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samedi 16 mars 2019

Acte XVIII : le mouvement des Gilets jaunes n'est pas mort

Le mépris du pouvoir et des media a produit de violents heurts en marge de l'acte XVIII des gilets jaunes

L'Elysée, sa presse et ses sondeurs nous ont trompés

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Ils nous avaient rebattu les oreilles avec un "essoufflement" du mouvement,
mais le 18e samedi de mobilisation des Gilets jaunes a été marqué par un forte hausse de la participation : au moins 10.000 manifestants étaient présents dans la capitale, reconnaît le gouvernement, soit quatre fois plus que le samedi précédent, si on en croit les estimations officielles. C'est ainsi que l'Etat macronien s'est laissé prendre à ses propres mensonges et que les manifestants avaient face à eux un demi policier par personne... 

Le méprisant Macron était tellement confiant qu'il skiait dans les Pyrénées.
Les branquignols du gouvernement sont restés sourds aux annonces d'un samedi chaud pour l'anniversaire du quatrième mois de mobilisation. Ils étaient donc impréparés à un regain pourtant prévisible des violences, surtout sur les Champs-Elysées et place de l'Etoile. La "marche du siècle" pour le climat - qui a le même jour réuni environ 50.000 personnes - avait mobilisé, inutilement, des effectifs policiers en surnombre parce que l'événement se déroulait sous le regard inquiet du monde entier. C'est au final le spectacle d'un Paris en état d'insurrection qui a effaré la planète !
PaSiDupes attire l'attention du lecteur sur la stratégie manichéenne des chaînes d'information en continu, puis de la presse écrite consistant à opposer des images et des compte-rendus de bobos écolos et d'ultras, extrême gauche anti-capitaliste et anarchiste, visant à assimiler les Gilets jaunes aux casseurs.
A 10h10 précises, plusieurs centaines de manifestants entament leur marche. Stéph, appareil photo au cou et gilet jaune en bandoulière, est venu de Drancy (Seine-Saint-Denis) : "Pour beaucoup de monde, cette journée est importante. Les rassemblements ont fonctionné. Normalement, dans les gares, nous ne sommes pas beaucoup." Aux abords du cortège la mobilisation policière est faible. Devant les derniers groupes à partir de la gare, un SDF demande des cigarettes. Etonné. "Vous manifestez encore les gilets Jaunes ? Contre le gouvernement toujours… Bah, bon courage, moi je viens de me lever."
La marche grossit à vue d’œil. Le rythme est rapide. L’acte 18 promet. Forat, la trentaine est venu du 18e arrondissement de Paris. D’origine syrienne, le jeune homme s’étonne du peu de forces de police sur le tracé. "Il faut éviter tout débordement et mouvement de foule. Arriver à faire front, à faire bloc." Plusieurs milliers de personnes traversent la rue de Maubeuge et marchent vers les Champs-Elysées. 
Sur la route, un rassemblement du PCF s’attire quelques lazzis, mais surtout de francs applaudissements. Le poing levé, André Chassaigne entonne "l’Internationale", repris par des gilets jaunes qui défilent.

Jean-Luc, 77 ans, est venu de Saint-Leu-la-Foret (Val-d’Oise). Avec son petit bonnet marin sur la tête, il colle des autocollants caricaturant Emmanuel Macron. Malgré sa petite retraite, il n’est pas la pour l’argent mais pour "[ses] enfants, pour les jeunes". "Le plus important aujourd’hui, c’est de réussir à berner la police. On dirait que ça marche." Quelques pétards retentissent. Parmi les manifestants venus du Nord, de l’Est et de la région parisienne, beaucoup de jeunes hommes ont le visage masqué.

A 10h45, une vingtaine d’arrestations ont déjà eu lieu. 
Les différentes marches convergent vers les Champs-Elysées. Place de l’Etoile, les premiers affrontements durent déjà depuis quelques minutes. L’Arc de Triomphe se distingue à peine dans le nuage épais de lacrymogène.

11h00 - Gare du Nord : "Le plus important aujourd’hui, c’est de berner la police"
Dans les travées de la gare du Nord, une centaine de gilets jaunes et de cheminots prennent le café. Convergence des luttes et regain de mobilisation au programme. Les rendez-vous stratégiques dans différents points de la capitale ont porté leur fruit. 

11h30. Premiers heurts place de l’Etoile


12h00 - Christophe Castaner traite les casseurs d'"assassins"!

Alors que la matinée de l’acte XVIII est déjà marqué par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner estime dans un tweet que des "professionnels de la casse" ont "infiltré" les cortèges pour "semer le chaos à Paris"
Suite à l’incendie qui a ravagé les locaux de la Banque Tarneaud ,avenue Franklin Roosevelt, près des Champs-Élysées, Christophe Castaner n’a pas hésité à qualifier les incendiaires d’ "assassins". D’après lui, ni le terme de "manifestants", ni même celui de "casseurs" n’est adéquat pour caractériser ces individus.
Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur a déclaré aux sénateurs que 
plus de 13.000 tirs de LBD ont été enregistrés 
depuis le début de la mobilisation des Gilets jaunes, le 17 novembre,
faisant 2.200 blessés, éborgnés ou amputés
La préfecture annonçait déjà 44 interpellations sur la capitale peu après midi.

12h40. "Marche du climat, marche du siècle ou marche des gilets jaunes, c’est le même combat"

Sur les Champs-Elysées, la situation est tendue. Les manifestants tentent de tenir position malgré le déluge de gaz lacrymogènes. Les rues perpendiculaires à l’avenue, comme la rue Washington et la rue Pierre Charon, sont bloquées par les forces de l’ordre : impossible d'y entrer pour rejoindre les Champs-Elysées. 

Une barricade est montée à la hâte par les manifestants les plus expérimentés. Malgré les panneaux de bois de protection, la banque HSBC est prise pour cible par les trotskistes anti-capitalistes. Même destin pour la boutique Hugo Boss. 

Un incendie prend au milieu de l’avenue. Les flammes montent dans le ciel et ravivent la mobilisation des manifestants, forcés de reculer : le vent ramène le gaz lacrymogène sur le gros de la foule pacifiste. 

Aux alentours de midi, un nouveau groupe de plusieurs centaines de manifestants forcent l'accès aux Champs. La foule est en liesse. Parmi eux Arno et Matteo, deux lycéens d’à peine 16 ans, mais bien équipés : masque sur les yeux et drapeau français à la main. "Marche du climat, marche du siècle ou marche des gilets jaunes, c’est le même combat."

13h00 - Des boutiques mises à sac sur les Champs-Elysées

Pendant la descente des Champs-Elysées, les casseurs se font plaisir. Après la mise à sac de la boutique Hugo Boss, c’est celle de Louis Vuitton - marque étendard du groupe LVMH, propriété du milliardaire Bernard Arnault, lequel a apporté son soutien à Emmanuel Macron, au second tour de l'élection présidentielle française de 2017, et qui habille Brigitte Macron - qui est désormais prise pour cible. 
Pour Kamel, cette violence se justifie. Elle serait motivée par les violences policières sur ordres de Macron et Castaner. "Qu’on s’attaque à des abribus, c’est con, parce que ça appartient à tout le monde. C’est à nous, le peuple ! Qu’ils cassent des boutiques de bourges, ça ne me dérange pas." 

Pendant ce temps, c’est un kiosque de presse qui est à son tour visé et aussi le parti-pris des journalistes la presse. Les vitres volent en éclat et sont détruites à coups de pieds. Un homme y allume le feu sous les cris de "Tout le monde déteste BFM"
Face aux casseurs, la police tire au LBD (lanceur de balles de défense).

13h20 - 7 à 8.000 manifestants à midi à Paris, selon l’Intérieur

Entre 7 et 8.000 personnes manifestaient à la mi-journée samedi à Paris à l’occasion de l’acte XVIII des gilets jaunes "ce qui en fait une petite manifestation", n'a pas hésiter à déclarer Christophe Castaner. Le ministre de l’Intérieur l’a affirmé au cours d’une visite à la préfecture de police de Paris, qui indiquait avoir déjà procédé à 64 interpellations.

A 13h20 - Le rassemblement des Champs-Elysées est éclaté. 

Les camions de la gendarmerie ont repris l’avenue. Environ 3.000 manifestants sont bloqués. D'autres manifestants sont dirigés par la police vers les rues perpendiculaires aux Champs.

Les kiosques à journaux qui se consument dans les flammes sont le symbole de la défiance des Français à l'encontre des journalistes militants qui participent à la désinformation imposée par l'Elysée. "C’est malheureux", déplore une vieille dame. 
A coté d’elle, une jeune femme sort de la cohue. "C’est pire que le 1er décembre. Mais Macron ne veut rien entendre ! Jusqu’où va-t-il falloir aller pour que l’on nous écoute ?", hurle une manifestante les yeux rouges de lacrymo. 
Place de l’Etoile et plus bas de l’avenue, des affrontements tendus ont lieu. 
Au milieu du chaos, les pompiers éteignent - sous protection policière - les multiples feux allumés le long de l’avenue. 
Le restaurant Le Fouquet’s a été saccagé (photo ci-dessous).

13h35. La marche pour le climat s’est élancée vers République

"On est au cœur de deux jours qui vont marquer la mobilisation pour la justice sociale et climatique", raconte la sono après quelques chansons du groupe écolo Kalune. La marche pour le climat est partie de la place du Trocadéro (l’un de ses quatre points de départ) sous un soleil intermittent de printemps. Aux cris désormais connus de "Fin du monde, fin du mois, c’est pour nous le même combat", quelques milliers de gilets jaunes et militants contre le réchauffement climatique cherchent à concrétiser la convergence des mouvements. En tête de cortège, où l’on voit côte à côte le réalisateur Cyril Dion, l'ex-ministre du Logement de Hollande et activiste EELV Cécile Duflot (recyclée à Oxfam) et le gilet jaune François Boulo, les militants d’Alternatiba se griment en jaune et insistent sur la cohérence de leur mouvement avec celui des gilets jaunes.
Une revendication partagée par le gros des manifestants. Pour Vincent, graphiste indépendant à Aulnay-sous-Bois et qui a participé à douze actes des gilets jaunes, la convergence est une évidence. "Les problèmes sociaux et les problèmes environnementaux vont de pair, il ne faut pas culpabiliser les citoyens mais viser les grosses entreprises. Arrêter d’arroser des golfs dans le désert et les paquebots qui font le tour du monde." Interrogé sur les violences des Champs-Elysées, alors que la manifestation passe la place de l’Etoile et les effluves de gaz lacrymogènes des affrontements récents, il répond qu’il refuse la "criminalisation d’une violence qui a été montée en épingle et qui n’est que la réaction à une violence qui dure depuis des années et qui forcément fait que la colère déborde".

13h50 - "C’est pire que le 1er décembre. Mais Macron ne veut rien entendre !"

En images. Acte XVIII des gilets jaunes : les Champs-Élysées saccagés

14h20 - Marche pour le climat


Vers Opéra. La marche pour le climat 

14h45. Au milieu des Champs, c’est Fouquet’s pour tout le monde
Les affrontements ont marqué l'avenue des Champs-Elysées. La marque canadienne Tara Jarmon, qui avait accueilli il y a quelques jours une collecte pour les femmes SDF, n’a pas été épargnée par les casseurs. Les mannequins de la vitrine habillés de robe d’été sont sur le sol de la boutique. 

Non protégées, les vitrines Lacoste et Longchamp ont volé en éclats, tandis que des dizaines de fioles de sérum physiologique jonchent le sol : elles sont utiles pour apaiser les effets des gaz lacrymogènes dans les yeux. "A Paris, ça bouge plus, estiment Geoffrey et Thomas, qui sont venus de Saint-Etienne. Il faut de la violence pour se faire entendre." Jusqu'à La Mongie...


Au milieu de l’avenue, c’est Fouquet’s pour tout le monde. Trois dames ont disposé une table de la brasserie saccagée en fin de matinée. Elles font mine de consulter la carte. "Il était bien Sarko, assis là-dessus", dit un homme en tâtant le coussinet des fauteuils. 
"Qui sème la misère récolte la colère", chante un groupe de gilets jaunes. 
Malgré les violences et les affrontements, les manifestants restent et remontent même en direction de l’arc de Triomphe. Aux abords de l’Etoile, les plus affamés se jettent sur un stand de streetfood. C’est l’heure du déjeuner et malgré les nuages répétés de gaz lacrymo, rien ne semble pouvoir arrêter les merguez de griller. 
Face au stand, la boutique Cartier est la cible des casseurs. Des gilets jaunes tentent d'arrêter les casseurs anticapitalistes. Sans succès.

15h15 - Les heurts reprennent sur les Champs-Elysées


15h45. Glucksmann, le candidat aux Européennes, et Faure (PS) s’affichent à la marche pour le climat


La marche pour le climat peut aussi servir de coup de com'. Place de l’Opéra, on a ainsi vu s’afficher côte à côte le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et le fondateur de 'Place publique', Raphaël Glucksmann. Tout sauf un hasard : quelques heures plus tôt, le PS a désigné Glucksmann tête de liste pour les prochaines élections européennes. 

16h00 - Trente personnes en garde à vue

La préfecture de police peut maintenant se flatter d'une centaine d'interpellations à Paris, et trente personnes placées en garde à vue, selon le Parquet de Paris. 
En marge des incidents qui ont émaillé la zone, un important incendie s’est déclaré dans un immeuble situé près des Champs-Elysées, boulevard Roosevelt. Onze blessés légers sont à déplorer.
Le ministère de l’Intérieur annonce 14.500 personnes mobilisées pour l’acte XVIII  des gilets jaunes, à 14 heures dans toute la France.

16h30. La marche pour le climat converge vers République


Dans le cortège de la marche pour le climat, à Paris. 

17h. Le Fouquet's brûle; Edouard Philippe se déplace pour pallier l'absence de Macron

De très nombreux magasins continuent d'être mis à sac sur les Champs-Elysées ce samedi après-midi. Le Fouquet's, pillé plus tôt dans la journée, est maintenant incendié. Les affrontements avec les forces de l'ordre font rage : tirs, grenades, fumée.
Au même moment, à quelques mètres de là, le Premier ministre Edouard Philippe s'est fendu d'une visite aux forces de l'ordre pour les féliciter. «Merci pour ce que vous faites», a dit le chef du gouvernement à plusieurs responsables policiers dans le quartier des Champs-Elysées. «C’est absolument nécessaire dans ces circonstances exceptionnelles», a renchéri le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner qui l’accompagnait.
Le Fouquet's en flammes

17h30. Environ 50 000 participants à la marche pour le climat

On connaît désormais les différentes estimations du nombre de participants à la "marche du siècle", la marche pour le climat organisée à Paris ce samedi après-midi. Le comptage indépendant réalisé par le cabinet Occurrence pour plusieurs media monte à 45.000 manifestants, contre 36.000 pour la préfecture de police et 107.000 pour les organisateurs. 
Les chiffres sont grossis à des fins d'image à l'international, pensez-vous? En fait, la presse nationale n'a d'autre souci avoué que de creuser l'écart entre les deux manifestations du jour... Et cela d'autant que les sympathisants des Gilets jaunes étaient nettement plus nombreux que prévu.

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