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mardi 26 mars 2019

Européennes 2019 : l'écologiste EELV Pascal Canfin sera n°2 de la liste LREM

Ex-CFDT passé par 'Nouvelle Donne', cet arriviste aux convictions flexibles a tourné casaque

Pascal Canfin s'assure 8.484,05 € brut mensuel pendant 5 ans que ne lui garantit ni EELV, ni WWF France

Le climat est malsain chez le "panda", au moins depuis la gouvernance de la navigatrice Isabelle Autissier, poussée à la démission par les salariés français du World Wildlife Fund (WWF) où "les valeurs qu’on défend sont totalement bafouées", explique un salarié. Or, Canfin qui était directeur exécutif sous sa présidence n'y a ni brillé non plus, ni trouvé la sécurité de l'emploi : le 'turn over' y est de plus de 25% par an. 

Canfin a fait son entrée dans la vie professionnelle comme chargé de mission à la CFDT, avant de devenir journaliste à Alternatives économiques (régulationnistes, voire étatistes) où il suivait les questions de consommation responsable. Comme eurodéputé EELV au lendemain de la crise de 2008, sa matière était les marchés financiers, fonds spéculatifs – et alternatifs. La puissance des lobbyings qui règnent à Strasbourg l’a incité à participer au lancement de l’ONG spécialisée Finance Watch. Aujourd’hui, Pascal Canfin conseille le cercle de réflexion américain World Resources Institute et a coprésidé la commission pour les financements innovants en faveur du climat, mise en place pour préparer la COP21. On sait quel impact elle n'a pas eu... Il habite en banlieue parisienne et se fournit en énergie chez Enercoop, qui développement des énergies renouvelables en France, concurrent d'Engie, établissement public.

Canfin a quitté WWF France après seulement trois années

Au lendemain de ce départ prématuré, il a accepté d'être numéro deux sur la liste LREM aux élections européennes. L'ONG avait annoncé lundi que l'ex-ministre écologiste délégué au développement de Jean-Marc Ayrault (2012-2014) avait décidé de quitter son poste de directeur général du WWF France.
"Les échanges que j'ai eus depuis dix jours avec le président de la République m'ont apporté les assurances nécessaires pour qu'aujourd'hui je prenne cette décision", déclare ce quadra dans une entretien avec Le Monde en ligne, publié mardi.
La liste sera dirigée par la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, qui s'apprête à quitter ses fonctions pour "mener le combat" du parti d'Emmanuel Macron aux européennes, a-t-on appris lundi. Sa contre-performance face à Marine Le Pen n'aura donc pas pesé sur la décision de l'Elysée. La numéro 1 sera tête de liste sans avoir jamais été euro-députée : elle n'a d'ailleurs jamais exercé aucune fonction élective. Mais n'a-t-elle pas déjà été directrice de l'ENA sans en être elle-même diplômée ? Avant d'être ministre, cette haut-fonctionnaire du Quai d'Orsay de 54 ans, née Ducoulombier, nom sous lequel elle fut candidate IDE, aura été membre du cabinet du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, en 1993.

"L'écologie sera l'axe majeur, premier et transversal du projet" de LREM

Ceux qui n'ont pas voulu de la place
Pour compenser le choix de Loiseau, il fallait une "personnalité qui pèse".
Ca ne pouvait donc pas être Pascal Canfin. En novembre, on évoquait plutôt les noms des ministres Marlène Schiappa ou Brune Poirson, celui du premier ministre Edouard Philippe - pour ceux qui lui veulent du mal, disaient certains - ; ou encore celui du journaliste Bernard Guetta. "Si on me propose [de figurer sur la liste], je verrai bien. J'y réfléchirai… Ce sera un dilemme", expliquait récemment au Monde celui qui a quitté France Inter cet été. D'autres ont déjà fait acte de candidature pour être dans les 79 candidats sélectionnés : c'est le cas de Mao Peninou, ex-adjoint à la mairie de Paris en charge de la propreté, et Henri Brichart, numéro 2 de la FNSEA.
De son côté, Daniel Cohn-Bendit a bien vite affirmé qu'il "ne serait pas sur la liste LREM". "Je ne suis pas tenté. Ce n'est pas dans mon plan de vie, j'aurai 74 ans, plus cinq ans, ça ferait à la fin 79 ans", indiquait-il en octobre sur France Info. Idem pour François Bayrou. Quant à Alain Juppé, il avait affirmé "ne pas avoir envie de [se] relancer dans le combat électoral".
"Un grand nombre de responsables politiques n'ont pas envie d'aller à Bruxelles. Les européennes ont souvent été considérées comme des élections de second plan, de Ligue 2. Il faut rompre avec cela", affiche un cadre du parti, pour qui la liste constituée par LREM devra regrouper "des personnalités qui pèsent" et des "experts", et "être un moment de consolidation du socle de la majorité".

Quid de Gilles Boyer, conseiller de Matignon?
Conseiller d'Edouard Philippe à Matignon, qui faisait partie des juppéistes mais battu lors des élections législatives de 2017 dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine. Or, dès le lancement de la campagne en mars dernier, Christophe Castaner l'avait assuré : il n'y aura "pas de recyclage de candidats qui ont perdu aux législatives". A En marche!, on préparait déjà la sortie… au cas où.

Pour justifier ce nouveau pas de la gauche radicale vers le centre, Canfin assure qu'il croit aux sincères "assurances" exprimées par le président.
"Les personnalités au profil et aux compétences écologistes seront nombreuses à être en position éligible sur la liste, assure P. Canfin. S'il s'agissait juste d'avoir un nom, le mien, en deuxième de liste, sans que cela n'entraîne un choix collectif, ça n'aurait eu aucun sens".
"Les Verts allemands ont salué la lettre sur l'Europe qui présente le projet européen d'Emmanuel Macron. En m'engageant sur ce projet, je ne vois pas en quoi je trahirais les idéaux qui sont les miens. Au contraire, j'essaye de les rendre possibles", ajoute le directeur sortant du WWF France, interrogé sur les risques que les écologistes, notamment EELV, crient à la trahison.

Ce que contestent ses ex-camarades verts.
La présence de Canfin sur la liste pro-Macron divise la galaxie "verte" comme l'illustrent les trajectoires opposées de l'ex-ministre et de Yannick Jadot, tête de liste d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Les deux hommes, élus au Parlement européen sous les couleurs d'EELV en 2009, ont fait des choix aux antipodes dix ans plus tard : celui de rejoindre la liste présidentielle, en deuxième position, pour l'un, de faire le réquisitoire de la politique écologique du gouvernement pour l'autre. "Les personnalités au profil et aux compétences écologistes seront nombreuses à être en position éligible sur la liste", justifie-t-il dans une interview au Monde publiée mardi. "Le deuxième élément, c'est que l'écologie sera l'axe majeur, premier et transversal du projet."
"Il est évident que les écologistes doivent être partout" pour avoir une chance de "gagner la bataille climatique", ajoute l'ex-ministre délégué de Hollande.

Canfin était une proie facile
Pascal Canfin avait décliné de précédentes propositions d'Emmanuel Macron, notamment lorsque le chef de l'Etat cherchait un remplaçant à Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologie, en septembre 2018.
Six mois plus tard, son choix de rejoindre la liste La République en marche (LRem)-MoDem, dans l'ombre de Nathalie Loiseau, consterne certains écologistes qui lui ont fait confiance à EELV lorsque le parti avait encore le vent en poupe.  Ce temps-là est révolu : à deux mois, jour pour jour, du scrutin, les écologistes sont crédités de 7,5% des intentions de vote, selon un sondage Ifop-Fiducial, une commande de plusieurs oligarques médiatiques, Paris Match (groupe Lagardère), CNews (groupe Canal+ de Bolloré) et Sud Radio (de Fiducial Médias - la boucle est bouclée-, sachant que son propriétaire, Christian Latouche, a logé sa fortune dans un réseau de sociétés immatriculées aux Pays-Bas et au Luxembourg, paradis fiscal, rapporte Mediapart, et que Latouche est classé à l'extrême droite). Le score d'EELV publié lundi encore loin des 15% espérés par Yannick Jadot qui voit double.

"J'avoue que je ne comprends pas, ça m'attriste", a déclaré mardi Yannick Jadot. Le chef de file des écologistes, qui fait le pari de l'indépendance vis-à-vis du reste de la gauche, a critiqué sur France Inter une "liste fourre-tout", qui pourrait accueillir le président des Jeunes agriculteurs (JA), Jérémy Decerle.

Le secrétaire national d'EELV,  David Cormand, se dit même "écoeuré" par la décision de Pascal Canfin, dénonçant lundi "une capitulation en rase campagne".

Pascal Canfin suit le même chemin que le soixante-huitard Daniel Cohn-Benditinterlocuteur régulier d'Emmanuel Macron, et de l'ancien secrétaire national d'EELV (juin 2012-novembre 2013) d'EELV, Pascal Durand, qui a annoncé au début du mois sa candidature sur la liste LRem-MoDem.

L'essentiel de la liste conduite par Nathalie Loiseau, bientôt ex-ministre des Affaires européennes, doit être annoncé ce mardi après-midi.

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