Le gouvernement socialiste n'échappe pas à la grève
Mercredi 29 septembre, l'Espagne a connu sa première grève générale depuis 2002, à l'appel des principaux syndicats du pays, afin de protester contre les mesures d'austérité engagées par le gouvernement du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero pour réduire le déficit budgétaire.
Ce mouvement social d'importance était organisé alors que le pays peine à sortir de la crise et qu'un actif sur cinq est au chômage, un taux record en zone euro.
Qu'elle soit qualifiée de «succès» par les syndicats ou de mobilisation «inégale» par le gouvernement, cette première grève générale en huit ans contre un gouvernement de gauche marque un tournant dans les relations syndicats-PSE.
Une centaine de manifestations ont eu lieu dans la journée contre une réforme du marché du travail déjà en vigueur. A Madrid et Barcelone, les défilés sont partis en début de soirée avec, selon les syndicats, 500 000 participants à Madrid et 400 000 à Barcelone.
100% de grévistes dans le secteur automobile
L'Union générale des Travailleurs (UGT, affiliée au Parti socialiste ouvrier espagnol) a estimé que la grève était suivie «à plus de 70%» et par plus de 10 millions de salariés dans le pays, voire à 100% dans des secteurs comme la sidérurgie, l'énergie et les services de propreté.
D'importantes perturbations
Indice de la baisse d'activité dans le pays, la consommation d'électricité a été sur la journée inférieure de 16,5% par rapport à la normale.
Dès le matin, des piquets de grève «informatifs» avaient été plantés à l'entrée des usines, les kiosques étaient fermés faute de journaux et les poubelles non ramassées. Le taux de participation a été «important dans certains secteurs comme l'automobile», «pratiquement 100%», a reconnu le ministre du Travail, Celestino Corbacho. Mais «dans la santé ou l'éducation (...) le suivi a été modéré», a-t-il souligné, notant aussi un taux de 3% dans l'hôtellerie.
Dans les transports, la participation aurait été de 21%.
Selon les chemins de fer espagnols, 80% des liaisons à grande vitesse ont été annulées. Aucun train régional ne circulait, et 25% seulement des trains de banlieue étaient en service.
Les autobus étaient très rares mercredi à Madrid, alors que le trafic était pratiquement normal dans le métro.
La compagnie aérienne espagnole Iberia prévoyait d'assurer 35% de ses vols au cours de la journée. La compagnie à bas coûts Ryanair a de son côté annoncé l'annulation de tous ses vols au départ et à destination de l'Espagne.
Selon les chemins de fer espagnols, 80% des liaisons à grande vitesse ont été annulées. Aucun train régional ne circulait, et 25% seulement des trains de banlieue étaient en service.
Le service minimum au secours des usagers
Les syndicats CCOO (proche du Parti communiste espagnol) et UGT avaient accepté de garantir des services minimum, avec par exemple au moins 20% des vols internationaux et 25% des trains de banlieue.
Le gouvernement socialiste recule
Des mesures impopulaires
Elles prévoient notamment une réduction des salaires des fonctionnaires de 5% en moyenne et un gel de la plupart des pensions en 2011. L'objectif est de réduire de 15 milliards d'euros les dépenses publiques cette année et en 2011. Des réformes ont également été adoptées pour rendre le marché du travail plus compétitif, alors que le taux de chômage atteint les 20%.
Syndicats, vent en poupe
«C'est un succès de participation et un succès démocratique», a affirmé le secrétaire général d'UGT, Candido Mendez, estimant que cette grève devrait entraîner «une rectification en profondeur de la politique du gouvernement». «Nous n'allons pas nous résigner», a assuré en écho Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire général de CCOO, car «ce qui se change avec une loi peut se modifier avec une autre loi».
Le vent a tourné pour Zapatéro
De son côté, le gouvernement a cherché à jouer la modération avec les syndicats. Ainsi, le ministre du Travail passe de la pommade et «salu(e) la responsabilité avec laquelle la grève est suivie», avec des services minimum respectés à 98,7%.
Des affrontements
En marge de la mobilisation des heurts entre policiers et grévistes se sont produits. Plus d'une vingtaine de personnes ont été blessées et la police a procédé à une soixantaine d'arrestations.
D'après le ministre du Travail, un policier a tiré des coups de semonce en l'air pour disperser des manifestants devant une usine à Getafe dans la banlieue de Madrid.
Dans le centre de Barcelone, des étudiants ont incendié une voiture de police et bloqué des rues avec des poubelles. La police a tiré des balles en caoutchouc pour les disperser, a précisé Celestino Corbacho.
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