Décentralisation ou comment se décharger sur les régions en frappant les Français de plus bel au portefeuille
Suppression de certaines lignes ou tronçons et de quatre trains de nuit Intercités
Ces lignes touristiques dont Paris veut l'extinction |
Commandé par le ministère des Transports, ce rapport d'un élu PS va sans le sens de la gestion comptable souhaitée par le gouvernement Valls
Ces recommandations cherchent à atténuer le déficit annuel d'exploitation des Intercités qui atteindrait entre 300 et 400 millions d'euros, selon les estimations, soit 30 à 40% du chiffre d'affaires total, a publié Le Parisien/Aujourd'hui-en-France.
Si les préconisations du rapport étaient appliquées, seuls seraient conservés les trains de nuit entre entre Paris et Briançon, Rodez, Toulouse et Latour-de-Carol, le rapport estimant que les autres sont coûteuses et peuvent être remplacées par des liaisons existantes, plus rapides par train ou avion, ou de nuit par... autocar. En journée, la commission préconise de supprimer les Intercités sur cinq tronçons de lignes, sur lesquelles il existe également des dessertes TGV ou TER : Toulouse-Cerbère, Quimper-Nantes, Bordeaux-Toulouse, Marseille-Nice et Saint-Quentin-Cambrai.
Les 320 trains qui circulent sur les 35 lignes Intercités (35 lignes : 23 de jour et 12 de nuit) transportent quotidiennement quelque 100.000 voyageurs,
ce qui correspond à un taux de remplissage moyen estimé à 35%, contre 70% pour le TGV par exemple. L'autocar peut prendre le relais du train pour effectuer certaines liaisons rapides entre grandes villes et le gouvernement mobilise ses relais médiatiques pour assurer que "le bon vieux 'corail' a du plomb dans les catenaires", du fait de doublons avec le TER, de la concurrence du bus ou du co-voiturage.
Un aller-retour en InterCités, Quimper-Nantes par exemple, c'est 77€20 plein tarif, 38€ euros pour les jeunes de moins de 26 ans. Il y en 2 par jour : 6h20 et 10h11 au départ de Quimper et retour de Nantes à 15h20 et 19h05. En voiture, le trajet se fait en 2h46 pour 234 km et 29.64€ de carburant. En co-voiturage, il peut revenir à moins de 15€ par passager. Mais les personnes plus âgées? Si on prend toutes les tranches d'âge en compte, les trains Intercités ont leur utilité et leurs adeptes. Les services à la personne, c'est aussi ça.
Vers un démembrement du réseau Intercités ?
Quand les élus régionaux socialistes sacrifient leurs électeurs à la logique comptable du pouvoir. Le rapporteur Philippe Duron ne tourne pas rond. Le Quimper-Nantes figure parmi les lignes pointées du doigt par le rapport de Philippe Duron, député PS et ex-professeur d'histoire-gographie...
Mieux, il est toujours député du Calvados, en Bretagne, région péninsulaire qui se plaint de façon récurrente de son éloignement des centres décisionnaires parisiens. Mais ils élisent des parlementaires qui les desservent mieux qu'un train SNCF.
Le gouvernement commande mais n'assume pas
Dans un communiqué publié ce mardi, le secrétaire d'Etat foireux aux Transports, Alain Vidalies, se défausse, déclarant que "ce rapport, qui n'engage en l'état pas le gouvernement, va désormais être présenté aux commissions compétentes du Parlement": le désengagement moral et politique du gouvernement socialiste.
L'annonce inquiète certes les usagers mais aussi les écologistes. Il semble même que ce soit cette seule opposition d'EELV qui embarrasse le pouvoir.
Les Verts estiment qu'une fermeture de ligne serait "un très mauvais signal, au moment où on va faire la Conférence climatique en France, où l'on dit qu'il faut passer des déplacements automobiles vers les transports collectifs", déplore ainsi le député écologiste Denis Baupin, interrogé sur France Info ce matin.
Collectif de défense du service public du rail, Convergence Nationale Rail appelle à des manifestations depuis deux ans pour défendre le réseau des trains Intercités. Après avoir appelé au "sursaut" des élus pour défendre ces liaisons SNCF, le collectif organise des rassemblements sur les lignes menacées de disparition, notamment l'Intercités Aubrac qui relie Clermont-Ferrand à Béziers. Ce matin, France Info interrogeait le vice-président de ce collectif, sans le nommer:
Didier Le Reste a été patron de la fédération CGT des cheminots jusqu'en 2010, lorsqu'il a pris sa retraite à 55 ans. Pour ce cheminot, "le bus, c’est le début de la fin".
Les trains corails ne seraient "pas assez rentables et surtout vieillots".
Les trains corails ne seraient "pas assez rentables et surtout vieillots".
Train Inter-cités 'Le Cévenol'
entre Clermont-Ferrand et Nîmes
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A moins qu'ils soient jugés vieillots parce que peu rentables... Quel valeur ce critère de désuétude a-t-il en fait en termes de services publics et de traitement égalitaire des zones les moins peuplées -et en voie d'extinction économique- et d'engagement de l'Etat envers toutes les couches de la population -qui ne se déplacent pas toutes en voiture individuelle? Que signifient en régions les notions d'empreinte carbone laissée par les autobus dont Macron préconise la multiplication ou de développement durable brandies par les acteurs politiques?
L'ex-opposition ne dénonçait-elle pas la désertification des campagnes? En se désengageant, l'Etat laisse aux communes la lutte contre le désert administratif et le sauvetage des services à la population. L'Etat décentralisateur s'éloigne résolument de la France profonde. Hollande a-t-il besoin d'ajouter à son bilan cette nouvelle fracture territoriale ?
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