebdomadaire. Objectif ? "Laisser croire que l'examen du jeune homme, Georgios Delikaris, suivait de peu son interpellation musclée par l'ex-garde du corps de Macron, durant les incidents du 1er mai à Paris", écrit le JDD.

L'objectif est de donner à croire que l'examen de Georgios Delikaris avait été effectué quelques jours après son interpellation musclée par l'ex-garde du corps de l'Elysée et filmée place de la Contrescarpe à Paris et donc d'étayer la thèse de câlins administrés par Benalla.

Le médecin assume contre sa déontologie professionnelle, mais pour "raison d'Etat" ?

Selon ce document établi par un généraliste de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) et daté du 11 mai, le médecin diagnostiquait "une cervicalgie", signalait "des traces de coups sur la poitrine et une raideur cervicale". Le 22 juillet, l'ancien intime du président Emmanuel Macron avait été mis en examen pour "violences en réunion n'ayant pas entraîné d'incapacité temporaire de travail" (ITT), sur la base des images le montrant en train de rudoyer un couple en marge d'une manifestation du 1er-Mai place de la Contrescarpe à Paris. Qualification qu'il fallait démonter : la révélation du media de Lagardère y contribue...
Hervé Gattegno, directeur de la rédaction du JDD, est -il capable de cette forfaiture ? Il a révélé plusieurs scandales, notamment politico-financiers, mais singulièrement visant la gauche (l’implication de Roland Dumas dans l’affaire Elf), la publication des carnets du général Philippe Rondot ou encore le témoignage de l’ancien directeur de cabinet de Kadhafi, Bechir Saleh.Dans le cadre de l’affaire Bettencourt, ce dernier a divulgué des enregistrements du majordome de la milliardaire, Pascal Bonnefoy, que la justice retiendra comme élément à charge contre plusieurs membres de l’entourage de Liliane Bettencourt. Poursuivi pour "atteinte à l'intimité de la vie privée", il a été relaxé le 12 janvier 2016 par le tribunal correctionnel de Bordeaux. Le médecin peut donc compter sur la reconnaissance de la justice macronienne.
Le 25 juillet, l'avocat de Georgios Delikaris et de sa compagne écrivait à la juge d'instruction pour se constituer partie civile en leurs noms et réclamer et aggravation des charges pesant sur Alexandre Benalla. L'avocat insistait alors sur "une violence grave et excessive de M. Benalla, à l'encontre de M. Delikaris", s'appuyant sur le certificat médical, soit des "constations effectuées le 11 mai, dix jours après la commission des faits poursuivis". Il avait produit à cet effet le document du médecin généraliste traitant de Georgios Delikaris, qui évaluait à six jours les ITT (interruption temporaire de travail) du jeune extrémiste.

"Je reconnais mon erreur," avoue - sereine - la généraliste

Pourtant, cette femme-médecin a affirmé aux enquêteurs ne pas avoir délivré de certificat médical le 11 mai. Mais elle fait état d'une seconde visite. "Il est venu me voir le 23 juillet en m'expliquant qu'il était impliqué dans l'affaire Benalla et que son avocat lui demandait un certificat médical. (...) Je le reçois rapidement dans l'après-midi et je lui fais le certificat que vous avez", se souvient-elle, selon des propos rapportés par le JDD. Concernant "les traces de coups sur la poitrine", maintenant elle évoque plutôt "des égratignures"

Un certificat médical sans examen, sur simple déclaration ?
"Le patient déclare avoir été victime d'une agression le 1er mai avec coups et blessures et traumatise crânien". Selon son orientation politique, cela peut suffire ! "Il me dit avoir pris plusieurs coups (pieds et matraques)", écrit le médecin dans ce certificat semblant relater un examen effectué le 11 mai, mais établi en réalité après les révélations du Monde du 18 juillet. 
"Je n'aurai jamais dû rédiger ça à la va-vite, c'était un lundi et une grosse journée pour moi. Je n'ai pas pris conscience de l'ampleur médiatique autour de mon patient. Je reconnais mon erreur", a-t-elle fait ajouter sur son procès-verbal. 

Une deuxième visite médicale, le 14 mai
Concernant les anti-inflammatoires que prenait Georgios Delikaris, présentés par l'avocat comme prescrits "face à la persistance des douleurs" dont Alexandre Benalla était le responsable, ils auraient, selon le témoignage du médecin, été prescrits le 14 mai, alors que le patient s'était présenté à son cabinet pour des douleurs au dos. Celui-ci n'établissait alors aucun lien avec les événements du 1er mai et affirmait s'être bloqué le dos la veille, précise le médecin. Sur l'arrêt de travail de six jours fourni par le médecin, il serait effectivement écrit, selon le JDD : "s'est bloqué le dos depuis hier en prenant sa douche"...


Parties civiles dans ce dossier, le couple a été auditionnés le 19 septembre par les juges d'instructions. Devant les magistrats, ils ont reconnu des jets de projectiles - une carafe d'eau et un cendrier - vers sur les CRS, à l'origine de leurs interpellations musclées. Placés en garde à vue pour ces faits, le 2 octobre, ils sont convoqués au tribunal correctionnel pour être jugés pour "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique".

Outre les violences en réunion, Alexandre Benalla est aussi mis en examen pour "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique", "port public et sans droit d'insignes réglementés", "recel de détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection" et "recel de violation du secret professionnel". Il a été interrogé pour la première fois sur le fond par les juges d'instruction le 5 octobre au tribunal de Paris.

Aucune de ces déclarations multiples et contradictoires des victimes n'est faite sous la foi du serment et passible . Les deux activistes n’avaient pas menti à la police sur leur identité, contrairement à ce qu’avait affirmé le préfet de police Michel Delpuech, directeur de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), lors de son audition le 23 juillet.
Quant à Laurent Simonin, chef d’état-major à la Préfecture de police, il avait assuré (dans des textos adressés à Alexandre Benalla) que le jeune homme avait "donné un nom bidon… celui d’un basketteur de Salonique". 

En cas de soupçon de faux témoignage, le Parquet peut être saisi par "un président de la commission ou, lorsque le rapport de la commission a été publié, à la requête du bureau de l’assemblée intéressée", comme le prévoit l’article 6 de l’ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires. Le témoin est alors passible de "cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende", comme le prévoit l’article 434-13 du Code pénal.

Les deux activistes sont en revanche tranquilles et la généraliste n'a pas grand chose à craindre de l'Ordre des médecins.
Toutefois, une première sanction pour faux témoignage est tombée en 2017, à l'encontre du pneumologue Michel Aubier, condamné à six mois de prison avec sursis et 50.000 euros d’amende, pour avoir caché aux sénateurs qu’il était payé depuis 1997 par Total, lors d’une audition parlementaire en 2015. "C’est un jugement historique et symboliquement fort. Pour la première fois en France, la justice avait condamné une personne pour "faux témoignage" devant la représentation nationale.

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