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jeudi 21 mars 2019

Affaires Benalla : Edouard Philippe et Ferrand et la politique de la chaise vide

Le premier ministre et le président de l'Assemblée sont-ils des démocrates?

Edouard Philippe boycotte les questions au gouvernement du Sénat

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Le premier ministre a délibérément refusé de se rendre à la séance de questions au gouvernement qui se tenait ce jeudi 21 mars au Sénat. Il "a décidé de ne pas aller" aux questions au gouvernement", a clairement expliqué son entourage, au dernier moment, jeudi après-midi. "Il vient de parler à Gérard Larcher", le président du Sénat, "pour lui en donner les raisons", a précisé un conseiller à Matignon.

Plus tôt dans la journée,
la chambre haute avait décidé de saisir la justice du cas Benalla, ainsi que de plusieurs proches de Macron, soupçonnés  de faux témoignages lors de leur audition devant la commission d'enquête sénatoriale. Philippe manifestait ainsi son désaccord avec la décision des sénateurs. 

L'exécutif considère cette décision des sénateurs comme une déclaration de guerre. "Je ne suis en guerre contre personne. Pas contre l'Elysée et personne d'autre. Le sujet est d'une autre nature.
C'est simplement l'application du droit, rien que le droit, tout le droit," a expliqué le président du Sénat, Gérard Larcher.

Une entrave de Matignon au bon fonctionnement du Parlement.
En refusant de répondre aux questions des sénateurs, le méprisant premier ministre a choisi d'entraver le jeu démocratique. Plusieurs sénateurs avaient en effet prévu d'adresser leurs questions à Edouard Philippe ce mercredi et n'ont pas manqué de pointer sa bouderie. "Ma question s’adressait initialement au Premier ministre", a par exemple souligné la sénatrice PS Monique Lubin, mais aussi Jean-Marc Todeschini (PS) et Christine Bonfanti-Dossat (LR). Cette dernière n'a d'ailleurs trouvé aucune excuse au gouvernement sur sa gestion des violences annoncées de l'ultra-gauche en marge de la manifestation des Gilets jaunes samedi 16 mars, alors que la presse et les sondages à la solde de l'Elysée avait déclaré le mouvement moribond. 
Dans la dérobade de l'Edouard, il faut donc "décrypter" sa peur d'affronter les élus.

"Etes vous sûr qu’avec un tel discrédit, le ministre de l’Intérieur est encore en mesure de poursuivre sa mission place Beauvau?", a interrogé la sénatrice de Lot-et-Garonne, s'adressant à Edouard Philippe, absent.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, le ministre chargé des relations avec le Parlement Marc Fesneau ou encore le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur Laurent Nunez ont dû se succéder pour répondre à la place du chef du gouvernement défaillant lors de ces échanges, ponctués de huées. 

Griveaux y mêle la morale.
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Les socialistes Richard Ferrand et Sylvie Andrieux
Juste avant la séance, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux avait interpellé les journalistes sur un acte "politiquement bas et moralement très grave". "Ni en fait ni en droit, rien n'est fondé dans la décision qui a été prise ce matin," a jugé le porte-parole avant d'entrer dans l'hémicycle et le Sénat s'est transformé, selon lui, "en tribunal politique". Or, contrairement aux dires de Griveaux, les sénateurs s'en remettent à la justice qu'il invite à se prononcer. "Dans la période, le rôle du Sénat, ça n'est pas d'affaiblir, de diviser et de faire en sorte que le pays ne retrouve pas l'unité nationale dont nous avons tant besoin.", a polémiqué le membre de l'exécutif.

Le chef de file des sénateurs LREM dénonce un ...complot.
François Patriat n'a pas hésité, quant à lui, à fustiger la volonté manifeste d'une alliance des socialistes et des Républicains de mettre à mal l'exécutif. Et de soupçonner, petitement, du haut de son mètre soixante, une volonté de se venger d'une défaite électorale qu'ils n'ont jamais acceptée.

Le bon fonctionnement de l'Elysée est en cause.
Des élus du parti du président ont également manifesté leur désaccord avec l'annonce des sénateurs. Bien dans son rôle de courroie de transmission, le chef de file de La République en marche (LREM), Stanislas Guerini, y a vu "un procès politique contre l'Elysée". Pour le député, les sénateurs "cherchent évidemment à servir leur intention cachée : attaquer le président de la République", a-t-il déclaré.

L'exécutif macronien dénie au Sénat le pouvoir d'exercer librement son droit  constitutionnel de contrôle.
Le Sénat peut en effet créer une commission d’enquête sur des faits ayant donné lieu à des poursuites judiciaires et aussi longtemps que ces poursuites sont en cours. Si une commission a déjà été créée, sa mission prend fin dès l’ouverture d'une information judiciaire relative aux faits sur lesquels elle est chargée d’enquêter.

Jeudi matin, le Sénat a saisi la justice du cas d'Alexandre Benalla, cet ancien collaborateur d'Emmanuel Macron mis en examen pour des violences lors de la manifestation parisienne du 1er mai, ainsi que trois hauts responsables de la présidence. Benalla, son acolyte Vincent Crase et le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, sont soupçonnés d'avoir menti sous serment, un délit passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.

Les deux autres responsables également  mis en cause par la procédure du Sénat sont le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, et le général Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence. Le Sénat a relevé des "incohérences" et des "contradictions" dans leurs déclarations face à la commission d'enquête sénatoriale, dont l'objectif était de faire la lumière sur le rôle d'Alexandre Benalla à l'Elysée.

Les sénateurs doivent-ils demander l'autorisation d'exercer leurs droits?
"Il n'y a aucune déclaration de guerre; ce n'est pas nous qui avons demandé aux collaborateurs de l'Elysée de mentir, nous en étions même très gênés," a répondu le sénateur Les Républicains François Grosdidier, membre de la commission d'enquête.
"Nous ne sommes pas la justice et nous ne sommes pas dans une question politique mais dans le cadre de la Constitution qui confère au Parlement un pouvoir de contrôle du gouvernement," a dû rappeler le co-rapporteur PS Jean-Pierre Sueur.

Télescopage de l'actualité, Alexandre Benalla a écopé mercredi soir de nouvelles mises en examen concernant d'autres faits de violences en marge du défilé parisien du 1er-Mai et pour l'épisode du selfie le montrant avec une arme.
Le président LREM de l'Assemblée boude le président LR du Sénat

Richard Ferrand a boycotté une conférence commune avec son homologue Gérard Larcher 
prévue vendredi à Sciences Po LilleIls devaient y expliquer ensemble "le fonctionnement des ...institutions parlementaires, à un moment où elles sont parfois questionnées", selon le communiqué.
"Prenant acte de la décision du Bureau du Sénat d’utiliser les fonctions de contrôle parlementaire à des fins politiciennesselon le communiqué de ses services, le Président de l’Assemblée nationale estime que ce choix empêche la tenue de ce débat républicain avec des étudiants, considérant que l’on ne peut simultanément abaisser et promouvoir le Parlement", ont estimé les totalitaires.

Les sénateurs ne sont pas à la botte de l'exécutif: un rappel salutaire adressé à leurs collègues députés de la majorité...
"C'est une victoire pour la démocratie," s'est enthousiasmée la sénatrice écologiste Esther Benbassa. 
"Le Sénat ne s'est pas couché," a commenté Eric Bocquet (CRCE, à majorité communiste).
Le chef de file des députés LR, Christian Jacob, a observé "qu'il va devenir compliqué que les collaborateurs du président visés puissent rester à leur poste".
"Savoir que le Sénat n'est pas à la botte du pouvoir devrait plutôt rassurer nos concitoyens," s'est quant à lui félicité Patrick Kanner, le chef de file des sénateurs PS.

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