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dimanche 31 mars 2019

Nathalie Loiseau a laissé en vrac les comptes de l'ENA

La cheffe de file de la liste présidentielle aux Européennes n'était déjà pas une affaire à la tête de l'ENA 

La meilleure d'entre eux pour le Parlement de Strasbourg
, selon Macron,  a laissé  l’ENA dans le rouge

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Ecole Nationale d'Administration à Strasbourg :
ouverte sur le monde réel ?
Ce n'est pas non plus  à l'ENA que les technocrates peuvent apprendre à gérer.
L'état de la comptabilité et le bilan social 2017 de la prestigieuse Ecole nationale d’administration jette un doute sur la compétence de sa directrice (2012-2017), Nathalie Loiseau, dont Macron s'efforce de se débarrasser en la retournant à l'expéditeur, son colombier strasbourgeois (Loiseau est née Ducoulombier), après l'avoir promue en juin 2017 ministre chargée des Affaires européennes. L’établissement, qu'elle a dirigé pendant cinq années et qui formate l’élite dirigeante de la nation, accuse un grave déficit.

C’est, dit-on, la fabrique à hauts fonctionnaires, voire à présidents, ce qui ne contribue pas à sa renommée : Giscard, Chirac, Hollande et Macron en sont sortis, mais Mitterrand et Sarkozy n'y sont pas passés. Quant à Loiseau, elle y a niché, comme le coucou, sans y avoir jamais été admise, mais n'a laissé que des dettes au nid.  

A l’Ecole nationale d’administration, les voyants financiers sont au rouge.
Depuis 2005, la totalité de la scolarité de l’ENA est organisée à Strasbourg
Loiseau a laissé l'ardoise à son successeur. La masse salariale pèse lourd. Les nouvelles missions imposées par l’Etat coûtent cher, alors que la subvention publique stagne. Et les trésoriers de l’école peinent à se faire payer les factures des prestations que l’ENA propose. Loiseau a pris son envol avant d'entreprendre la réforme nécessaire à l'assainissement des comptes. Résultat, le déficit augmente et si rien ne change, l’école, qui dispose encore d’une petite réserve pour éponger, fera banqueroute d’ici quatre ans. Voilà qui fait désordre à l’endroit même où l’Etat se fixe pour mission d’enseigner les règles de la bonne gestion publique.

La situation se dégrade depuis plusieurs années, les années Loiseau. 
La fuite d’une note interne avait déjà mis le sujet sur la place publique par le passé. Mais, pour la première fois, le compte financier 2017 de la prestigieuse école a fuité dans la presse et c'est semble-t-il mission impossible de boucler un budget à l’équilibre
En 2017sur un budget de 40,8 millions d’euros, le déficit a atteint 2,8 millions d’euros. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et c’est d’ailleurs pour cela que ces millions ont été si difficiles à obtenir. Pour se les procurer, la fondation iFRAP, un think-tank libéral, a sollicité la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada). "J’ai dû attendre un an entre ma demande initiale à l’ENA et le moment où l’école a été forcée par la Cada à m’envoyer ses comptes", soupire Agnès Verdier-Molinié, la directrice de l’iFRAP, qui a passé au crible les dépenses et les recettes de l’établissement.
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Premier constat, les 30,9 millions d’euros de dépenses de personnels absorbent à eux seuls la quasi-intégralité de la subvention d’Etat (31,1 millions d’euros). Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre que boucler un budget à l’équilibre dans ces conditions relève de l'exploit !
Si les salaires de l’équipe pédagogique et des enseignants sont confortables, ce sont surtout les 9,2 millions d’euros alloués aux élèves qui plombent la ligne "dépenses de personnels". C'est dès l'ENA que les futurs hauts-fonctionnaires apprennent à vivre, à l'aise, aux crochets des contribuables, ces classes moyennes qu'arrivés aux manettes, ils n'hésitent pas à maltraiter.

Elèves-salariés, scolarité "all inclusive", des étudiants gagnants ?

Les 117 étudiants qui composent chaque promotion sont payés en moyenne 1.691 € bruts par mois en France (Source : JDN - point d'indice, 2016). De quoi faire s’étrangler, par exemple, les élèves des meilleures écoles de commerce, dont les frais de scolarité sont parmi les plus élevés. Et encore davantage les Gilets jaunes que l'information va remonter pour encore trois mois. 

Mais ce n’est pas tout. A l’ENA, les frais de mission sont également pris en charge. Une sorte de scolarité "all inclusive". L’ENA dépense ainsi chaque année 1,5 million d’euros en frais de déplacement, repas et nuitées accordés aux étudiants lorsqu’ils sont sur le terrain, en stage dans les préfectures par exemple. Avantageux ? Tout dépend. "C’est le jackpot si vous êtes un fils de bonne famille de 20 ans, célibataire, qui fait ses stages logé-nourri-blanchi sans dépenser un rond, confie une ancienne élève. C’est plus compliqué si vous avez 30 ans, un conjoint et déjà un ou deux enfants à charge. Là, le salaire est un peu juste…"
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La promotion Senghor (2002-2004) comptait dans ses rangs un certain Emmanuel Macron, fils de parents divorcés, 
un père médecin, professeur de neurologie et une mère, médecin conseil

Les énarques savent veiller sur leurs propres intérêts... 
L’ancien ministre des Finances de Hollande, Michel Sapin, élève de la promotion Voltaire sortie de l’ENA en 1980, se souvient qu’il avait mis en place une "caisse de solidarité" pour lisser les écarts de ce type. Délégué des élèves en 1979, l’ex-ministre de l’Economie siégeait au conseil d’administration de l’école. "A l’époque, je n’ai pas souvenir de problèmes liés au déficit", confie celui qui, au gouvernement, voyait sans cesse venir le redressement de la courbe de l'emploi, en vain... 

L’ENA, bonnet d’âne de l’encaissement des factures

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ENA, Paris
De 2002 à 2004, Macron était élève de l'ENA à Strasbourg, mais le futur banquier n'a rien entrepris, à la différence de Sapin.  L’ENA n’est pas douée pour faire rentrer l’argent dans ses caisses, ce qui explique en partie pourquoi la situation financière s’est beaucoup dégradée depuis 1980. Beaucoup de factures de formations restent en souffrance. Le Koweït est de loin le plus gros débiteur, qui doit 569 700 €. Mais d’autres petites ardoises s’accumulent. Le Brésil a deux paiements en suspens pour 20.500 € et 11.000 €, la République dominicaine pour 22.588 €, la Jordanie pour 7.268 €.

Et l’ENA n’apparaît guère plus pressée pour pousser les mauvais payeurs français à régulariser leur situation. Castaner va-t-il enfin régler la facture de l’Ecole nationale supérieure de la police et Jacqueline Gourault, celle du Commissariat général à l’égalité des territoires qui lui doivent chacun 10.000 €. Et de Rugy, ministre de l'écologie punitive, va-t-il presser l'établissement public AgroParisTech (Institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement) de régler sa dette de 9.120 €. Et, Eric Verlhac, inspecteur général de l’administration du développement durable, un ...haut fonctionnaire d'Etat, les 5.200 € de l’Association des maires de France ?

Un petit paradis pour fonctionnaires ?

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ENA, Paris
Il fait bon vivre à l’ENA, un paradoxe comptable, si l’argent sort plus vite de l’école qu’il n’y rentre. 
L’institution affiche une politique d’action sociale généreuse. En 2017, elle a accordé 11.405 € d’aides financières non remboursables à ses agents, un poste budgétaire en hausse de + 48,12 %. De quoi faire rêver ceux qui n’ont d’autre solution que de demander une avance sur salaire. Ou de négocier un prêt étudiant...
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ENA, Paris,
site de l'Observatoire
L’ENA délivre aussi généreusement les formations en interne, y compris certaines aux intitulés insolites comme "Comprendre l’UE en une journée", " The Lego serious play method" ou encore la mystérieuse "Praticien en hypnose ericksonienne".

Enfin, si la décision a été prise de déménager l’ENA à Strasbourg, l’école a fait ses cartons en conservant une antenne parisienne. Une double implantation coûteuse à l’heure des économies d’échelles.

"Nous ne sommes pas en faillite"

"Nous ne sommes pas en faillite, nous n’avons pas de dettes, insiste Thierry Rogelet, le secrétaire général de l’ENA, un ancien chef du bureau des ressources humaines et de la ...modernisation (sic), à la direction de la défense et de la sécurité civiles du ministère de l’Intérieur. L’école est en difficulté financière mais notre objectif est de revenir à l’équilibre en 2020". Ben voyons ! L’établissement travaille avec le ministère de l’Action et des Comptes publics (Gérald Darmanin) pour mettre en place un plan de redressement.

"Nous avons déjà fait beaucoup d’effort sur nos dépenses, poursuit le secrétaire général. Nous avons également réduit la masse salariale en supprimant 38 postes ces dernières années. Et quatre autres postes ont été supprimés en 2018 », détaille-t-il. Voilà donc pourquoi les nouveaux énarques seront mieux formés...

Une diète budgétaire d’autant plus cruelle que l’école n’est pas responsable de tout. Absorption de l’Institut international administration publique en 2002, du Centre d’études européennes de Strasbourg en 2005, l’Etat lui a imposé de grossir sans vraiment revaloriser la subvention qu’il lui verse.

Objectif : un retour dans le vert en 2020

Thierry Rogelet veut développer les recettes propres plutôt que de réclamer davantage de deniers publics. "Nous nous sommes réorganisés pour mieux encaisser les factures ( ! ) et nous allons nous recentrer sur des missions à forte valeur ajoutée, explique-t-il, suivant les conseils du Sénat et de l'IFRAP. Nous aimerions aussi faire en sorte que la rémunération de la préparation au concours interne ne soit plus uniquement supportée par l’ENA. Notre objectif est que d’autres écoles du service public ou bien les employeurs d’origine (collectivités locales, ministères…) participent".

La fabrique à président de la République n’entend pas mettre la clé sous la porte. "Selon nos estimations, nous serons à -1,4 million d’euros de déficit en 2018, puis à -400.000 € en 2019. Avant un retour dans le vert à +500.000 € en 2020", promet Thierry Rogelet. 
On croirait entendre la France qui défend son budget à Bruxelles, sous les regards narquois de ses collègues.

L’ENA EN CHIFFRES


  • 1945 : Création de l’Ecole nationale d’administration. Objectif, démocratiser l’accès à la haute fonction publique de l’Etat.


  • 6 500 anciens élèves français. Auxquels il convient d’ajouter 3 657 anciens élèves étrangers, originaires de 134 pays.


  • 6 % d’heureux élus. L’an passé, le nombre d’inscrits aux trois concours a atteint 1 368 candidats, pour un total de 80 places. En clair, beaucoup d’appelés, peu d’élus, avec une sélectivité d’un sur sept pour le concours interne (agents publics), d’un sur treize pour le concours externe (diplômés de l’enseignement supérieur) et d’un sur huit pour le 3e concours (actifs du secteur privé).


  • Nathalie Loiseau est-elle responsable de la dégradation des comptes de l'ENA ?


    La situation catastrophique du budget de l'ENA est partiellement due à la baisse de dotation de l’Etat (19 % depuis 2010), comme aux autres institutions, singulièrement depuis Hollande (Moscovici et Sapin), mais aussi et surtout à un "développement insuffisant des ressources propres".

    Juan Branco, avocat et auteur de 'Crépuscule', livre "réquisitoire contre la politique d’Emmanuel Macron" mentionne un rapport de l’Ifrap qui s’est "violemment payé" la gestion de l’Ecole nationale d’administration (ENA) lorsqu’elle était dirigée par Nathalie Loiseau, tête de liste LREM aux Européennes. J. Branco souligne au passage que la charge de la Cour des comptes est d’autant plus forte que la plupart de ses membres sont recrutés directement dans les promotions sortantes de l’ENA.
    L’Ifrap (fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) est un cercle de réflexion libéral dirigé par Agnès Verdier-Molinié, régulièrement invitée sur les plateaux de télévision où elle défend notamment une baisse drastique des impôts et dépenses publiques. 

    Dans un rapport publié en octobre 2018, l’Ifrap fustigeait "les mauvais comptes de l’ENA" (un déficit de près de 3 millions d’euros, rappelons-le). En s’appuyant sur le dernier exercice alors disponible (2017) de cette école obtenus auprès de la commission d’accès aux documents administratifs, l’institut décrivait "une grande fragilité financière, caractérisée par un déficit récurrent qui nécessite des ponctions régulières dans la trésorerie de l’école". 

    Le think tank faisait des propositions pour combler le déficit : "faire l’économie d’environ 70 postes parmi ses personnels permanents" et baisser drastiquement le traitement des élèves fonctionnaires "de 1.682 € bruts par mois à environ 1.000 €".

    Le nom de Nathalie Loiseau n'apparaît jamais dans ce rapport, mais le site de l’Ifrap note toutefois en 2018 que "la situation se dégrade depuis plusieurs années". Or, la tête de liste LREM a quitté ses fonctions à l’ENA en 2017 et c’est donc bien son bilan qui est pointé. Une mise en cause confirmée par les chiffres livrés par le magazine spécialisé Acteurs publics : la situation financière de l'ENA s’est même fortement dégradée entre l’arrivée de Nathalie Loiseau en 2012 et son départ en 2017 : d’une situation de léger excédent d’environ 200 000 €, on passe à un déficit de près de 3 millions d’euros. Après son départ, le déficit est ensuite bien moindre, puisqu’il repasse à 339.597 € en 2018 (et l’actuel secrétaire général de l’ENA estime qu’il sera comblé d’ici 2020).

    Loiseau n'avait aucun poids, aucune audience.
    Un rapport de la commission des lois du Sénat de novembre 2018 souligne même que l’Etat, qui "constitue la principale source de financement de l’ENA" aussi longtemps que l'Ecole néglige son auto-financement, a profité de l'arrivée de la mollusque à sa tête pour baisser son financement de 2,27 millions sur un an dès 2012 et 2013. Malgré cette baisse et sans que Loiseau ne bronche, l’Etat confiait dans le même temps à l’ENA de nouvelles missions, comme l’organisation de nouveaux cursus ou le passage des promotions de 80 à 90 élèves (qui a coûté 1,4 million d’euros par an supplémentaire à lui seul). Savoir si la potiche, qui n'est pas elle-même énarque, n'a pas été placée à ce poste pour avaler les couleuvres.

    Le Sénat impute clairement à la direction de l'ENA, un "développement insuffisant de [ses] ressources propres" avec "la multiplication d’actions non rentables ou à faible valeur ajoutée". Le rapport cite un exemple : "Une semaine de formation au sein du cycle international spécialisé d’administration publique est facturée 1.000 euros, ce qui est insuffisant pour amortir son coût d’organisation et de gestion."
    Attention, Strasbourg, il vous arrive un drôle de Loiseau.

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