Ayrault, au pied du mur
à Saint-Nazaire lundi 21 janvier,
le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait annoncé
la réorientation de 2,2 milliards d’euros du Programme d’investissements d’avenir
STX Offshore et Shipbuilding contrôle indirectement deux tiers du capital de STX France, le reste étant détenu par l'État français, mais il serait contraint à conduire un plan de désendettement lancé par sa maison-mère: des dettes, estimées à un peu plus de 900 millions d'euros.
STX France a pourtant récemment enregistré la commande d'un paquebot géant qui sera construit à Saint-Nazaire ainsi que la fabrication à Lanester de trois patrouilleurs pour le compte de Raidco Marine, une autre société morbihannaise.
Les assurances de soutien de l'État français, réitérées à plusieurs reprises ce week-end, seront-elles suffisantes à assurer l'avenir des chantiers navals de Saint-Nazaire?
Bien que l'État français, actionnaire à 33,30 % de STX France, n'en ait pas été informé officiellement, Moscovici et Montebourg l'affirment ...en choeur: l'activité de STX n'est pas "menacée."
Le gouvernement Ayrault se veut rassurant
Mais "cette annonce ajoute de l'inquiétude à l'inquiétude", explique toutefois Joël Cadoret, élu CGT de STX France.
L'arrivée d'un nouvel actionnaire a de quoi susciter des craintes parmi les salariés, les syndicats et les élus locaux. STX Offshore & Shipbuilding précise que des acheteurs potentiels se sont déjà portés candidats pour acquérir des parts de STX Europe, mais qu'il faudra attendre le second semestre pour connaître le détail des offres.
"Soit on trouve un industriel qui se diversifie, soit des gens qui cherchent à récupérer la technique, mais pas forcément le site", commente finement le député de Loire-Atlantique François de Rugy.
C'est dans cette dernière perspective que le sénateur PS de Loire-Atlantique, Yannick Vaugrenard avait mis en garde le gouvernement en avril contre une possible entrée au capital d'un concurrent italien, Fincantieri. Celui-là même qui avait soufflé in extremis aux chantiers naval, voilà un an, une commande à 600 millions d'euros pour la construction de deux paquebots… Dans un marché mondial restreint, la possibilité de ne pas trouver de candidat à la reprise de la totalité des avoirs de STX n'est pas non plus complètement exclue.
C'est dans cette dernière perspective que le sénateur PS de Loire-Atlantique, Yannick Vaugrenard avait mis en garde le gouvernement en avril contre une possible entrée au capital d'un concurrent italien, Fincantieri. Celui-là même qui avait soufflé in extremis aux chantiers naval, voilà un an, une commande à 600 millions d'euros pour la construction de deux paquebots… Dans un marché mondial restreint, la possibilité de ne pas trouver de candidat à la reprise de la totalité des avoirs de STX n'est pas non plus complètement exclue.
4 000 salariés directs et indirects ne sont pas rassurés
Dans ce contexte, les syndicats appellent l'État à nationaliser les chantiers navals, ou à tout le moins accroître la participation des Français imposables au-delà de 33 %. Une revendication qu'ils portent depuis longtemps, mais qui ne semble guère séduire le gouvernement.
Arnaud Montebourg, qui avait pourtant évoqué une nationalisation temporaire des hauts-fourneaux de Florange, est échaudé et s'est montré très réservé: "Les chantiers de Saint-Nazaire ont besoin de commandes, pas d'un nouvel actionnaire. (…) Nationaliser sans commandes ne servirait à rien", a-t-il compris samedi dans un entretien au Monde.
Quant à son homologue de l'Économie, Pierre Moscovici s'est borné à rappeler que le gouvernement serait «toujours aux côtés" des ex-chantiers de l'Atlantique, sans autre précision...
Le premier ministre, ancien maire de Nantes, "suit ce dossier personnellement", a déclaré Pierre Moscovici, ce qui n'est pas fait pour rassurer....
Forts de leurs 4000 salariés directs et indirects, dépositaires d'un savoir-faire stratégique, les chantiers navals n'ont jamais laissé l'État indifférent.
En 2008, lorsque le compatriote de Fleur Pellerin s'était emparé du site de Saint-Nazaire, l'État français avait accru sa participation de manière à obtenir une minorité de blocage.
L'appui de l'État aura aussi été décisif pour l'obtention de plusieurs contrats: ainsi de la commande de deux Mistral pour la Russie, annoncée en 2010 par Nicolas Sarkozy. Ou du méga-contrat signé en décembre avec le croisiériste Royal Caribbean International (RCI). Aux dires du directeur du site, celui-ci n'aurait pas été possible sans l'intervention de Bercy, qui a débloqué un préfinancement.
STX Offshore & Shipbuilding se désengage au moment même où le chantier naval, durement éprouvé par la crise, remontait la pente. Dans un communiqué commun, Arnaud Montebourg et Pierre Moscovici soulignent d'ailleurs la bonne santé économique du site, que les problèmes de sa maison mère ne sauraient selon eux menacer.
Les deux phares du gouvernement vont avoir l'occasion de montrer tout leur savoir-faire
Le 30 avril, Bruno Le Roux était très fier d'annoncer le dépôt de la proposition de loi socialiste sur la cession des sites rentables.
"Elle était annoncée pour juin (...) mais j'ai souhaité que nous allions vite", s'est-il félicité. Une surprenante façon de présenter les choses puisque cette loi est prête depuis ... septembre 2012. Porté, entre autres, par Guillaume Bachelay, député PS de Seine-Maritime, une proposition de loi concerne la cession des sites viables et impose aux chefs d'entreprise, l'obligation de rechercher un repreneur.
Sur BFMTV, il promet quelques jours plus tard que "cela ne prendra pas trois mois". Jean-Marc Ayrault semble alors abonder dans son sens et promet, lui aussi, un dépôt rapide.
En réalité, on va peut-être constater que c'est un peu plus compliqué que ça.
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