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jeudi 23 mai 2013

La cogestion de l'Éducation nationale épinglée par la Cour des comptes

Un an après, la Cour des comptes donne raison à Sarkozy

Les défaillances de l'Éducation nationale ne relèvent pas d'un manque de moyens budgétaires  
La "réussite pour tous"
est-elle une  affaire de gros sous?
Un rapport de la Cour des comptes publié ce mercredi met en cause une mauvaise organisation et une mauvaise gestion de ses professeurs.

Pour la première fois, les options de gestion des ressources humains sont rendus responsables des errements de l’Éducation nationale, observe ce rapport intitulé "Gérer les enseignants autrement", publié ce mercredi. Plus que d'un manque de moyens, l'institution souffre d'une mauvaise gestion des professeurs.
La Cour prône donc une "réforme d'ensemble" pour enrayer les "multiples dysfonctionnements" de l’Éducation nationale et la baisse des résultats des élèves et la crise de vocation des enseignants. 

Ce n’est pas le nombre d’enseignants en France qui pose problème, mais la manière dont ils sont utilisés.
"Le problème n'est pas celui du nombre d'enseignants ou d'une insuffisance des moyens" budgétaires : […] la création prévue de 60 000 postes en cinq ans "[est] vaine si elle se [fait] à règles de gestion inchangées", juge encore la Cour.

Pour le socialiste Didier Migaud, son premier président, ne pas changer ces règles, c’est participer à la "dégradation des performances du système scolaire". La France est au 18e rang (sur 34) des pays membres de l'OCDE pour la performance de ses élèves. L'impact de leur origine sociale sur leurs résultats est d’ailleurs deux fois plus important que dans les pays qui réussissent le mieux.

Le système scolaire actuel "ne parvient pas davantage à répondre aux attentes des enseignants", a ajouté Didier Migaud lors d'une conférence de presse, rappelant que "la France connaît un profond malaise enseignant et une inquiétante crise d'attractivité du métier".

La Cour a donc énuméré toute une série de recommandations pour "redéfinir" le métier d'enseignant, de la revalorisation salariale en passant par les règles de mutation des professeurs.

Recommandation 1 : revalorisation salariale
Dans le détail, elle préconise ainsi de "mieux valoriser" les enseignants recrutés à Bac+5. "Cela passe par la formation, le déroulement des carrières, les conditions de travail et la rémunération", a continué le premier président de la Cour. Selon l'Insee, sur les traitements perçus en 2009, "la rémunération nette annuelle des enseignants est inférieure de 35 % à celle d'un cadre non enseignant de la fonction publique". Selon l'OCDE, les salaires des profs français sont inférieurs à ceux de leurs homologues des pays de l'organisation en début et en milieu de carrière, et baissent depuis 1995.

Recommandation 2 : revoir les règles d'affectation des professeurs 
Elles reposent sur l'application mécanique d'un barème de points attribués en fonction de différents critères (ancienneté, situation familiale...). Didier Migaud rappelle que la première affectation de deux tiers des enseignants se fait sur des postes de remplacement ou des postes difficiles pour lesquels, au contraire, "une solide expérience pédagogique et un recrutement sur profil seraient bien plus efficaces".

Recommandation 3 : mettre en place un "forfait annuel" intégrant les heures de cours à l'ensemble des activités des enseignants (travail en équipe pédagogique, accompagnement personnalisé des élèves...). "La répartition de ce temps de service doit pouvoir être modulée en fonction du type de poste occupé et des besoins locaux des élèves", précise Didier Migaud.

Mise en cause de la cogestion corporatiste par le syndicat dominant 

 Vincent Peillon, ne peut partager le constat de mauvaise utilisation des moyens existants.
Précédent ministre de l'Education, Luc Chatel prônait l'autonomie des établissements qu'il avait étudiée en Finlande, pays qui l'a expérimenté avec succès, mais c'était un autre excès.
La question des effectifs aurait pu être désormais réglée: malgré les suppressions de postes de 16 000 postes d'enseignants et 1 500 classes qui n'ont pas rouvert à la rentrée 2011, l'école dispose en effet de bien plus de moyens qu'il y a vingt ans. Mais, par démagopgie et clientélisme, Hollande a rouvert le dossier et décidé d'alourdir -sur plusieurs générations- les charges liées à l'Education. 

Chatel pensait que l'avenir de l'école passe par un système plus déconcentré et décentralisé. 
Le principal avantage de cette ambition était de desserrer l'étau corporatiste dans lequel l'Education se trouve prisonnière. Comme dans de nombreux pays, tels la Finlande ou le Danemark, le recrutement des professeurs appartient en effet aux établissements et donc aux mairies, qui contrôleraient ainsi les personnels en plus du financement des établissements du primaire. Un pouvoir politique certes décentralisé mais actuellement détenu largement par la gauche. Pour autant, ces pays référents sont-ils mieux classés dans les évaluations internationales du fait du recrutement de leurs professeurs par les établissements? 

Luc Chatel s'aliénait les syndicats d'enseignants
lorsqu'il faisait valoir que notre système d'affectation, d'évaluation et de gestion de carrière des professeurs est archaïque. Il souhaitait comme le rapport de la Cour des Comptes à sa suite que le chef d'établissement puisse recruter lui-même ses enseignants en ciblant ses besoins et non pas en se soumettant à des tableaux d'avancement gérés par le SNUIPP (FSU).
Luc Chatel ne pouvait se satisfaire d'un système qui prévoit une inspection pédagogique en moyenne tous les cinq ans et préconisait un dispositif administratif plus moderne, plus équitable (libéré des appartenances syndicales), fondé sur des critères d'évaluation plus transparents.

Les ministres de l’Éducation ne sont pas libres et autonomes
Ils reçoivent leurs ordres des syndicats (notamment la FSU ou le SNU-ipp et le SGEN). "L'amélioration de la [co-]gestion des ressources humaines [qui  pourtant lui échappe] est indispensable. Elle n'est pas pour autant suffisante à elle seule pour améliorer d'un point de vue pédagogique notre système éducatif et des créations de postes sont aujourd'hui nécessaires pour accomplir des missions que nous souhaitons réaffirmer", maintient Vincent Peillon, otage de la toute puissante FSU. Avec Peillon, l'époque de la cogestion n'est pas révolue.
Lien PaSiDupes - " Cogestion : les ministres dirigent-ils leurs ministères ? " : La gauche s’accroche à la cogestion

Que représentent les syndicats d'enseignants ?
Ils restent un réservoir d'électeurs fidèles à la gauche (républicaine ou non, depuis la montée de SUD). Mais, au soir du 20 octobre 2011,  avec 38% de participation au lieu de 61%, la chute de la participation des enseignants aux élections professionnelles  est extrêmement brutale et pose la question de la légitimité de la représentation syndicale. Il manquait en effet 250 000 électeurs. Complot  ou non, le résultat est là.  Ce net recul écorne la légende selon laquelle le ministère de l'Education est celui où les syndicats ont une grande capacité de mobilisation lors des élections. L'ont-ils conservée sur des mots d'ordre corporatistes ?

Le ministre de l'Éducation nationale a annoncé en décembre l'ouverture d'une grande réflexion sur l'évolution du métier d'enseignant au second semestre de 2013.
La rentrée 2013 promet d'être tumultueuse...

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