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vendredi 22 mars 2019

Gilets jaunes : l'annonce de Macron de mobiliser l'armée crée un malaise chez les militaires

La troupe traîne les pieds pour suivre sa hiérarchie

L'opération de communication du gouvernement est mal vécue par les soldats


Ils ne seront pas face aux manifestants: la consigne aux militaires est l'évitement... 
"Il fallait laisser tuer les civils au Bataclan pour
préserver la vie des soldats" (Gl Bruno Le Ray) 
Après l'infiltration d'activistes de l'ultra-gauche parmi les Gilets jaunes, notamment à Paris le samedi 16 mars, Emmanuel Macron et le gouvernement promettaient des "mesures fortes". Mais, à grand renfort de communication, ils ont accouché de limogeages à la préfecture de police de Paris de subalternes de Castaner qui les accuse de tous les maux et de la mobilisation de militaires qui ne sont pas des gendarmes, spécialisés dans le maintien de l'ordre, samedi 23 mars.

Ces combattants du ministère des Armées seront affectés à la sécurisation de certains lieux sensibles en lieu et place de forces de sécurité intérieure (police ou gendarmerie), lesquelles seront alors disponibles pour assurer des missions de maintien de l'ordre face aux manifestants. L'armée en elle-même n'est pas une force de maintien de l'ordre : elle est déjà déployée sur le territoire national à titre exceptionnel, dans le cadre d'une opération antiterroriste, Sentinelle.

Des réactions indignées de toutes parts

Surfant sur l'exaspération de commerçants qui réclament qu'on "envoie l'armée aux Gilets jaunes"Macron mobilise des militaires qui, en réalité, ne seront pas face aux manifestants.

Cette annonce fumeuse a ainsi inspiré à Bruno Retailleau (LR) la critique d'une "décision funeste". Dans la foulée de la polémique sur les consignes données aux policiers de ne pas intervenir et de laisser les violences se poursuivre, on imagine l'inquiétude des militaires à l'idée d'être jetés dans l'arène sociale, sans les protections dont bénéficient les effectifs de maintien de l'ordre, tels que boucliers et jambières.

L'"innovation" de Macron est un dispositif déjà utilisé dans le passé...
Le malaise est palpable parmi les personnels du ministère de Florence Parly où l'annonce du gouvernement a été très mal perçue. Non seulement l'annonce de Macron a laissé penser que des soldats en armes pourraient jouer le rôle de CRS, ce qui s'avère faux, après mise au point, mais en plus, elle ternit le lien entre les citoyens et l'armée, pourtant crucial pour assurer le recrutement.

Au point presse hebdomadaire du ministère des Armées, jeudi 21 mars à Paris, les services de communication ont dû essayer de faire bonne figure. "Il n'y a rien de nouveau par rapport à ce qui était déjà réalisé les week-ends précédents ", a assuré le colonel Guillaume Thomas, porte-parole adjoint de l'Etat-major des armées, "car nous poursuivons notre mission antiterroriste et il n'est pas question d'envoyer des militaires faire du maintien de l'ordre : ils ne sont ni entraînés, ni formés, ni équipés à cet effet". Dont acte. 
"Simplement, nous adaptons notre dispositif ce week-end à la demande du ministère de l'Intérieur, et cette adaptation a déjà été utilisée par le passé3, a-t-il précisé. De quoi relativiser un peu plus l'opération de communication du gouvernement, qui a prétendu innover en mettant un coup de projecteur sur un dispositif déjà existant.

Ouvrir le feu face à des manifestants est concevable par le gouverneur de la place de Paris

Bruno Le Ray, gouverneur militaire de Paris, fait froid dans le dos.
Un véhicule de l'opération Sentinelle incendié à Paris, le 9 février 2019

Interrogé sur le risque de générer des situations dangereuses, par exemple si des militaires se trouvent encerclés par des manifestants violents et n'ont d'autre choix que d'ouvrir le feu pour se dégager, ce général de corps d'armée, commandant de l’opération Sentinelle en Ile-de-France depuis 2015, a botté en touche : "Il n'y a pas de raison de s'inquiéter, parce qu'il n'y a pas de raison de voir des soldats de l'opération Sentinelle au contact des émeutiers." "Les consignes sont les mêmes que pour les week-ends précédents: les soldats savent anticiper les situations et, le cas échéant, faire appel aux forces de sécurité intérieure s'ils étaient témoins de pillages ou d'autres exactions ou pour se dégager d'une situation problématique", a encore assuré l'officier. Il semble clair que les militaires ont pour instruction de ne pas s'approcher des zones à risque, et les sites qu'ils sécuriseront samedi seront géographiquement éloignés des lieux d'affrontements. 
Membre du Bureau exécutif de La République en Marche, déléguée nationale à la société de la connaissance, professeur de droit, directrice d'un réseau scolaire international, journaliste et nièce de Pierre Mendès-France, la députée Ilana Cicurel précise que les militaires ne seront pas dans Paris : même pas aux abords du "site sensible" du Palais présidentiel ?

Mais, au final, compte tenu de la mobilité fulgurante des groupes violents, notamment l'extrême gauche violente du 'Black bloc', et du parcours incertain des cortèges, le risque est réel de voir des militaires de Sentinelle pris à partie. C'est d'autant plus crédible que lors de l'acte XIII des Gilets jaunes, samedi 9 février à Paris, une voiture de patrouille Vigipirate avait été saccagée puis incendiée près de la tour Eiffel, rappelle Le Point. Les militaires n'étaient pas dans le véhicule et n'ont donc pas eu à réagir face aux manifestants. 
PaSiDupes rappelle au Point ce que sa sélection occulte :
Mais si, à l'avenir, des soldats se trouvaient piégés, il est hors de question pour eux de ne pas se défendre, et de risquer de se faire voler leurs armes (c'est bien connu, un militaire n'abandonne jamais son arme). Alors, ouvriraient-ils le feu, en état de légitime défense, si leur vie était menacée ? "Ce sont des combattants", conclut le colonel Thomas. Comprenne qui voudra. Ou non.

Pour mémoire
Pourquoi les soldats de l’opération sentinelle ne sont-ils pas intervenus au Bataclan? "Il est impensable de mettre des soldats en danger dans l’espoir hypothétique de sauver d’autres personnes."
Telle aurait été la réponse à la plainte de 17 familles de victimes par le gouverneur militaire de Paris de l’époque, le général Bruno Le Ray, toujours en poste aujourd’hui…

Déclaration du général, lors des auditions qui ont fait suite aux assassinats du 13 novembrer 2015, revendiqués par l'organisation Etat islamique,
quand les soldats de l’opération Sentinelle ne sont pas intervenus :
Pourquoi des militaires présents près du Bataclan le soir du 13 novembre n’ont-ils pas eu le droit d’intervenir ? Dénonçant l’absence de réponse « précise » depuis deux ans et demi, une trentaine familles de victimes ont décidé de déposer plainte à Paris.
Une trentaine de victimes ou familles de victimes de l’attentat du Bataclan vont déposer plainte contre X vendredi à Paris pour « non-assistance à personne en péril » afin qu’une enquête soit menée sur l’absence d’intervention de militaires le soir du 13 novembre 2015, a-t-on appris auprès de leurs avocats.
« Deux ans et demi après les attentats, les familles de victimes ne comprennent toujours pas pourquoi on a empêché, sur ordre, huit militaires de l’opération Sentinelle présents devant le Bataclan d’intervenir. Nous voulons une réponse précise », a expliqué à l’AFP l’une des avocates, Samia Maktouf, confirmant une information du Parisien.
« On leur a interdit une intervention physique, c’est-à-dire de rentrer (dans le Bataclan), mais aussi le prêt de matériel médical de premiers secours à des policiers », a-t-elle affirmé, estimant qu’« on n’aurait peut-être pas empêché la mort de 90 personnes mais au moins évité des hémorragies qui ont donné la mort ».
« Négatif, vous n’engagez pas les militaires, on n’est pas en zone de guerre »
Quatre-vingt dix personnes ont été tuées au Bataclan le 13 novembre. D’autres attaques jihadistes menées à Paris et Saint-Denis le même soir ont au total fait 130 morts.
Le soir du 13 novembre, alors que la prise d’otages débutait au Bataclan, huit militaires du 1er régiment de chasseurs de Thierville (Meuse) s’étaient retrouvés parmi les premières forces de l’ordre sur place aux côtés de policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) du Val-de-Marne.
Dans un rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 13-Novembre, un officier de la BAC du Val-de-Marne racontait notamment avoir demandé l’autorisation de les faire intervenir afin « d’atteindre le terroriste embusqué derrière l’issue de secours ». « Devant la commission, il a expliqué avoir reçu pour réponse de la Préfecture de police de Paris : « Négatif, vous n’engagez pas les militaires, on n’est pas en zone de guerre »L’un des militaires lui aurait également indiqué qu’il ne pourrait engager le feu, faute d’avoir reçu un ordre en ce sens », décrit le rapport.
Lors des auditions, la question du non-engagement des militaires avait également été posée au gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Le Ray. « Sa réponse a été aussi froide et violente qu’inacceptable : « il est impensable de mettre des soldats en danger dans l’espoir hypothétique de sauver d’autres personnes » », affirment les avocats dans un communiqué commun.
Selon eux, d’autres victimes pourraient se joindre à cette démarche « qui vise à établir clairement toutes les responsabilités et savoir précisément quelles sont les missions de Sentinelle, s’il ne s’agit pas d’intervenir lorsque des civils sont attaqués à l’arme de guerre ».
Source : Libération (la rédaction, anonymement et solidairement,  
 08/06/18)

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