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jeudi 27 août 2015

Gaspillage alimentaire : Ségolène Royal se trompe encore d'adversaire

La ministre s'en prend aux petits  gaspilleurs et néglige les gros: les ménages, élections obligent !

La grande distribution entre en résistance

La ministre croyait trouver un moyen de se valoriser mais pédale à nouveau dans le Nutella. Dans sa croisade contre la pâte à tartiner, Ségolène Royal avait déjà décroché la palme des reculades, après avoir déclenché la colère des lobbies de l'huile de palme et des responsables politiques italiens en critiquant Nutella qui en France, représente 330 personnes en Haute-Normandie. A Villers-Ecalles, en Seine-Maritime, l'usine Nutella produit 155 millions de pots par an, soit un tiers de la production mondiale. "Il faut replanter massivement des arbres, parce qu'il y a eu une déforestation massive qui entraîne aussi du réchauffement climatique. Il faut arrêter de manger du Nutella, par exemple, parce que c'est de l'huile de palme," avait exorté Royal. Mais, accompagnée de sa fille, Agnese Renzi -épouse du camarade socialiste Matteo- avait ostensiblement commandé et mangé une crêpe au Nutella et à la chantilly, geste dont se sont beaucoup amusés les media italiens. Tant et si bien qu'en deux jours de fronde du groupe Ferrero, la battue de la présidentielle 2007 avait senti le rance: les gravissimes conséquences sanitaires et environnementales de la pâte à tartiner italienne, en plus de sa timide condamnation du désherbant Rondup, lui apparurent tout à coup moins dignes de sa royale colère qu'au départ de sa campagne. Elle recycla piteusement le patinage dans la semoule en rétropédalage dans le Nutella:
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De plus en plus amère, Royal passe donc des portiques électroniques au gaspillage alimentaire

Les portiques électroniques !


Après avoir torpillé définitivement les portiques autoroutiers prévus pour la taxe poids lourds - par crainte d’un blocus des routiers- le pouvoir socialiste a préparé leur démantèlement partiel mais, à l'approche des régionales en décembre, il se hâte à vitesse limitée, car la ministre de l'Environnement n'a pas renoncé à faire payer les camions étrangers qui traversent la France. Pour enterrer les portiques qu'elle juge "coûteux", la sournoise prémédite de les obliger à "utiliser les autoroutes plutôt qu'à encombrer les routes", en faisant payer l'autoroute aux camions, l'État "pourra en prélever une partie".

De surcroît, la ministre de l’écologie est de plus en plus virulente contre le gaspillage alimentaire. 
Ségolène Royal a convoqué la grande distribution jeudi 27 août, décidée à leur " mettre la pression" pour parvenir à un accord contre ce fléau, qu’elle a jugé ' tout simplement insupportable". La réunion devait déboucher sur une convention d’engagements volontaires de la part des distributeurs, la plupart des grandes marques s’étant immédiatement déclarées prêtes à signer un tel document. "Auchan est pleinement favorable à cette approche pragmatique, qui permet de s’appuyer sur les actions déjà entreprises, de partager les bonnes pratiques et de structurer la démarche", s’est réjouie l’enseigne, tandis que le groupe Casino (Géant, Franprix, Monoprix, Leader Price...) a indiqué qu’il " signera la convention (...) afin de réaffirmer son engagement dans la lutte contre le gaspillage alimentaire". Autrement dit, les cibles de Mme Royal sont sereines, puisqu'elles ne l'ont pas attendue pour s'engager dans cette lutte qui en fait les gaspilleurs les plus modérés.

Des consignes ministérielles déjà en vigueur du plein gré des enseignes...
Leur concurrent Carrefour a aussi précisé qu’il signerait le texte jeudi au ministère. Tout comme le Groupement des Mousquetaires (Intermarché et Netto), qui affirme avoir "toujours été favorable aux dispositions législatives sur la lutte contre le gaspillage alimentaire". Sans oublier de préciser que ses enseignes "appliquent depuis déjà plusieurs années les mesures prévues dans la loi sur la transition énergétique".
De la même manière, Auchan et Casino ont tenu à souligner que la plupart des engagements que va leur réclamer Ségolène Royal sont déjà pratique courante dans leurs magasins. Ainsi, Auchan indique que 100 % de ses hypermarchés " pratiquent chaque jour le don avec différentes associations : Restaurants du cœur, banques alimentaires, épiceries sociales, Secours populaire... » Pour Casino, "c’est 100 % des hypers, 80 % des supermarchés et plus de 180 magasins Monoprix" qui ont déjà établi une convention avec une association caritative. A l’échelle du groupe, 4.300 tonnes de produits ont été redistribuées en 2014, soit l’équivalent de 8,6 millions de repas.

"La ministre fait son cinéma"
S’estimant injustement montrées du doigt, d’autres enseignes ont réagi plus vertement à la convocation de Ségolène Royal, comme le  PDG de Système U, Serge Papin -proche du PS-  qui s’est dit jeudi matin sur RTL "un petit peu surpris du ton employé par la ministre, nous désignant comme seuls coupables ".
"La grande distribution dans son ensemble est le premier distributeur aux banques alimentaires, c’est quand même 120 millions de repas qui sont distribués chaque année, et c’est en croissance…"

Michel-Edouard Leclerc, PDG de l’enseigne E.Leclerc, a quant à lui ironisé sur cette réunion qui a lieu "parce que c’est la rentrée politique !" "La ministre fait son cinéma", a-t-il lancé jeudi matin sur Europe 1. Le responsable a avancé que sa marque distribue déjà "26.000 tonnes de denrées alimentaires sous forme de dons aux associations, dont 6.000 tonnes aux banques alimentaires" .

"Il faut que l’Etat s’engage. (...) Il faut doter ces associations. (...) Il manque des frigos, des camions, des bénévoles, probablement un peu de soutien salarial et organisationnel. (...) Donnez les moyens aux collectivités locales d’obtenir le tri dans les écoles, dans les cantines, dans les lieux où l’Etat donne de l’alimentation."

Encore une ministre socialiste qui n'étudie pas ses dossiers
La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) estime que la grande distribution est "le premier donateur aux associations", avec 31 % des dons, et souligne que le secteur n’est responsable que de 5 à 10 % du gaspillage alimentaire en France, loin derrière la restauration (15 %) ou les ménages (70 %). Elle a par ailleurs augmenté depuis deux ans de 3 % ses dons de repas aux associations et amélioré de 15 points son taux de recyclage des déchets, selon une étude parue mercredi, et menée par l’Essec (école de commerce), PwC (cabinet d’audit) et la FCD.
La ministre s'est encore plantée. Au chapitre des initiatives, Leclerc, Intermarché et Système U soulignent avoir noué des partenariats avec la start-up "Zéro gâchis" pour instaurer des rayons spéciaux pour les produits à date courte, vendus à tarifs réduits, jusqu’à - 70 %. Quant aux deux enseignes Auchan et Casino,  elles font valoir qu’elles mènent déjà en magasins des actions de sensibilisation, en distribuant des brochures anti-gaspillage ou en permettant aux clients de mieux maîtriser leurs achats : vente en vrac, petits conditionnements...

De son côté, Nicolas Chabanne, le responsable des "Gueules cassées", a proposé à la ministre et à la FCD de généraliser l’utilisation d’étiquettes " antigaspi", qui permettent d’indiquer de manière très visible que le produit est proche de sa date limite de consommation. Ces étiquettes portent la mention " - 50 % Stop au Gaspi ! Bon à consommer, pas à jeter ! ". Lancées il y a huit mois, "elles marchent très bien dans les magasins qui les utilisent", a affirmé N. Chabanne. Depuis l’année dernière, ce collectif a aussi convaincu des centaines de points de vente de commercialiser des fruits, légumes, fromages et céréales présentant des défauts mais propres à la consommation.
L'opération anti-gaspi de Mme Royal est-elle voué au retentissant fiasco de sa précédente campagne contre... le string à l'école ?

Savoir si la première mesure gouvernementale ne serait pas de virer ses bouches à nourrir inutiles... 
Pensez plutôt ! La majorité claironne que le gouvernement aurait réussi le tour de force de la stabilisation des chiffres du chômage, malgré 1.900 demandeurs d'emploi de plus. Or, le poste de ministre du Travail reste vacant: son titulaire, François Rebsamen, a remis sa démission le 19 août et n'a toujours pas été remplacé au 28 août, malgré une obligation d'abandon dès le 27 juillet, pour cause de non cumul des mandats. Il ne pourrait trouver preneur avant le 9 septembre, de l'aveu du maire de Dijon. Ce ministère est-il vraiment indispensable ?

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