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mercredi 27 mars 2019

Anticor ne lâche pas le numéro 2 de l'Elysée, accusé de conflits d'intérêts

L'honneur de l'entourage du président Macron une nouvelle fois entâché

La président Macron assume-t-il le parjure de plusieurs hommes de confiance de son entourage?


Le Bureau du Sénat a déjà entériné la demande de sa Commission d'enquête pour une saisine de la Justice sur les "probables faux témoignages" sous serment de trois autres membres de l'entourage du Président Macron (Alexis Kohler, Patrick Strzoda et le général Lionel Lavergnedans l'affaire Alexandre Benalla et Vincent Crase, le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler est de nouveau sous pression avec une nouvelle plainte d'Anticor sur ses liens familiaux controversés avec l'armateur italo-suisse MSC, 2e plus grand armateur de porte-conteneurs du monde et numéro quatre international des croisières.

L'association anti-corruption a en effet adressé une troisième plainte au Parquet national financier (PNF), qui enquête depuis un an sur des soupçons de conflit d'intérêts entre les postes d'Alexis Kohler dans la fonction publique et ses liens avec le groupe fondé et dirigé par des cousins de sa mère, la famille Aponte.

Le bras droit d'Emmanuel Macron est cette fois accusé de "faux et usage de faux" et d'"omission substantielle de ses intérêts", en l'occurrence d'avoir dissimulé deux faits dans différentes déclarations sur l'honneur: ses liens familiaux avec l'armateur et le fait d'avoir été impliqué, comme fonctionnaire, dans des décisions concernant MSC, selon la plainte rédigée le 18 mars.

Deux de ces déclarations avaient été adressées en 2014 et 2016 à la commission de déontologie de la fonction publique, lorsque le haut-fonctionnaire avait souhaité travailler pour l'armateur.
La première fois, la commission s'y était opposée: "M. Kohler a, en qualité de représentant de l'Etat au conseil d'administration de la société STX France [les chantiers de Saint-Nazaire, dont MSC était le principal client], participé en février 2012, à une délibération du conseil autorisant la conclusion d'un contrat d'achat d'un paquebot par la société MSC", concluait son avis du 10 juillet 2014 cité par la plainte. Emmanuel Macron est pourtant déjà secrétaire général adjoint de Hollande à l'Elysée.
Mais deux ans plus tard, la commission rendait un avis favorable, le 6 octobre 2016. Macron venait alors juste de démissionner du ministère de l'Economie et de l'Industrie, un mois plus tôt, fin août 2016.

Quand Macron avait quitté Bercy, l'énarque était devenu directeur financier de la filiale croisières du groupe familial. Il quitta ces nouvelles fonctions au bout de quelques mois pour rejoindre l'Elysée à l'élection d'Emmanuel Macron, en mai 2017.

Lors de ces processus, les liens familiaux d'A. Kohler avec l'armateur n'avaient jamais été mentionnés.

Anticor en déduit que Kohler a omis de les mentionner dans trois déclarations d'intérêts qu'il a dû remettre à la Haute autorité pour la transparence (HATVP), en vertu de la "loi Cahuzac" de 2013. "En ciblant cette fois ces omissions de déclarations, on remonte peu à peu aux racines d'un système qui a sa logique", a commenté l'avocat d'Anticor, Me Jean-Baptiste Soufron. Selon cette loi, une telle omission est punie au maximum de trois ans de prison et de 45.000 euros d'amende.

En mai 2018, le PNF a ouvert une enquête sur cette affaire après de premières révélations de Mediapart pour "vérifier si les règles relatives à la mise en disponibilité des agents publics ont bien été respectées" lorsque M. Kohler a rejoint l'armateur en 2016.

Dans la foulée, Anticor avait déposé une première plainte contre le bras droit du président, en qualifiant les faits de "prise illégale d'intérêt", "trafic d'influence" et "corruption passive". L'association avait complété sa plainte par un deuxième courrier le 8 août, au lendemain de nouvelles révélations de Mediapart.

Il s'agissait cette fois de procès-verbaux du conseil de surveillance du "Grand Port maritime du Havre" (GPMH), où Alexis Kohler siégeait de 2010 à 2012 comme représentant de l'Agence des participations de l'Etat (APE) aux côtés du maire du Havre, l'actuel premier ministre Edouard Philippe.

Le numéro deux de l'Elysée a affirmé s'être "toujours déporté" [s'être écarté des débats] quand il a eu à connaître comme haut-fonctionnaire des dossiers impliquant MSC. 
Ces documents attestent cependant qu'en septembre 2010 et 2011, il a pris la parole et voté en faveur de contrats à venir entre GPMH et Terminal Normandie MSC (TNMSC), filiale française de l'armateur et acteur majeur de l'extension du port alors en cours.
Or, cet automne, la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA) a refusé à Mediapart le droit d'obtenir la déclaration d'intérêts de M. Kohler lors de sa nomination au port du Havre.
Selon le site, la Brigade de la répression de la délinquance économique (BRDE, division de la la police judiciaire parisienne, PJ) n'est pas parvenue non plus à obtenir cette déclaration, malgré des perquisitions au port du Havre ou au ministère de François de Rugy, Transition écologique et solidaire.

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