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samedi 18 mai 2013

Opposés à la réforme des retraites, les socialistes s'y mettent enfin, pour le pire

La gauche a entravé la réforme, mais en veut plus aujourd'hui 

Alors que le Conseil d'orientation des retraites liste les aménagements à apporter au dispositif mis en oeuvre par la droite, la question d'un nouveau report de l'âge légal s'impose à la gauche qui promettait de revenir aux 60 ans pour tous.
Après s'être penché sur les périls financiers à moyen et long terme du système des retraites, le Conseil d'orientation des retraites (COR) s'est intéressé aux imperfections du systême que Sarkozy a eu le courage de mettre en oeuvre, malgré les mouvements sociaux orchestrés par son opposition de gauche. Parmi les améliorations qu'il note dans un rapport rendu public mercredi figure la prise en compte dans le privé des 25 meilleures années de carrière pour calculer le salaire de référence qui désavantage les carrières courtes ou démarrées tardivement après de longues années d'études. "Le rapport fait ressortir que le système n'est plus adapté à la société d'aujourd'hui", analyse globalement Jean-Louis Malyssecrétaire national de la CFDT, en charge des retraites (outre la politique en direction des immigrés, la politique des luttes contre les discriminations et le racisme, la politique des libertés ) et ancien sidérurgiste (Usinor) proche du pouvoir socialiste.

Mais tout n'est cependant pas à jeter dans le système actuel. 
"Malgré toutes ces imperfections, le système de retraite opère bien au total une redistribution qui contribue à réduire fortement les inégalités entre retraités, au profit des femmes notamment", indique le COR dont le rapport a été commandé par Jean-Marc Ayrault, afin de pouvoir lancer la grande concertation sur "la nouvelle réforme des retraites" promise par François Hollande. Un délai qui souligne l'impréparation socialiste dont l'opposition ne laissait pas envisager l'ampleur...

Reste que corriger ces imperfections, comme le jugent nécessaire le gouvernement et les syndicats, aura un coût important et ne représentera donc que des dépenses en plus, faute de propositions du PS. "Ce n'est pas le moment de charger la barque en matière de solidarité; nous n'avons déjà pas les moyens de financer le système actuel", déplore Danièle Karniewicz, l'ex-patronne du régime d'assurance vieillesse.

Pour la spécialiste des questions de protection sociale de la CFE-CGC, ce nouveau rapport du COR - dont elle est membre - est certes utile mais inopportun après que le besoin de financement a été estimé à 20 milliards d'euros par an en 2020, tous régimes confondus. Et qu'il faut trouver comment boucher les trous pour éviter une faillite du système dans huit ans. L'urgence est même encore plus criante pour les régimes complémentaires qui puisent actuellement dans leurs réserves pour payer les pensions et dont les caisses seront bientôt vides.
Relever encore l'âge légal de départ

Or la désindexation par rapport à l'inflation des pensions, comme l'étudient les partenaires sociaux pour les retraites complémentaires et mis sur la table par Jérôme Cahuzac pour le régime de base, ne suffira pas. Sauf à augmenter les cotisations - et donc à grever la compétitivité des entreprises en renchérissant le coût du travail -, la question de la hausse de la durée d'activité devra être reposée. Comme en 2010, où le recul de deux ans de l'âge de départ résolvait, à terme, la moitié du besoin de financement. Soit 20 milliards sur les 47 nécessaires.

Le MEDEF n'a pas attendu le lancement de la consultation au printemps  -après un an de pouvoir sans partage mais une réforme sociétale - pour indiquer qu'il faut encore repousser l'âge de départ. À 63, voire 65 ans, de l'avis de Pierre Gattaz également, a même suggéré Laurence Parisot, sa présidente. 

Pas question, lui a répondu la CFDT, qui plaide pour une réforme systémique des retraites - le passage à un système par points ou comptes notionnels.
C'est tout juste si la centrale dirigée par Laurent Berger consent-elle à étudier une augmentation de la durée de cotisation - fixée à 41,5 annuités pour bénéficier d'une retraite à taux plein - pour prendre en compte l'impact de l'évolution démographique sur les comptes. Et encore, "avec précaution", précise Jean-Louis Malys. 

Quant à la CGT, elle entend privilégier les hausses de cotisation patronale et taxer les revenus du capital pour trouver les recettes nécessaires.

Les questions explosives s'accumulent
Elles seront sur la table de la consultation organisée par le gouvernement et dont les réponses devraient déboucher sur une nouvelle réforme des retraites en 2014. "Ce calendrier est déjà, en soi, une décision", a commenté lundi Michel Sapin, qui prétend être partisan de la concertation, mais qui se rappelle mieux que quiconque les positions prises par son parti en 2010 lors de la réforme Woerth. Il était alors en charge des questions… économiques.

Pour sa réforme des retraites, le gouvernement socialo-écolo va jouer sur l'allongement de la durée de cotisation plutôt que sur l'âge légal de départ, ont déclaré successivement le président François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Qu'est-ce que cela va changer pour les Français?

Ce qui va changer pour les Français


Réforme Sarkozy en novembre 2010, décret Hollande de novembre 2012, nouvelle réforme en vue pour 2013: la situation des régimes de retraites est-elle si grave?
Comparée à certains de ses voisins, la France a longtemps tardé à prendre des mesures pour endiguer les déficits des régimes, comme ce fut le cas avec L. Jospin. Jusqu'à la crise de 2008, elle fut confiante en sa démographie dynamique et pleine d'espoir dans la croissance de son économie et n'a pas prévu une telle dégradation de la situation de l'emploi. 
Le système de répartition à la française fonctionne ainsi: les cotisations des actifs paient les pensions des retraités. Or, avec de moins en moins d'actifs, en raison du chômage qui explose, et de plus en plus de retraités, le système menace de s'effondrer.

Finalement, le gouvernement va-t-il encore repousser l'âge légal de départ à la retraite fixé au départ à 62 ans par la réforme Sarkozy ?
Certes le décret de 2012, promis par le candidat Hollande, permet de continuer à partir à 60 ans avec une retraite pleine pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui ont suffisamment cotisé. Mais cela ne représente que quelques dizaines de milliers de personnes. Tous les autres resteront concernés par la réforme Sarkozy. Le départ à 62 ans s'appliquera pleinement en 2017 à ceux nés en 1955, et qui ont, bien sûr, toutes leurs annuités.

Avoir 62 ans ne suffit donc pas pour prétendre à la retraite à taux plein?
Il faut "avoir tous ses trimestres" comme on dit familièrement. C'est là qu'intervient le paramètre de la durée de cotisation, sur laquelle veut jouer le gouvernement.

Actuellement, quelle est la situation ?
Depuis dix ans et la réforme Fillon de 2003, la durée de cotisation est liée aux gains d'espérance de vie des Français. Pour chaque génération est fixée régulièrement la durée de cotisation. Pour ceux nés en 1955 et 1956, elle est de 41,5 ans, soit 166 trimestres. En gros chaque génération cotise cinq mois de plus que la précédente.

Quels sont les principaux cas de figure pour un salarié du privé ou de la Fonction publique ayant 60 ans en 2013 ?
S'il a travaillé avant 20 ans et cotisé 165 trimestres, il peut faire valoir ses droits. S'il a commencé à travailler à 24 ans, il devra attendre 2018, c'est-à-dire l'âge de 65 ans. S' il a commencé à 30 ans il devrait cotiser jusqu'à l'âge de 71 ans mais la loi Sarkozy lui permet d'avoir le taux plein à 67 ans (contre 65 ans auparavant).

On voit bien d'après cet exemple que la durée de cotisation n'est pas extensible à l'infini ?
Une étude récente du Conseil d'orientation des retraites (COR) a montré qu'en appliquant après 2020 les règles d'allongement actuelles, la durée de cotisation serait de 42 ans pour les natifs de 1962, de 44 ans pour ceux de 1989. Mais le déficit des régimes (20 milliards en 2020 si rien n'est fait) ne serait réduit que de quelques milliards en 2030.

Réforme Hollande
Par conséquent, outre le fait qu'il faudra cotiser plus longtemps et donc rester plus longtemps au travail d'autres mesures de court terme devront être prises ?
La Commission pour l'avenir des retraites doit formuler des propositions en juin, avant une concertation du gouvernement avec les syndicats après l'été.

Quand Ayrault dit "nous ne toucherons pas à l'âge légal", qu'est-ce que cela signifie ?
Qu'il prend la piste de la durée de cotisation, mais pour atteindre le même but: garder les Français plus longtemps en activité pour préserver notre système de retraite.

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