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samedi 6 octobre 2018

Macron, président ou PDG de Carrefour ?

"Macron dirige le gouvernement comme s'il était le PDG de Carrefour"

Les déboires actuels du chef de l'Etat s'expliquent par une conception trop centralisée du pouvoir... 

A l'image des chefs de grandes entreprises cotées en Bourse, analyse Benoît Meyronin, professeur à l'école de management de Grenoble.
   
Challenges - Comment expliquez-vous les déboires managériaux [sic] connus par Macron avec la démission de deux de ses ministres ?


Benoît Meyronin - Dans le cas d'Emmanuel Macron, il y a un malentendu de départ. Parce qu'il est jeune, on lui a associé une image de modernité. Il a été élu sur la promesse d'un renouvellement des pratiques politiques, que l'on ne retrouve pas dans son exercice du pouvoir. La " promesse employeur ", pour reprendre un terme du monde du travail, n'est pas tenue. 
Emmanuel Macron partage une vision assez ancienne selon laquelle le pouvoir se suffit à lui-même et garantit la fidélité de ses ministres.


Or, les démissions successives de Nicolas Hulot et Gérard Collomb, deux profils très différents, prouvent le contraire. La cause est la même : le pouvoir politique n'a plus le même pouvoir de séduction. Le culte de la haute fonction publique que l'on a sur-sacralisée, à travers notamment la figure de l'ingénieur et du fonctionnaire, est en train de disparaître. Nicolas Hulot, qui a longtemps travaillé avec la société civile, et Gérard Collomb, qui a œuvré pour le développement de sa ville de Lyon, montrent qu'il existe autre chose, de peut-être plus important que le pouvoir central. Et qu'ils ne sont pas prêts à avaler couleuvre sur couleuvre pour s'y maintenir… Emmanuel Macron n'a pas encore intégré cette donne.

A quoi ressemble la "pratique RH" d'Emmanuel Macron ?

A l'heure d'un management plus horizontal, plus participatif, Emmanuel Macron s'est enfermé dans cette conception jupitérienne du pouvoir, à l'aune de ce qu'il considérait comme l'erreur majeure de son prédécesseur, François Hollande, qui avait développé une vision plus simple, plus moderne, de " l'homme normal ". Il n'est pas dans un exercice équilibré du pouvoir, d'autant moins que son Premier ministre, Edouard Philippe, cultive sa discrétion.

Emmanuel Macron centralise énormément le pouvoir à l'image des grandes entreprises, aujourd'hui, qui sous couvert d'une organisation horizontale, concentrent le pouvoir autour de quelques personnes.
 
La comparaison peut sembler facile, mais il me fait un peu penser à Alexandre Bompard. Ce sont de jeunes gens brillants qui vont très vite, qui sont très sûrs d'eux, et qui ne ressentent pas forcément le besoin de consulter leurs salariés, concitoyens. C'est une attitude qui peut-être une qualité, dans les grandes organisations qui ont longtemps tergiversé ou au gouvernement qui a remis à plus tard certaines décisions – sur le statut des cheminots, l'ouverture à la concurrence de la RATP… Alexandre Bompard a pris des décisions stratégiques capitales, notamment pour combler le retard de Carrefour sur ses concurrents en termes de digitalisation.


Comment peut-il remédier à ses échecs successifs ?

Emmanuel Macron va être contraint d'engager le dialogue sur certains sujets qui nécessitent le débat, s'il veut être suivi. Si la réforme du statut des cheminots était assez consensuelle, il lui faudra trouver l'adhésion de ses concitoyens sur les sujets sociétaux. 

Même s'il estime que le travail de pédagogie a été entamé depuis plusieurs années, il ne pourra pas s'épargner une réflexion avec l'ensemble des acteurs politiques, pour dégager un accord. C'est un peu comme un plan de transformation d'une entreprise, il faut réussir à convaincre une majorité des salariés, on ne peut pas y aller à marche forcée.

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