"Interdire ces manifestations est la seule solution raisonnable," selon ce proche des Segollande
L’avocat Jean-Pierre Mignard, ex-socialiste, parrain de deux enfants de Hollande et Royal, milite pour la limitation de la liberté de manifester
Il serait préférable à un durcissement des affrontements, assure ce désormais proche d’Emmanuel Macron, après les violences perpétrées par l'ultra-gauche infiltrée dans le rassemblement de l'Acte XVIII des Gilets jaunes du samedi 16 mars 2019. Des Gilets jaunes sont accusés de "radicalisation" et qualifiés d' "ultra-jaunes" qui auraient fait leurs les méthodes violentes du Black bloc, parce qu'exaspérés par les attaques policières avec tirs au LBD...
En février, ce proche d’Emmanuel Macron sonnait le tocsin dans Libération contre la loi dite "anti-casseurs" : l’avocat Jean-Pierre Mignard jugeait liberticide ce texte tentant de circonscrire les débordements en marge des rassemblements de gilets jaunes. Un mois plus tard, après un rebond de la participation multipliée par quatre à Paris et un nouvel accès de violence urbaine samedi 16 mars, cet opportuniste de la macronie se prononce en faveur d’une interdiction très encadrée des manifestations et réclame de nouvelles avancées économiques et sociales.
Comment analysez-vous les débordements de "l’acte XVIII" ?
L’exécutif parle de nouvelles "réponses fortes" à apporter en matière de maintien de l’ordre, que recommandez-vous ?
Le climat politique et social est très lourd en France depuis quatre mois, mais on peut se résoudre à y répondre sans nouvelle loi. Il existe une jurisprudence constante du Conseil d’Etat qui fait de la liberté de manifester le principe, sauf lorsque les risques sont trop élevés et que les pouvoirs publics motivent cette décision après avoir épuisé tous les moyens existants pour permettre l’exercice de ce droit. Ce serait la seule solution raisonnable.
Vous êtes un défenseur des libertés publiques, une telle décision ne vous choquerait pas ?
Ce qui est inquiétant, c’est d’entendre certains policiers dire que l’étape suivante, c’est "d’aller au contact" et donc de prendre le risque de beaucoup de blessés, voire pire, parmi les manifestants [esquive l'avocat]. Si on ne peut empêcher que les mobilisations se terminent par des incidents graves, violents, voire meurtriers, on est alors fondé à les interdire. Ce qui est au cœur de telles interdictions - qui doivent être solidement motivées sur le fond -, c’est la question de la proportionnalité entre le droit fondamental de manifester et les dommages objectivement prévisibles de l’exercice de ce droit. C’est la position du Conseil d’Etat et de la Cour européenne des droits de l’homme. Vu le niveau de violence redouté, la restriction de la liberté est un dommage moins grave que ceux éventuels lors d’une manifestation qui dégénère et que l’on ne pourrait pas empêcher. [Mignard ne répond pas à l'interrogation concernant sa flexibilité morale et politique]
Existe-t-il des solutions non sécuritaires ?
Vous réclamez donc de nouveaux gestes ?
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Les Marianne sont apparues dans les rues de Paris
lors de l'acte X des Gilets jaunes du 15 décembre 2018,
contre les violences sécuritaires faites aux manifestants
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On ne peut pas dire que rien n’a été fait. Certaines mesures annoncées cet hiver sont justes et efficaces, comme la suppression d’une partie de la hausse de la CSG frappant les retraités [seulement les plus démunis d'entre eux, et alors que la désindexation des pensions de retraite frappe toujours la totalité d'entre eux, faut-il le rappeler à ce converti tendancieux au macronisme ?].
Il y a eu beaucoup de débats de qualité dans les mairies [assure Mignard bien qu'il s'agisse d'un entre-soi dont sont exclus les Gilets jaunes] et cela aura des répercussions sur l’administration communale et la gestion des finances locales [les participants qui ne refusent pas leur participation à cette mascarade sont pris en charge à l'hôtel].
Mais on a peu parlé de salaires et de revenus. Il faut maintenant, comme le réclame la CFDT, un Grenelle social [c'est l'ancien socialiste qui parle], une conférence nationale sur les salaires. Les manifestants veulent de l’Etat, toujours plus d’Etat. Je pense que c’est au tour des entreprises d’entrer dans le jeu de l’apaisement [sic]. Elles ne peuvent pas se contenter de verser une prime exceptionnelle. Les gens qui descendent dans la rue depuis mi-novembre - qu’on soit d’accord ou pas avec eux - veulent sortir de l’aléatoire. C’est compréhensible et c’est juste.
Homme de réseaux, maître Jean-Pierre Mignard sert Macron en mobilisant des soutiens.
Mais il se défend de vouloir "créer une tendance" au sein du parti du président, il y a un pas que cet ex-socialiste ne franchit pas. Il s'en explique :"Ce n'est pas Emmanuel Macron qui en a eu l'idée, c'est moi. J'ai eu un bref entretien avec le président de la République, qui ne m'en a pas dissuadé..."
S'agit-il d'organiser des courants à l'intérieur de La République en Marche (LREM) ?
Mignard veut plutôt contribuer à agréger des familles politiques, "dans le sens de ce qu'a accompli Emmanuel Macron depuis des années". Il précise :"La question n'est pas de réunir des personnalités connues pour leur engagement à gauche. C'est comment le débat démocratique peut avoir lieu au niveau de La République en Marche, de ses électeurs, de ses adhérents, de ses élus. Le débat doit se déployer pour que ce parti joue pleinement son rôle." Agrégateur, plutôt que débaucheur: c'est plus flatteur...
L'avocat proche de François Hollande souhaite un élargissement de la majorité.
"La question, c'est quelle famille politique voulons-nous construire dans la durée ? Je défends depuis longtemps la thèse selon laquelle la structuration de La République en Marche correspond à une séquence de la recomposition politique en cours. Sa vocation est de s'élargir afin de constituer un grand arc allant des socialistes jusqu'aux républicains sociaux. Je vais militer en ce sens."
Sur son compte Twitter, Mignard explique : "les socialistes pro-européens devraient, en tant que tels, devenir une composante majeure de la majorité présidentielle".
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