Le Front de gauche de Mélenchon plus dissuasif que le FN
Front National-Front de Gauche, bonnet blanc et blanc bonnet?
D’un Front à l’autre, il n’y a qu’un pas. Si l’extrême gauche cherche à minimiser les ressemblances, le FN en rit de bon coeur, d'autant que nombre de militants FN sont d’anciens communistes, trotskistes, etc... Anna Rosso-Roig, candidate du Front de gauche à Marseille aux législatives de juin dernier, n'a donc pas d'états d'âmes pour se présenter sous l'étiquette Front national aux municipales.
Candidate aux législatives en 2012 pour le Front de gauche au sud de Marseille, dans le IXe arrondissement, Anna Rosso-Roig devrait se présenter aux municipales sous les couleurs du Front national. Une belle prise pour le parti de Marine Le Pen révélée par Marsactu ces derniers jours. Un coup de marteau pour le PCF, bien que depuis plusieurs mois l'ex-candidate communiste ne dissimule plus son rejet du PCF.
"Anne Rosso-Roig s'est présentée à nous en octobre dernier, à l'occasion d'une visite de Steeve Briois", explique Stéphane Ravier, responsable du FN à Marseille. "Elle nous a dit être très attachée au volet social de notre action politique. Elle a constaté que le Front de gauche est plus tourné vers son lointain que vers son prochain", ajoute-t-il. S. Ravier se félicite de la venue au FN "d'une excellente militante" qui devrait "selon toute probabilité, être sur la liste de secteur aux prochaines municipales".
Âgée d'une quarantaine d'années, mère de deux enfants, Anna Rosso-Roig, a aussi un temps milité au PS et à la CGT. Elle a dit avoir été séduite par Marine Le Pen, "bien plus modérée que son père sous la présidence de qui, honnêtement, je n'aurais pas adhéré".
La recrue du FN avait été candidate communiste aux législatives de juin 2012 dans la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône (9e arrondissement de Marseille et une partie du 10e). C'est dans ce secteur notamment, où elle vit, (ou celui des 1er et 7e arrondissements), qu'elle pourrait se présenter aux municipales en mars 2014.
Cette catholique "de tradition", qui pratique sa foi "de plus en plus", a aussi justifié son choix par "la montée des intégristes". "Je suis respectueuse de l'islam comme religion tolérante, a-t-elle expliqué, pas lorsque cette religion veut prendre le pas sur les autres". "J'ai besoin de prier, d'aller dans les églises, a-t-elle ajouté, et je ne vois pas pourquoi aujourd'hui, dans la société, il faudrait retirer les signes visibles de notre tradition comme la Noël..."
Le président de la fédération PCF de Marseille se dit "profondément révolté par ce choix".
"On se sent trompé", indique Pierre Dharréville, mais il ne faudrait pas théoriser dessus". Selon Dharréville, le cas d'Anna Rosso-Roig est en effet "isolé, sinon unique". "Il y a une incompatibilité totale entre nos valeurs et celles du FN", insiste le responsable du PCF, qui remarque que "aujourd'hui, son discours n'a absolument rien à voir avec ce qu'il était pendant la campagne des législatives", il y a seulement un an.
Il ne faudrait pas non plus avoir la mémoire courte
En 2010, 200 parlementaires, élus ou militants, ont quitté en bloc le PCF à la veille de son 35e congrès. Des députés: Patrick Braouezec, François Asensi (Seine-Saint-Denis) ou Jacqueline Fraysse (Hauts-de-Seine); des figures du PCF comme le philosophe Lucien Sève ou Pierre Zarka, ex-directeur de "L'Humanité", l'historien du parti Roger Martelli. De simples militants aussi. Tous ont choisi de claquer la porte colectivement, estimant que "faute de renouvellement, le PC s'est replié sur lui-même; sa cohérence est aujourd'hui faite de souvenir et son poids dans l'espace public est marginal". À la dernière présidentielle, Marie-George Buffet a obtenu 1,93 % des voix.
Coup de balai sur les accusations d'opportunisme
"Elle est prête à tout pour obtenir une place", regrette le patron communiste, dénonçant "une ambition personnelle, plus qu'un véritable choix politique". "C'est un épiphénomène sur fond d'ambition personnelle. Elle n'avait manifestement pas sa place chez nous. Ce n'est pas une grande perte pour le PCF", insiste-t-on à la direction du PCF. "A force de bouffer à tous les râteliers, attention à ne pas frôler l'indigestion", ajoute-t-on plus amèrement place du Colonel-Fabien.
Sur le site d'informations locales Marsactu, Anna Rosso-Roig juge que le Front de gauche ne défend pas les valeurs traditionnelles et religieuses. Elle confie également avoir été tentée par le Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin, mais a finalement renoncé car elle le juge trop "rétrograde".
De son côté, Florian Philippot, le vice-président du Front national s'est dit réjoui par cette nouvelle recrue.
Tensions avec le Parti socialiste
Le maire de secteur, le socialiste Patrick Mennucci avait empêché Anna Rosso-Roig de déposer une gerbe devant le monument aux morts du 7e arrondissement lors de la cérémonie protocolaire de commémoration du 8 mai 1945. Accusé de "sectarisme" et de "haine des patriotes" par le FN, le député socialiste fait valoir que le dépôt de gerbes est réservé aux institutions durant le protocole et que Anna Rosso-Roig pouvait le faire après la cérémonie. Mais l'intéressée a préféré repartir avec les fleurs, commente-t-il.
L'ancienne communiste avait pu finalement déposer une gerbe au côté d'un conseiller régional frontiste au pied d'un autre monument aux morts dans le 10e arrondissement de la ville, durant la cérémonie officielle. "On donne la possibilité de le faire aux différentes sensibilités politiques et le PS dépose d'ailleurs une gerbe chaque année", explique-t-on dans l'entourage du maire de ce secteur, le député UMP Guy Teissier. Un républicain.
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