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dimanche 17 mars 2019

Acte XVIII des gilets jaunes : le mépris de Macron a poussé les mécontents à bout, à Paris

Le "grand débat" a exclu les Gilets jaunes et, ce samedi 16 mars, les mécontents ont débattu dans la violence avec la police

"C’est pire que le 1er décembre. Mais Macron ne veut rien entendre"

Des "gilets jaunes" défilent sur les Champs-Élysées à Paris samedi 9 mars 2019
Quelques 10.000 gilets jaunes ont convergé sur la capitale ce samedi pour marquer le quatrième mois de crise sociale contre la fiscalité et pour la défense du pouvoir d'achat. Au lendemain du vote de la loi "anti-casseurs" vécue comme une loi anti-manifestations, de nombreux casseurs, infiltrés dans les rangs des Gilets jaunes ont tenté de prendre d'assaut l'Arc de Triomphe. Repoussés par les forces de l'ordre, des éléments radicaux ont saccagé, pillé et incendié une partie des Champs-Elysées.

Certains avaient lancé un "ultimatum" à Macron qui était donc prévenu, mais qui a choisi d'aller passer le week-end à la montagne. La journée devait pourtant être "historique", puisque ce 18e samedi de manifestation marquait un anniversaire, celui des quatre premiers mois de mobilisation, les macroniens, tel Libération (propriété de Patrick Drahi - président-fondateur du consortium luxembourgeois Altice, propriétaire de BFM) et Laurent Joffrin, s'entêtant toutefois à n'y rien voir d'autre que la fin du grand débat, bien que Macron ait annoncé sa volonté de le faire durer encore deux semaine, une rallonge à sa pré-campagne des Européennes.
 
Dans différents points de la capitale, rendez-vous était donné dès 10 heures. De son côté, la préfecture de police avait confié qu'elle se préparait à une journée mouvementée. 5.000 gendarmes et policiers avait été mobilisés, notamment pour tenir a un périmètre autour des institutions. Des effectifs qui équivalaient à près d'un policier et demi par manifestant, puisque le samedi précédent les chiffres officiels de participation avaient été estimés à 3.000 dans Paris, selon le ministère de l'Intérieur, avant que Castaner n'aille faire la bamboula en discothèque (lien PaSiDupes) et alors que Macron se faisait photographier sur les pistes de ski de La Mongie (lien PaSiDupes)

A 10h10 précises, plusieurs centaines de manifestants se mettent en marche du parvis de la gare du Nord en direction des Champs-Elysées. Des chants hostiles à Macron sont entonnés. Le défilé se hérisse de pancartes et les riverains suivent la scène. Rue de Maubeuge, la circulation n’est pas encore coupée. Laurent, la quarantaine avancée, allume sa caméra. Après toutes ces semaines, c’est sa première manifestation pour la sauvegarde de son pouvoir d'achat. "J’ai senti qu’il fallait que je me bouge. Que je sois là." 

Le même jour, mais dans quelques heures, la "marche du siècle" pour le climat doit s’élancer du Trocadéro et rejoindre République. "Nos revendications se rejoignent ! Si Nicolas Hulot est parti du gouvernement, c’est bien parce que Macron n’en a rien à faire de l’écologie. Il faut que tout le monde rejoigne le mouvement. Cheminots, profs, aides soignants," explique ce militant, sans admettre que Hulot est un paresseux. Son ami Mohamed dénonce lui cette "société de la concurrence. Car il faut aller vers le partage. Lorsque j’étais à l’école on me disait que si je travaillais mal je finirai [finirais] maçon. Mais qu’est-ce que ça veut dire ça ?! On veut juste manger, se laver et vivre dignement." En France, on ne peut donc pas se laver, il fallait le savoir ! Espérons que Libération n'est pas davantage lu à l'étranger qu'en France...

En passant devant un rassemblement du PCF, le cortège jaune reprend en chœur "l’Internationale" chantée par les militants communistes. Ils échangent dans une ambiance bon enfant et se promettent de se rejoindre dans la journée. Laurent Joffrin suggère-t-il que les manifestants ne sont plus d'extrême droite?... 
En moins d’une heure, ils se retrouvent sur l’avenue des Champs-Elysées, qui se passe petit à petit au jaune fluo. Place de l’Etoile, des affrontements particulièrement tendus éclatent. De nombreux manifestants rebroussent chemin, les yeux rouges et en larmes. "Ca gazouille, ça gazouille, mais on s’en bat les couilles", hurle un manifestant. En fin de matinée, les différents cortèges de la capitale se sont rejoints, sous des tonnerres d’applaudissements et de sifflets.

Les internationalistes anarcho-révolutionnaires ne perdent pas de temps

Paris le 16 février 2019. Manifestations Gilets jaunes. Champs-Elysées
Le gilet jaune ne fait pas le casseur
Le bas de "la plus belle avenue du monde" est entièrement quadrillé par les forces de l’ordre: pour barrer l'accès au palais de l'Elysée dont le locataire est au ski... Des anarchistes lancent plusieurs assauts sur l’Arc de Triomphe pour reprendre le monument, comme le 1er décembre. Les charges répétées des forces de l’ordre créent des ressacs de manifestants. Des barricades sont dressées et mises en feu. 
Pendant ce temps, les anti-capitalistes ont entrepris le saccage des boutiques. Au croisement de la rue Galilée et de l’avenue des Champs-Elysées, le magasin de luxe Hugo Boss est pillé. Chaque commerce est visé par des groupuscules d'ultras organisés et aguerris. Sur le trottoir d’en face, ce sont les grilles de chez Swarovski qui ont cédé. Des dizaines de casseurs pénètrent à l’intérieur devant une foule compacte et déterminée. "C’est cristal pour tous," commente pourtant Ismaël Halissat et Charles Delouche dans Libération, sans que leurs lecteurs ne discernent aucune incohérence. Les coffrets et les boîtes de bijoux volent dans le ciel. Puis c'est au tour de la boutique Nespresso. Clément, gilet jaune et brassard sécurité au bras, barre ce qu’il reste de l’entrée de la boutique. "Ils y sont allés à la scie, à la tronçonneuse… J’empêche ce qu’il reste d’être volé, déplore-t-il. C’est très chaud aujourd’hui."

En réponse aux actes de vandalisme et aux affrontements, mais en langue de bois, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a promis "la plus grande fermeté" contre les "professionnels de la casse et du désordre" à Paris. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a, quant lui, aboyé derrière lui qu’il n’y aura "ni excuse, ni faiblesse". 
Pendant que les Champs brûlent, le Premier ministre Edouard Philippe apparaît soudain en contrebas de l’avenue. Tandis qu’Emmanuel Macron fait du ski dans les Hautes-Pyrénées, lui est venu apporter son soutien aux forces de l’ordre (tant pis pour les commerçants!) et réaffirme que "ceux qui excusent ou qui encouragent" de tels actes s’en rendent "complices". Il s’entretient avec plusieurs responsables policiers. L’un d’eux lui raconte l’intervention sur les Champs-Elysées dans la matinée : "On s’est fait charger de partout." Quand le Premier ministre l’invite à comparer cette journée à celle du 1er décembre, qui avait connu un déchaînement de violences, le policier lui répond : "On a ramassé pareil, on aurait pu perdre du monde". Et le préfet de police a-t-il mieux rempli sa mission ?

Le Fouquet's hier conspué, aujourd'hui plaint

Dans l’après-midi, la mise à sac des magasins se poursuit, "progressivement et méthodiquement", selon Libération. La tente du Fouquet’s, brasserie de luxe pourtant déjà pillée plus tôt dans la journée, est maintenant en flamme, sans aucune anticipation de la préfecture de police. Son mobilier est utilisé pour alimenter les divers feux ou pour servir de table à des manifestants qui font mine de casser la croûte, ticket-restaurant en main. 
Des anti-libéraux ont également embrasé une banque du boulevard Roosevelt, provoquant un gros incendie dans un immeuble (onze blessés légers). 

Les affrontements se font de plus en plus violents et les forces de l’ordre n’hésitent pas à répliquer aux jets de pavés par des tirs de LBD, approuve Libération. L’Arc de Triomphe se distingue à peine tant le nuage de gaz lacrymogène est dense. Les vitrines ont toutes volé en éclat. Chez Lacoste, des mannequins d'exposition servent à défoncer des vitres. "Les cintres sont éparpillés un peu partout sur le trottoir," preuve de la violence des activistes...

Sur la chaussée, "de nombreuses barricades s’embrasent" (ou sont enflammées). Des feux de poubelles partent sur divers trottoirs, un détail quand il s'agit de colère estudiantine. Les vents violents du jour ramènent les gaz lacrymogènes vers la foule pacifique nassée au milieu de l’avenue.
 
Trois kiosques à journaux sont également incendiés par des casseurs. Des symboles forts de la défiance populaire envers la presse, non seulement acquise au pouvoir, mais militante et critique des Français en lutte pour la défense de leur pouvoir d'achat, dès l'origine du mouvement: ces salariés d'hommes d'affaires étrangers au monde de l'information, comme les entreprises commerciales de sondage, collaborent au pouvoir au côté des annonceurs, contre leurs auditeurs et leurs clients.
 
Autre incongruité, une nuée de papiers journaux en cendres se répand dans le ciel, tandis qu'ailleurs dans Paris se déroule la "marche du siècle" pour le climat... Les alarmes des magasins vandalisés retentissent dans la rue. Les batteries des trottinettes électriques balancées dans les foyers explosent. Pour certains badauds et touristes, ces scènes de fureur méritent d'être immortalisées par leurs smartphones. En vacances à Paris, trois Américains sont effarés. "A la télévision ils ont dit que le mouvement s’essouffle. J’ai voulu voir de mes propres yeux," commente l'un d'eux, narquois.  A son côté, son pote n’en revient pas. "This is wild, man !" 
Devant les kiosques en flammes, une vieille dame baisse la tête. "C’est malheureux…" déplore-t-elle. Auprès d'elle, une jeune femme sort de la cohue, le visage rougi de gaz lacrymogène. "C’est pire que le 1er décembre. Mais Macron ne veut rien entendre ! Jusqu’où va-t-il falloir aller pour qu’on nous écoute ?"

A 18 heures 50, les Champs-Elysées ont été évacués. 
L'heure est aux comptes, s'ils ont un sens... 192 personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police. Le bilan provisoire fait état de 42 manifestants pris en charge par les services de secours et 17 du côté des forces de l'ordre. Selon le ministère de l’Intérieur, 10.000 gilets jaunes ont manifesté samedi à Paris, soit quatre fois plus que les 2.800 comptabilisés une semaine plus tôt : la manipulation des chiffres a un effet boomerang que le noctambule de Beauvau n'a pas prévu. 
Mais trois fois moins que les pro-climats de la marche du siècle, comparaison malheureuse de Libération, sachant que ces manifestants-là dénonçaient l'inaction des gouvernements... Le nombre des mécontents dans Paris samedi atteignait donc plus de 40.000.... 

Face à ce regain annoncé de violence exacerbée par la publication de photos sur les réseaux sociaux montrant le "président des riches" prenant la pose au soleil et en tenue de moniteur de ski - que les chaînes d’info n'ont pu occulter - des photos montrant le "président des riches"  au soleil  – Emmanuel Macron s'est résolu à quitter la station de ski de La Mongie, où il devait passer le week-end, de jeudi soir à dimanche, pour rentrer à Paris. "Le président de la République rentre ce soir" à l’Elysée, a laconiquement annoncé samedi la présidence, sans plus de précisions.

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