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vendredi 14 août 2015

Pour le sanctionner, la SNCF paie un cadre à ne rien faire

La sanction en or d'un salarié d'entreprise publique

Charles Simon est payé 5.500 euros par mois pour rester chez lui 

A la suite d'un conflit avec son employeur, il attend que l'Etat lui trouve une affectation.  Avant d'avoir atteint l'âge pourtant précoce de la retraite, Charles Simon, ingénieur des mines et diplômé de l'ESSEC de 55 ans et salarié de la SNCF où il est cadre supérieur, a tout loisir de sillonner la France, puisqu'il ne paie pas le train, de rendre visite à ses nombreux copains et de participer à toutes les grèves qui passent. 
Depuis qu'il était quadragénaire, il y a douze ans, l'ingénieur de Saint-Quentin (Aisne), a blanchi sous un harnais froid en attendant que l'entreprise publique l'aiguille sur un nouveau poste. Il ne se plaint pas de la peine qui lui a été infligée au temps de sa jeunesse, car son employeur ne l'a jamais astreint à la moindre présence dans un quelconque bureau. Il est "placardisé", mais à l'air libre, sans aucune contrainte, bracelet électronique ou obligation de pointer où que ce soit. Il prend son mal en patience, "notre" ingénieur (puisque c'est l'Etat qui le paie, c'est-à-dire, n'en déplaise à F. Hollande, le président socialiste à côté de la plaque): le petit nombre de citoyens qui paie des impôts ne savait pas pourquoi il se se levait en maugréant pour aller travailler.
Un emploi fictif parmi d'autres ?
Leur protégé n'est pas banquier comme l'imagine la littérature syndicale de la CGT et politique du Front de gauche. Olivier Besancenot est pourtant porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), ex-LCR (Ligue communiste révolutionnaire), mais ça ne le révolutionne pas... Si Charles Simon ne fume pas le cigare et si ses poches ne débordent pas de billets de 50 euros, comme dans les dessins de propagande des anti-libéraux, il est en effet des leurs.
Il perçoit en brut chaque mois 5.496,69 euros en dormant, y compris une indemnité de résidence et une prime de gestion. Pour cette fois, on ne va pas pour autant calculer combien de SMIC sont ainsi dilapidés, ce serait mesquin.  Ces généreux Français-là sont solidaires du travailleur sanctionné et basta ! N'auraient-ils pas pourtant débusqué un spécimen de profiteur, parmi d'autres, d'une niche sombre et profonde, mais 'cosy', comme la gauche au temps où elle était dans l'opposition se gardait bien de les dénoncer?

Le prix du silence ? 

Francetvinfo se range du côté du pouvoir

"Un cadre de la SNCF affirme être payé à ne rien faire depuis 12 ans [...] Ce cadre raconte attendre depuis douze ans une affectation de la part de l'entreprise."

Entré en 1991 à la SNCF, il a été détaché en 2003 auprès de sa filiale Geodis Solutions, société de transport et de logistique. Là, il découvre "une fraude de 20 millions d'euros au préjudice de la SNCF"
Affecté à Saint-Denis, domicilié à Saint-Quentin "Ces manoeuvres frauduleuses concernaient, entre autres, la dissimulation d'un rapport de la Cour des comptes relatif au chantier Éole (ligne E du RER) ainsi que des détournements de fonds lors de la construction du TGV Nord", détaille-t-il. 

Suite à sa remontée de l'information à sa hiérarchie dans un rapport confidentiel, Charles Simon est mis à la disposition de la SNCF qui, depuis, ne lui a jamais proposé d'affectation, affirme la "victime" qui est défendue par l'avocat William Bourdon. Plus précisément, cet ancien lauréat de la Fondation de France est, certes, de temps à autre convoqué par la direction des ressources humaines pour évoquer sa carrière, mais ensuite aucun poste ne lui est proposé.  

Tout cela, Charles Simon l'a expliqué dans une lettre à Guillaume Pepy, datée du 27 mai. Or, le président de la SNCF n'a pas trouvé le temps de lui répondre. Trop occupé à indemniser les retards de trains et à gérer les grèves. 

Pépy a également reçu un courrier de l'ancien ministre socialiste Michel Delebarre (le préfet hors cadre sans avoir jamais été préfet) qui le prie de "bien vouloir apporter des informations sur ce dossier".

Plus militante, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann aggrave son cas en présentant Charles Simon comme un "lanceur d'alerte". La conseillère régionale de la région Nord-Pas-de-Calais (2004) rappelle : "A la suite de la dénonciation de manoeuvres frauduleuses sur plusieurs ouvrages de la SNCF, il se trouve victime de discriminations.

Député de l'Essonne comme la précédente, Nicolas Dupont-Aignan demande à Guillaume Pepy "réparation du préjudice" subi par Charles Simon. 

Pas de dommages et intérêts 

"L'attitude de la SNCF n'est pas défendable. Soit il y a bien eu des agissements frauduleux, et il convenait de mener une enquête pour savoir où sont passés 20 millions d'euros. Soit je me trompe, et la compagnie ferroviaire avait largement le temps de prétendre depuis 2003 que tout était clean et qu'il n'y avait rien à voir. Elle ne l'a jamais fait", constate Charles Simon. 

Curieusement, à 55 ans, son employeur aurait pu le mettre à la retraite, comme tout employé de la SNCF. Pépy et les ministres des Transport l'a laissé... en "activité". La situation ubuesque  de ce cadre "placardisé" est bien connue au plus haut niveau de l'entreprise ferroviaire publique. "Charles Simon est bien employé de la SNCF. Il a déjà déposé une demande de dommages et intérêts, mais il a été débouté par le conseil des prud'hommes de Paris en 2011. Comme nous avons un lien contractuel avec lui, nous ne nous exprimons pas sur le reste", déclare une responsable du service de presse.
Pour aller plus loin, prenez le train suivant.

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