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dimanche 24 mars 2019

Gilets jaunes : "Pas de flics, pas d'ultra-gauche" en marge des mobilisations

L'Acte XIX fait la démonstration de l'effet provocateur de la présence policière

Alors que les autorités avaient psychoté des violences samedi 23 mars, cette 19e mobilisation a été parmi les moins violents


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Les Gilets jaunes ont fait la démonstration de leur pacifisme.

"Les blindés, les Sentinelles, les amendes de 135 euros... C'est de la terreur qu'ils nous font," gronde un manifestant de ce samedi 23 mars. Ce jeune Gilet jaune originaire de Créteil (Val-de-Marne) tenait d'autant plus à exprimer sa détermination lors du 19e acte du mouvement né au mois de novembre que l'Etat macronisé avait brandi la menace d'un dispositif sécuritaire sans précédent. Les militaires pourraient "aller jusqu'à l'ouverture du feu" sur la population, selon le gouverneur de Paris, en cas de nécessité.
VOIR et ENTENDRE le gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Leray :

"Après les attentats, les gens continuaient bien à aller en terrasse. Ce n'est pas l'armée qui va nous arrêter", assène ce trentenaire qui n'a fait l'impasse sur aucun des cortèges. Comme lui, à partir de 11h du matin, des centaines de gilets jaunes irréductibles se sont agglutinés petit à petit place Denfert-Rochereau, dans le 14e arrondissement de Paris, d'où part le seul défilé autorisé de la journée, en direction de Sacré-Coeur, à 13 kms de là... 

Se rassembler sur les Champs-Elysées était interdit. 
Après l'échec du ministre Castaner à maintenir l'ordre pendant l'acte XVIII marqué par des actes d'émeute urbaine par les anarchistes, le saccage de plusieurs magasins de luxe par les anti-capitalistes ou le pillage par les opportunistes attirés par le chaos, Macron avait mis la pression sur son noceur de ministre de l'Intérieur pour qu'il ré-organise la préfecture de police de Paris sous l'autorité d'un seul, le préfet Didier Lallement, en sorte de parer à l'anarchie par tous les moyens - y compris le tir de l'armée sur la foule, ordre bientôt démenti face à l'indignation générale des démocrates -  mais qui incluaient l'interdiction de tout rassemblement aux abords de l'avenue, avec de fortes amendes pour les contrevenants. 
Le préfet de police est sorti en uniforme de son QG
Dès les premières heures du jour, samedi matin, étaient entrepris des contrôles systématiques, fouilles des sacs et des véhicules, y compris les taxis. Des files de véhicules de CRS étaient placés bien en vue, ainsi que des canons à eaux. Des militaires de l'opération Sentinelle prenaient position aux abords de l'Elysée, sur plusieurs lignes concentriques de front, comme autour de l'Assemblée nationale où la majorité présidentielle est particulièrement exécrée. Et le Fouquet's, restaurant chic et cher, pris pour cible au nom des plus défavorisés la semaine dernière, était blindé à grands frais en sarcophage en plaques de métal soudées. 
"Bientôt, on nous enverra des avions de chasse et des sous-marins", raille Véronique, une Parisienne, sous le Lion de Belfort au centre de la place Denfert-Rochereau. Ce qu'elle n'a pas encore expérimenté, c'est, pour la première fois, le survol des points de rassemblement par des drones... Cette surenchère n'est pas non plus du goût de Louis, venu des Pyrénées-Atlantiques, croisé à côté de l'entrée du métro : "Ils préféreraient une guerre civile plutôt que de laisser leur place." Avant de commenter : "C'est frappant, ces moyens mis en place pour faire taire les gens honnêtes. On n'envoie pas l'armée dans les banlieues. Par contre, on l'envoie contre les gilets jaunes". Savoir toutefois si les banlieues ne migrent pas vers l'hyper-centre quand se présentent de telles occasions de rapine. 

Une mobilisation pacifique assez peu perturbée

Frêle, mais réputé pour sa pugnacité, selon les media complices de la répression, en dépit de ses échecs en Aquitaine d'où il a été exfiltré, le successeur du préfet Michel Delpuech, Didier Lallement (63 ans, ancien secrétaire général du ministère de l'Ecologie, auprès de Jean-Louis Borloo, et du ministère de l'Intérieur, auprès des socialistes Valls, puis Cazeneuve, il tient d'ailleurs beaucoup à l'orthographe de son nom), n'a pas manqué de moyens de répression : 6.000 policiers et gendarmes (une fois et demi plus nombreux que les manifestants du jour et que les 5.000 Gilets jaunes du 16 mars, selon la préfecture...), des Brigades de répression des actions violentes, les BRAV, des unités "anticasseurs" hyper-réactives à moto (dont les éléments sont recrutés parmi les membres des compagnies d'intervention, les policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC) et les policiers issues des compagnies de sécurisation, spécialisées dans les violences urbaines ou les événements à risque), des canons à eau, des drones, des marqueurs chimiques (déjà utilisés dans des commerçants, insiste Castaner)... Certains CRS sont même armés du fameux lanceur de balles de défense (LBD) 40mm, en version multicoups. Aucun de ces engins sophistiqués n'a servi, néanmoins. Car, comme le confesse un peu plus tard un officier à ses collègues dans sa radio : "C'est calme, très calme." Les révolutionnaires ont fait l'impasse sur cette journée, préférant étudier la nouvelle donne.
100% des effectifs de police parisiens étaient mobilisés (dommage si vous êtes cambriolé ou violenté dans votre quartier ou le métro), des contrôles d'identité ont eu lieu dans les gares, aux portes de Paris, dans les parkings, dans le bois de Vincennes et celui de Boulogne, à proximité des magasins de sport (les bats de base-ball sont très recherchées) et de bricolage (les tronçonneuses et les piquets de toute nature partent comme des petits pains).
En tout,
seize commissariats parisiens sont réquisitionnés pour traiter les gardes à vues des gilets jaunes.
Peu après 13 heures, le cortège s'élance en direction la butte Montmartre à plus de 10 km de là. Des chants anti-Macron fusent dans les rangs. Un joueur de basse aligne des morceaux de Black Sabbath (groupe britannique de rock précurseur du heavy metal) dans une distorsion endiablée. Peu à peu, le cortège est rallié par des grappes de gilets jaunes, jusqu'à ce qu'il atteigne au moins 5.000 personnes, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur qui est connu pour minimiser largement les chiffres.  

Seule une cinquantaine de radicaux

Résultat de recherche d'images pour "GILETS JAUNES sacre coeur"Dès la Seine traversée, des manifestants organisés, vêtus de noir et encagoulés, adeptes du Black bloc commencent à se constituer en groupuscules mobiles et déterminés: "Il n'y a que huit keufs [policiers], ils sont foutus si on commence maintenant !", fait valoir une fille brune, parmi eux. Son compère, visage dissimulé derrière un foulard, la raisonne : "On n'est pas assez nombreux." Un homme apparemment plus âgé leur crie depuis la foule : "Soyez patients ! Vous commencerez tout à l'heure". Mais non. D'après les services de police, tout au plus une cinquante d'individus "radicaux" aurait rallié le cortège. Ceux-là n'ont rien tenté, si on en croit la presse, qui joue un double-jeu d'indic, visiblement alliée de la police. 
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Des gilets jaunes ont déployé un grand filet jaune
au sommet de la basilique du Sacré-Cœur
C'est aussi que les policiers ne recherchaient pas le contact. Alors que les "totos" (contraction d'autonomes", militants de l'autonomie politique, anti-capitalistes, jettent leurs pavés sur les boutiques de luxe des quartiers chics, l'axe nord-sud de Paris emprunté, est moins propice à ces écarts, une fois le Quartier latin traversé. Il faut attendre l'arrivée du cortège autour de Barbès, plus populaire et métissé, pour entendre quelques invectives fuser contre les CRS : "Les poulets, vous allez bientôt rôtir !"  

Vers 15 heures, les Gilets jaunes font l'ascension de la Butte Montmartre, au sommet de laquelle s'élève l'église du Sacré-Coeur, gardée par quelques gendarmes. C'est en fait une basilique dressée à l'issue de la guerre franco-prussienne de 1870, une défaite attribuée à la décadence française consécutive à la révolution de 1789. La population finança son érection comme un "voeu national" d'expiation. 
"Ce n'est pas un symbole de l'ultra-finance, personne n'ira le saccager", commente un vieux monsieur. Une fois le sommet de la Butte atteint, on fume des chichas, on s'enquille quelques bières, on se déhanche sur les tubes de Renaud crachotés par de petites enceintes. "Le Temps des cerises" n'appartient pas leur culture.
"Pas de flics, pas de Black bloc !", décrypte un homme. En voilà un qui pense par lui-même, n'en déplaise aux agents de l'Etat tapis dans les salles de rédaction... Plus tard dans la soirée, il faudra toutefois des gaz lacrymogènes pour disperser les plus insensibles à la douceur du printemps.

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