EDF va prendre le contrôle d'une branche d'Areva
Areva en sursis
EDF va officiellement prendre le contrôle de la branche réacteurs nucléaires d'Areva. En contrepartie, elle lui versera quelque 2,7 milliards d'euros.
EDF récupérera alors la construction des réacteurs, l'assemblage des combustibles et la maintenance des centrales. Areva ne conservera que 25% de sa filiale, la moins prestigieuse.
En juillet 2011, Eric Besson avait tenu la chandelle de la réconciliation, des deux géants de la filière française.
L'ancienne patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, et le PDG d’EDF, Henri Proglio, avaient mis en scène leur réconciliation et, pour sa première sortie officielle, le tout nouveau patron d’Areva, Luc Oursel, avait reçu H. Proglio dans son usine de Chalon-Saint-Marcel (Saône-et-Loire), sous l’œil bienveillant du ministre de l’Industrie et de l’Energie, Eric Besson, qui avait mis tout son poids pour que le dégel entre les deux entreprises publiques produisent des résultats concrets. C'est en Saône-et-Loire que devaient justement être fabriquées 44 chaudières à vapeur, commande d'EDF et autre point chaud.
L’Etat faisait pression sur Proglio pour qu’une part plus grosse que prévue de ce marché à 2 milliards d’euros soit accordée à Areva, alors que ses intérêts faisaient pencher EDF vers les Japonais et les Américains, bien que Areva en ait d’autant plus eu besoin que sa situation financière était fragile (423 millions de perte opérationnelle en un an), malgré la récente augmentation de capital de 900 millions d’euros.
Greenpeace avait envenimé les relations en publiant un rapport qui assurait que l’EPR, pourtant garanti le plus sûr du monde, ne résisterait pas à un accident du type Fukushima, à cause de failles dans la conception du système d’alimentation électrique. L'incident provoqué par les écologistes supranationaux devait au final contribuer au rapprochement d'Areva et EDF.
C'est donc voilà cinq ans que les intéressés avaient déjà signé un accord technique et commercial sur l’optimisation du réacteur de troisième génération EPR, la maintenance et l’exploitation du parc nucléaire, et la gestion du combustible. Un industriel (Areva) passait un accord avec son plus gros client (EDF), qui pèse 25% de ses revenus. Oursel promettait d'"écrire" une "nouvelle page" avec son partenaire: ce grand accord stratégique EDF-Areva était réclamé par Nicolas Sarkozy dès juillet 2010.
Pour autant, la question n'était pas tranchée de l’entrée au capital de l’électricien dans la future filiale minière d’Areva, réclamée par Henri Proglio mais qu’Anne Lauvergeon refusait. Le verrou a sauté en avril 2013, quand Jean-Marc Ayrault , alors Premier ministre, la nomma à la tête d'une " commission sur l'innovation".
Recapitalisation hypothétique d'Areva
Cette opération survie ne suffira pas à combler la dette du spécialiste du nucléaire français, estimée à 7 milliards d'euros et, pour les syndicats, la survie d'Areva reste incertaine et ce dépeçage n'augure rien de bon de son avenir: "On est tous conscients : une entreprise qui a 7 milliards de dette et qui n'a que 4 milliards de carnets de commandes annuels n'est pas viable", reconnaît Pierre-Emmanuel Joly, de la CGT Areva, au micro de France 3.
De son côté, Emmanuel Macron assure en langue de bois que l'Etat "prendra ses responsabilités" : "Mais nous voulons avoir un plan de bataille du nouvel Areva", ajoute le ministre de l'Economie.
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