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vendredi 7 août 2015

Egypte: la com' de Hollande surfe sur le canal de Suez


En mettant Hollande en vedette, notre presse tente d'éclipser l'inauguration en grande pompe de l'élargissement du canal de Suez

Au côté du maréchal-président, 
Hollande, présenté comme l'invité d'honneur, malgré plusieurs homologues
On aperçoit Hollande au fond, troisième à partir de la gauche
Le président Abdel Fattah al-Sissi, qui dirige l'Égypte d'une main de fer, a inauguré ce jeudi le doublement du canal de Suez, à la tête d'une fastueuse parade navale et en présence de nombreux chefs d'État, parmi lesquels le Français François Hollande, parmi plusieurs présidents africains. Joseph Kabila (république démocratique du Congo), Teodoro Obiang Nguema (République de Guinée équatoriale), le Béninois Boni Yayi ou encore le Soudanais Omar el-Béchir qui fait l’objet de deux mandats d’arrêt de la CPI étaient de la partie. A ceux là s’ajoutent l’émir du Koweït, le président palestinien Mahmoud Abbas, le roi Abdallah II de Jordanie et le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, exilé depuis plusieurs mois en Arabie Saoudite.

Les festivités visaient à relancer une économie à genoux. La cérémonie a cependant été ternie par la menace d'une nouvelle atrocité du groupe djihadiste État islamique (EI), dont la branche égyptienne menace d'exécuter un jeune otage croate travaillant pour une compagnie française. 
Ex-chef de l'armée qui a destitué en 2013 l'islamiste Mohamed Morsi, le maréchal réprime implacablement toute opposition eveut rassurer touristes et investisseurs étrangers en proclamant qu'il a restauré la sécurité.

Ouvert en 1869, le canal de Suez relie la mer Rouge et la mer Méditerranée. C'est l'une des routes essentielles du commerce mondial et une source précieuse de devises pour l'Égypte, qui cherche à relancer une économie en crise depuis le "printemps arabe" de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir.

Défilé militaire de Rafale français et de F16 américains

Al-Sissi, en grand uniforme de maréchal à la retraite, a conduit la parade à bord du yacht qui avait transporté l'impératrice française Eugénie, l'épouse de Napoléon III, lors de l'inauguration du canal en 1869. Il était suivi de la frégate multi-mission Fremm franco-italienne achetée à la France, tandis qu'un grand défilé aérien a mis à l'honneur les trois premiers Rafale, avions de combat français  commandés à Paris et huit F16 récemment livrés par le grand allié américain.
 
La France qui avait condamné le coup d'État contre le président Morsi en 2013 ne boude plus l'Égypte.
"Invité d'honneur" de la cérémonie et flanqué de son flamboyant ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, Hollande - seul  président européen présent - a pris place au côté d'al-Sissi, qui avait revêtu un costume civil pour recevoir ses homologues étrangers. Les 6 milliards dépensés par le président Abdel Fattah al-Sissi pour acheter 24 rafales et un navire de combat ont largement contribué au réchauffement des relations même si l'annonce de François Hollande en février dernier n'avait pas été vraiment à la hauteur, lorsque le président s'était emmêlé les pinceaux et avait parlé d'une transaction avec l'Inde avant de se corriger et de mentionner l'Égypte...
VOIR et ENTENDRE le bouffon du maréchal se mélanger plusieurs fois les crayons lors de sa conférence de presse à Bruxelles au sommet européen, jeudi 12 février dernier:

"En un an, les Égyptiens ont produit un très grand effort pour offrir un cadeau au monde", s'est ému al-Sissi. Le chef de l'État a été interrompu par les sirènes de deux gigantesques portes-conteneurs, premiers navires à emprunter la nouvelle voie du canal sous les applaudissements des invités. 
L'élargissement du canal représente l'un des travaux phares de l'Egypte, qui avait lancé en grande pompe ce projet comprenant l'ouverture d'une nouvelle voie doublant, sur 35 km, le célèbre canal long de 193 km et l'élargissement et l'approfondissement d'un tronçon sur 37 autres kilomètres. Le président égyptien avait donné un an pour réaliser ce projet. Pari tenu, grâce à une souscription de quelque neuf milliards de dollars qui a attiré de nombreux Égyptiens.


La nouvelle voie doit permettre de doubler le trafic à l'horizon 2023, assure Le Caire, promettant quelque 97 navires par jour sur le canal contre 49 actuellement. La nouvelle artère permettra la circulation dans les deux sens, réduisant de 18 à 11 heures l'attente des bateaux, et doit faire passer les revenus du canal de 5,3 milliards de dollars (environ 4,7 milliards d'euros) attendus en 2015 à 13,2 milliards de dollars (11,7 milliards d'euros) en 2023, selon les autorités.

Mais, pour des experts du commerce international, c'est un très coûteux "voeu pieux", voire un gaspillage, que Hollande "honore" de sa présence, au moment où la croissance du commerce mondial marque sensiblement le pas, notamment les ventes du pétrole du Moyen-Orient. "La priorité pour les armateurs, c'est de réduire les coûts du transport, pas d'accroître sa vitesse", commente Ralph Leszczynski, directeur des recherches de la compagnie de courtage maritime italienne Branchero Costa. "La tendance récente est de réduire la vitesse des navires pour réduire la consommation de carburants", explique-t-il, concluant : "Au bout du compte, tout le monde est content de faire la queue" pour passer le canal de Suez, "pourvu que l'on paye moins cher".

Un Croate menacé d'exécution

Pour le maréchal, toujours avide d'une reconnaissance occidentale depuis qu'il a destitué l'islamiste Morsi, ce "nouveau canal" vise aussi à asseoir sa légitimité sur la scène internationale. Sa popularité est très grande au sein d'une population égyptienne lassée par quatre années de chaos. Mais, élu présidentielle (28 mai 2014) avec 96,1 % des suffrages et bien qu'il ait à juguler l'opposition islamiste, les organisations internationales de défense des droits de l'homme le stigmatisent, jugeant son régime plus autoritaire que celui de Moubarak.

En représailles, l'Égypte est le théâtre de nombreux attentats perpétrés par des groupes djihadistes en lutte pour la prise du pouvoir, dont la branche locale de l'EI, "province du Sinaï". Ces djihadistes ont ainsi menacé mercredi d'exécuter dans les 48 heures un Croate de 30 ans, Tomislav Salopek, enlevé près du Caire en juillet, si le gouvernement ne libère pas "les femmes musulmanes" emprisonnées. L'exécution de ce père de deux enfants travaillant pour la compagnie française d'exploration pétrolière CGG changerait la donne pour al-Sissi en effrayant les touristes, déjà moins nombreux, et les nombreuses entreprises étrangères présentes en Égypte.

Cette cérémonie était donc l’occasion de rappeler le combat de l'Egypte contre le terrorisme. Si les groupes djihadistes "ne font que détruire, nous bâtissons," a lancé le maréchal. "Notre combat continue et nous allons vaincre le terrorisme", a affirmé le chef de l’État en rendant également hommage aux forces de l’ordre.

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