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jeudi 21 mars 2019

Grand débat: ces intellectuels qu accourent au one-man show de Macron, à l'Elysée

Une soixantaine d’intellectuels sont allés à la soupe à l'Elysée


Le chef de l'Etat a invité à dîner une soixantaine de spécialistes de l'économie ou de l'environnement après un "débat" diffusé, depuis l'Elysée, sur France Culture.
Flattés  de recevoir la parole de Macron, mais visiblement accablés
par son projet de "démocratie délibérative"
Débattre en grande pompe médiatique flatte l'ego d'un Jupiter solitaire. 
Thème du jour et ambitieux programme qui n'engage à rien : les "principaux défis et enjeux d'avenir auxquels la France est confrontée". Ca pouvait se faire en toute discrétion, mais ce "colloque" fut annoncé à grand renfort de media-relais comme la nouvelle étape du grand débat prolongé organisé pour ce lundi 18 mars entre Emmanuel Macron et une soixantaine d'intellectuels macron-compatibles sélectionnés par l'Elysée. Universitaires, économistes, spécialistes des sciences humaines ou de l'environnement avaient accepté de servir de faire-valoir du chef de l'Etat à partir de 18 heures. 
Contrairement aux débats précédents, ce n’était pas le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu qui animait le divertissement politique, distribuant la parole et limitant le temps à deux minutes par intervenant. Un partenariat avait été exceptionnellement conclu avec France Culture.

Une réunion animée par l'un des nouveaux venus à Charlie Hebdo après l'attentat de 2015, Guillaume Erner, producteur de la tranche matinale de France Culture, qui se présente comme "le média de la vie des idées" et qui l'a retransmise en direct. La crise des Gilets jaunes a d'emblée occupé le cœur du débat entre Emmanuel Macron et les 64 intellectuels "accrédités" à l'Elysée, où des chercheurs, professeurs, experts ou essayistes ont posé les bonnes questions (qui ne fâchent pas) au président sur sa politique et l'état du pays. Lors de cette soirée co-organisée avec la radio de service public de Radios France, sans durée fixée par avance, le chef de l'Etat a souligné qu'il avait tenu à maintenir ce rendez-vous malgré les violences de samedi. "En même temps", n'avait-il pas lui même abandonné Paris à Castaner pour aller se faire plaisir sur les pistes ensoleillées de La Mongie pendant que se déroulaient deux manifestations

"Ne pas réduire la vie de notre nation à une réponse d'ordre public"

Finies les "causeries" au coin du feu entre soi et retransmises aux "gueux", mais quelle différence ? 
"Je me suis beaucoup posé la question : est-ce que nos concitoyens vont comprendre [les Français gardent, à ses yeux, une sérieuse difficulté à comprendre les choses : crétinisme ? Les journalistes ne répètent-ils pas, d'ailleurs, qu'ils vont nous expliquer et décrypter l'actualité pour nous ? Consolation : les intellos ont également besoin que Macron les aide à comprendre le monde dans lequel ils vivent...] qu'on tienne ce débat à l'Elysée", loin de la masse inaccessible à sa "pensée complexe", hurlante et violente  sur les Champs-Elysées ? "Oui, au carré", veut-il croire, mais s'adressant aux auditeurs de France Culture, très peu écoutée sur les ronds-points. Ce n'est pas encore lundi que Macron ambitionnait de mettre les Gilets jaunes à niveau...

"Car de moins en moins de monde est dans la rue le samedi" et "ceux qui ont initié cette crise sont des gens qui veulent détruire les institutions, pas des manifestants", a-t-il lancé. On croyait entendre Ruth, Christophe, Patrick, Jean-Jacques, Jannick et les autres ! " Interrompre ce débat, c'était dire que, quand la violence absolue s'exprime un jour, on n'aurait plus le droit de réfléchir le jour d'après. J'assume totalement le caractère essentiel de cette discussion, car je ne veux pas réduire la vie de notre nation à une réponse d'ordre public", a-t-il ajouté, inconsciemment condescendant.

Répondant au premier intervenant, l'écrivain Pascal Bruckner, qui réclamait le retour de l'ordre public - ça tombait bien, après le préambule présidentiel - , Emmanuel Macron a expliqué aux intellos que, si le droit de manifester était protégé, les violences du samedi étaient le fait d' "émeutes de casseurs, qui ne savent plus pourquoi ils sont dehors sauf détruire". Réclamer la démission de Castaner équivaut donc à chasser Macron. Manifestations interdites sur les Champs-Elysées en cas de présence d' "ultras" - qui arboreraient un badge obligatoire délivré par la préfecture de police -, préfet de police de Paris limogé - et remplacé par celui d'Aquitaine qui n'a pas particulièrement brillé à Bordeaux - , contraventions alourdies - avec l'approbation enthousiaste du p'tit Darmanin - : le premier ministre Edouard Philippe  - il était où le samedi 16 mars de tous les débordements? - a annoncé lundi une batterie de mesures "fortes" pour répondre aux violences ayant marqué la dernière manifestation (en date) des Gilets jaunes à Paris.

Interrogé ensuite sur la création d'un revenu universel, la taxation des plus aisés, le creusement des inégalités ou encore la transition écologique, le chef de l'Etat a, comme lors de chacune de ses réunions dans le cadre du grand débat, défendu ses choix politiques, comme celui d'aider les entreprises pour créer des emplois ou de refuser l'idée de "décroissance". Le débat avec les intellos n'a donc rien apporté, si ce n'est un surcroît de dépenses publiques inutiles.

Quatre régions en attente du messie

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Macron et ses 60 voleurs intellos
Combien de réfractaires parmi les personnalités présentes ? 
Figurent les philosophes Marcel Gauchet, Souad Ayada et Monique Canto-Sperber, les sociologues Jean Viard et le socialiste Michel Wieviorka, le psychiatre Boris Cyrulnik, le climatologue Jean Jouzel, les économistes Philippe Aghion, auteur du programme économique du candidat Macron, et Jean Pisani-Ferry, membre de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron, ainsi que les Prix Nobel Serge Haroche et Jules Hoffmann
Certains ont refusé, comme l'économiste Frédéric Lordon (animateur de "Nuit debout"), très critique de la politique d'Emmanuel Macron, qui a publiquement expliqué sa décision de ne pas s'y rendre lors d'un rassemblement à la Bourse du travail à Paris.

Cette rencontre est organisée trois jours après la fin annoncée pour vendredi 15 mars de la première partie du grand débat lancé le 15 janvier. 
Emmanuel Macron a tant à expliquer ! Mais, puisqu'il a besoin d'une rallonge de quinze jours au moins et qu'il ne devrait pas effectuer un nouveau déplacement la semaine prochaine dans ce cadre, c'est seulement dans trois semaines que les chaînes d'information pourront retourner à une vie normale, après huit "actes macroniens" ces deux derniers mois. 
Macron repousse ainsi ses rencontres attendues dans quatre régions : en Bretagne, notamment les "illettrés" des abattoirs Gad dans le Nord-Finistère, en Corse, avec les autonomistes, où, comme se serait le cas dans les Hauts-de-France (agriculteurs, Air France et anciens de Goodyear) et le Pays de la Loire avec les zadistes de Nantes, avec les élus , exclusivement...
Il a échangé durant plus de huit heures avec des intellectuels de tous les horizons, principalement des hommes, à qui il a demandé "de structurer le débat". 

"On imagine mal une telle rencontre à la Maison Blanche !"

Saillie pouvant froisser le quadra, si cette évocation polémique n'était due à l'expert socialiste de l’identité et de l’immigration, spécialiste du FLN et des événements d'Algérie et du système Bouteflika, Michel Wieviorka, qui a remercié Emmanuel Macron d’avoir réuni des intellectuels "de tous les horizons" [sic] et "à l’Elysée".  Un bon départ ? 

Des critiques assassines qu’Emmanuel Macron a pu émettre à leur endroit, notamment quand il était candidat, il n’a pas été question lundi soir. Les " intellectuels stars ne m’intéressent pas tellement", avait ainsi confié le candidat d’En Marche !, durant la campagne, à l’écrivain Philippe Besson qui a rapporté ces propos dans un bouquin; il les accusait alors "de faire du bruit avec de vieux instruments"… Aujourd’hui, après quatre mois de manifestations tous les samedis, Emmanuel Macron a besoin d’eux : à l’heure où "tout se vaut", il leur assigne désormais  "la responsabilité de structurer le débat".
Sous les ors de la salle des fêtes rénovée à grands frais de l’Elysée, Macron a estimé qu' "interrompre ce grand débat, c’était donner raison à la violence absolue". Or, selon le général solitaire et sans armée,  "on ne peut pas s’arrêter à la tyrannie d’une irréductible minorité", a-t-il répété un peu plus tard. 
De quoi apaiser la colère des irréductibles Gilets jaunes ?

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