POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

Free speech offers latitude but not necessarily license

lundi 6 juillet 2015

Grèce: ce que le niet communiste pourrait nous coûter, Français et Européens

Les Grecs ont voter contre l'austérité: qui ne le ferait pas ?

Leur  vote au référendum aurait été digne si les Grecs avaient assumé leurs responsabilités

Les Grecs qui ont voté Niet dansent,
mais ils vont déchanter
Leur niet aura en effet des conséquences financières et politiques sur l’avenir du pays, mais aussi sur les 17 autres de l’Union européenne

Monnaie unique, dette, communiste pourrait nou migrants...
Le peuple grec était interrogé par référendum pour savoir s'il acceptait ou non les sacrifices associé à un 3e  plan de redressement des comptes, discuté avec leurs créanciers européens. 
Et le "non" l'a emporté, puisque la question était ainsi posée qu'il aurait fallu que les Grecs soient solidaires des efforts des peuples de l'Union européenne, puisqu'ils les refusent. Le pouvoir d'extrême gauche s'y est donc refusé: il a incité le peuple grec a penser qu'il est loyal et juste, dans une collectivité, que ce soient les autres qui paient.  
Cet "oxi" ("non" en grec) signifie un rejet de la main tendue par les Européens. Or, ceux-ci ont précisé à la Grèce qu'ils ne pouvaient indéfiniment faire de nouvelles proposition. 
L'Europe entre ainsi dans une zone "inconnue", selon le terme du gouvernement français. 

Que peut-il maintenant arriver...aux finances de la Grèce?

La Grèce ne peut compter sur elle-même et a un impérieux  besoin du soutien extérieur. Le pays doit 321 milliards d'euros aux autres pays de la zone euro, au Fonds monétaire international (FMI), à la Banque centrale européenne (BCE) et à d'autres créanciers qui ont déjà beaucoup fait pour lui. Une dette représentant près de 180 % de son PIB, quand celles de l'Italie et du Portugal sont à 130 %. Athènes n'a, actuellement, pas les moyens de rembourser, seulement l'audace de lésiner sur les moyens qu'il engage. 
Mercredi, le gouvernement grec n'a pas pu honorer une échéance de 1,6 milliard d'euros au FMI. Le 20 juillet, il devra encore rembourser les 3,5 milliards qu'il doit à la BCE. Puis encore 3,4 milliards d'ici à la fin de l'année et 6,5 milliards en 2016… Une facture qui court jusqu'en 2054.

Le premier ministre Alexis Tsipras, président depuis 2012 de la Coalition de la gauche radicale (SYRIZA), a estimé qu'un "non" populaire évident (à 61% !) lui conférerait la force de négocier avec les créanciers européens vus comme des ennemis. En revenant à la table des négociations, il espère imposer à ses "partenaires", notamment à l'Allemagne, une réduction de la dette de son pays. L'objectif est d'obtenir un accord dès le lendemain du vote, a insisté son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, un homme narcissique présenté comme intelligent et courageux, mais qui s'est rendu tellement insupportable dans l'eurogroupe que ses membres n'en ont plus voulu: il a dû présenter sa démission.

Vendredi, le Premier ministre grec a réclamé une ristourne de 30 % sur sa dette, soit... 100 milliards d'euros, ainsi qu'une période de grâce de... vingt ans, consistant à imposer des taux d'intérêt encore plus bas qu'aujourd'hui – ils sont au taux plancher de 0,5 %. Le Fonds monétaire international a reconnu, jeudi, qu'il n'avait pas d'autre choix que d'étudier ce scénario jusque-là écarté. Lors du précédent plan de sauvetage, en 2011, les banques européennes avaient déjà abandonné 50 % de leurs prêts à Athènes. Elles avaient ainsi renoncé à 100 de leurs 200 milliards de créances.

Mais les dirigeants de l'Union disent être allés au bout de leurs concessions. Ils devraient voir dans le "non" un signe supplémentaire de rupture. La position de la Grèce pour négocier sa survie financière sera "considérablement affaiblie", a estimé en une litote le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "Nous ne modifierons pas notre comportement. La solidarité et l'effort vont ensemble", a prévenu Angela Merkel.

… Au maintien dans l'euro

Un "non" ouvre la voie au "Grexit" (pour Greece Exit), une sortie de la Grèce de la zone euro, à une date imprévisible. Ce cas de figure n'est prévu par aucun texte européen. En théorie, c'est la solution permettant à Athènes d'imprimer sa propre monnaie, dans les quantités qu'elle désire, pour payer les fonctionnaires et les retraités aujourd'hui menacés par la faillite du pays. Les risques d'une telle opération sont nombreux. Le recours à la planche à billets a des conséquences hyperinflationnistes probables, comme en Allemagne dans les années 1930. La dévaluation inéluctable de la nouvelle drachme face à l'euro provoquerait une flambée des produits importés, et un renchérissement de la dette extérieure – à supposer qu'elle soit remboursée.

Or, le Premier ministre Alexis Tsipras veut rester dans l'euro, comme une majorité de ses concitoyens.  Pour leur part, les autres pays de la zone n'ont aucun moyen, ni juridique, ni physique d'exclure l'un d'entre eux. L'appartenance est réputée "irréversible". De fait, on ne peut pas distinguer un euro d'un pays à l'autre. Pour l'interdire en Grèce, il faudrait empêcher la circulation des pièces et billets aux frontières, les paiements transfrontaliers entre sociétés… Impossible.

… A la France

La France encourt un risque financier, si le "non" conduisait la Grèce à ne pas rembourser ses dettes. Bien sûr, depuis Hollande, c'est l'Etat qui paie et non les Français, mais Paris a prêté 11,4 milliards d'euros en direct à Athènes. Il faut y ajouter un engagement de 31,4 milliards d'euros à travers le fonds européen créé au moment de la crise. Et les prêts de la Banque centrale européenne, soit une valeur de 30 milliards d'euros, correspondant au poids de la France dans l'institution. Au total, le coût maximal atteint environ 70 milliards d'euros, en cas de défaut complet de la Grèce, et si une recapitalisation intégrale de la BCE venait à s'imposer.

En 2012, peu avant de quitter Bercy, l'ancien ministre de l'Économie François Baroin avait chiffré l'ardoise à 50 milliards d'euros. Depuis, le robinet de la BCE n'a cessé de couler. Cette semaine, le secrétaire d'État au Budget, Christian Eckert, a rappelé qu'un défaut grec creuserait nécessairement le déficit de la France. La facture serait toutefois très étalée, l'échéancier courant jusqu'en 2054.

L'autre risque est indirect, et sans doute plus dangereux qu'une perte d'argent. C'est celui des conséquences en chaînes d'un "Grexit", susceptible non seulement de raviver la défiance des marchés financiers, qui ferait grimper les taux d'intérêt, mais aussi d'entraîner l'Europe dans un délitement et de renforcer les nationalismes.

… A la cohésion de l'Europe

Le niet des Grecs crée aujourd'hui "un risque de détricotage du projet européen", selon l'expression d'un officiel français. Allusion au nationalisme qui pourrait faire tâche d'huile dans certains pays de l'Union et, bien entendu, à l'impact d'une éventuelle sortie de la Grèce de l'UE sur le "Brexit" qui sera proposé aux électeurs britanniques l'année prochaine par David Cameron. "Personne ne souhaite que les Grecs quittent l'UE", indique le président de la Fondation Robert-Schuman, Jean-Dominique Giuliani. "Mais il sera très difficile de recoller les morceaux d'une Grèce coupée en deux où l'on pourrait finir de régler ses comptes dans la rue."

Quelles conséquences sur la gestion par la Grèce du flux migratoire qui a vu déferler plus de 50.000 migrants sur ses îles depuis le début de l'année? "Comment paieront-ils leurs gardes-côtes, leurs policiers ?", s'inquiète un conseiller ministériel français. "Ce serait donner libre cours à la corruption des forces de l'ordre par les filières d'immigration", poursuit-il. "Le risque d'un appel d'air est très sérieux", ajoute le directeur de l'Institut français des relations internationales (Ifri), Thomas Gomart, qui craint de voir se créer un couloir d'immigration incontrôlé entre la Grèce, la Macédoine et le Kosovo, où commencent à s'installer des cellules djihadistes. La géopolitique est le cadet des soucis de l'extrême gauche grecque.

Une Grèce affaiblie se tournerait-elle vers la Russie, où s'est rendu Alexis Tsipras par deux fois depuis son élection? Ce n'est pas certain, mais Vladimir Poutine pourrait exploiter cette fragilité grecque pour continuer d'enfoncer un coin dans la cohésion de l'UE. "Athènes est géographiquement à équidistance de Bruxelles et de Moscou, rappelle Thomas Gomart, et Poutine, comme Tsipras, joue sur le nationalisme, qui s'est nettement emparé de deux autres pays clés, la Hongrie et la Turquie." Quitter l'UE et donc quitter l'Otan? Ce serait pour la Russie l'occasion de renforcer ses positions en Méditerranée orientale face à la VIe flotte américaine dont le QG est en Crète. Mais compte tenu du rapport de force et de la pression américaine sur Athènes, l'OTAN "serait la dernière digue à lâcher", souligne le patron de l'Ifri, pour qui l'Europe ferait bien de "repenser géopolitiquement la Grèce sur le long terme".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):