L'état de la République sous la dictature des juges et de la presse
L'affaire Woerth-Bettencourt fut déclenchée par Mediapart, journal trotskiste en ligne
L'affaire Woerth-Bettencourt fut déclenchée par Mediapart, journal trotskiste en ligne
Deux fois relaxé après avoir été traîné dans la boue, Eric Woerth demande des excuses de Aubry, Ayrault, Bartolone et Royal, "qui sont allés trop loin". L'ancien ministre UMP du Budget a en effet été blanchi jeudi 28 mai des accusations "d'abus de faiblesse" sur la milliardaire Liliane Bettencourt. "Je retrouve pleinement mon honneur", a souligné sur Twitter l'ancien ministre du Budget, député-maire UMP de Gentilly.
Aujourd'hui, le bouc émissaire réclame des comptes.
"J'aimerais que tous ceux qui ont été si prompts à m'accuser reconnaissent qu'ils sont allés trop loin", confie-t-il au Figaro. Et de citer Martine Aubry, l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ou encore Claude Bartolone et Ségolène Royal."On a cherché à me tuer socialement"
Interrogé sur Europe 1, l'ancien ministre revient sur les cinq ans de procédure judiciaire. "Ca change la vie, ça la plombe aussi", explique-t-il. "C'est compliqué à vivre". Dans Le Figaro, il affirme qu'"on a cherché à me tuer socialement. J'étais très visible (...) j'avais de bons résultats au gouvernement".
Désormais, Eric Woerth dit vouloir s'"investir encore plus en politique" pour "défendre (s)es convictions". Il s'apprête à sortir un livre sur la politique économique française et réaffirme sa loyauté envers Nicolas Sarkozy. "Je suis prêt à le suivre", lance-t-il. Mis à l'écart, l'ancien ministre pourrait retrouver la place qui est la sienne sur la scène politique française.
Le 16 juin 2010, les media exploitèrent les liens entre Éric Woerth et Liliane Bettencourt, femme d'affaires, actionnaire principale du groupe multinational L'Oréal et l'une des trois premières fortunes de France. Mediapart exploita des enregistrements réalisés clandestinement, au domicile de cette dernière, en 2009 et 2010 par Pascal Bonnefoy, le majordome de Liliane Bettencourt. Le site révolutionnaire en donna une présentation qui fit naître des soupçons et des procédures judiciaires visant notamment le ministre du Budget du gouvernement Fillon, ancien trésorier de l'UMP. Liliane Bettencourt fut soupçonnée de fraude fiscale et de conflits d'intérêts entre celle-ci et Éric Woerth, ministre du Travail depuis mars 2010.
L'ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, alla jusqu'à évoquer l'existence d'un possible financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, la cible réelle de la gauche, à la veille de l'ouverture de la campagne présidentielle. En août 2010 dans Le Parisien Eric Woerth dénonça une "chasse à l'homme" et une "lapidation médiatique". Certains observateurs, y compris non partisans, tel l'avocat général Philippe Bilger, regrettèrent que l'enquête sur Éric Woerth ne fût pas encadrée par une information judiciaire en bonne et due forme... La majorité défendit le ministre, en déplorant la "calomnie" (Nicolas Sarkozy) et la "chasse à l'homme" (François Fillon) dont il était victime, dans l'incrédulité générale de la presse de gauche et du centre.
Quelles sanctions contre les juges et les journalistes d' "investigation" ?
Le 1er septembre 2010, le domicile de Liliane Bettencourt fut perquisitionné pendant sept heures, dans le cadre d'une commission rogatoire délivrée par la juge Isabelle Prévost-Desprez, mais, celle-ci fut mise en examen en juillet 2012 pour violation du secret de l´instruction et renvoyée en correctionnelle en septembre 2013. La juge fut mise en examen pour "violation du secret professionnel", des fuites auprès de deux journalistes du Monde. La plainte de Mme Bettencourt stipulait que l'article du journal socialiste décrivait la perquisition "comme si ses auteurs y avaient assisté" et rapportait qu'un des deux journalistes couvrant cette affaire, Jacques Follorou, avait précédemment coécrit un livre avec Mme Prévost-Desprez. Docile à l'égard de la sphère socialiste, elle avait ensuite admis un entretien téléphonique avec l'un des journalistes, prétendant que leur conversation avait porté sur un autre sujet. Le 5 novembre 2012, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, la proposa pour le poste de première vice-présidente adjointe au Tribunal de grande instance de Créteil.
Cinq ans de poursuites judiciaires n'auront pas permis d'abattre Éric Woerth finalement blanchi de l'affaire Bettencourt. Mis en examen pour trafic d'influence passif, et pour recel de financement illicite de parti politique, le ministre de François Fillon fut renvoyé en correctionnelle en octobre 2013.
Or, en novembre 2014, la comptable fut mise en examen pour faux témoignages, attestation mensongère et usage d'attestation mensongère dans le cadre d'une information judiciaire Le 28 mai 2015, faute d'éléments à charge, le tribunal correctionnel de Bordeaux prononça la double relaxe d'Eric Woerth dans les volets du dossier qui portaient sur le trafic d'influence et l'abus de faiblesse.
Quant à la cible principale, Nicolas Sarkozy mis en examen en mars 2013, pour abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt, une décision de non-lieu lui rendit justice en octobre 2013, tandis qu'Éric Woerth était renvoyé en correctionnelle, puis relaxé le 28 mai 2015, faute d'éléments à charge: après cinq années d'humiliations, le tribunal correctionnel de Bordeaux prononça sa double relaxe dans les volets du dossier qui portaient sur le trafic d'influence et l'abus de faiblesse.
Le lynchage d'un bouc émissaire qui fut lourd de conséquences sur le plan politique.
Depuis que le tribunal correctionnel de Bordeaux a prononcé la double relaxe d'Eric Woerth dans "les deux volets" de l'affaire Bettencourt, il convient de rappeler quel fut l'impact de cette affaire sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
En effet, dès l'été 2010, la gauche et sa presse militante, ainsi que l'extrême droite, se sont livrés au lynchage médiatique du ministre du Budget. Sa violence et sa durée sans précédents ont alors sali durablement la vie politique et le monde médiatique.
Indépendamment de l'outrage à un homme et du supplice enduré sur le plan personnel, cette lapidation a meurtri l'ensemble d'une politique, d'un gouvernement, d'une présidence. En témoigne par exemple l'éditorial politique de France Inter, le 3 septembre 2010, une chaîne de radio publique dont le travail d'information et de commentaires est donc présumé politiquement indépendante et neutre: "Au-delà de ce qui peut être éventuellement reproché judiciairement à Eric Woerth, il y a une faute originelle, un comportement critiquable, un mode de gouvernance initial qui a abouti à la situation dans laquelle on se trouve: il s'agit du rapport de l'UMP avec les grandes fortunes [...], accusait cette presse, sans preuves. Le candidat Sarkozy avait mis la barre très haut en promettant une 'République irréprochable'. Et c'est sur la tête d'Eric Woerth qu'est retombée la barre bien mal accrochée par le candidat devenu président." Eric Woerth n'était clairement qu'une cible indirecte.
L'acharnement de pseudo-journalistes d'investigation
"Comment et pourquoi Nicolas Sarkozy, qui a construit sa carrière sur une image de 'Monsieur Propre', se trouve aujourd’hui menacé par onze affaires en cours," estiment les journalistes Gérard Davet (Institut pratique du journalisme de l'Université Paris-Dauphine (IPJ) et Fabrice Lhomme (formation sur le tas), grands reporters chargés du secteur de l’investigation au journal Le Monde. Ils sont présentés comme les auteurs de "nombreuses révélations" sur de supposées affaires politico-judiciaires, telles que les affaires Bettencourt, des écoutes téléphoniques sur Nicolas Sarkozy, ou Clearstream.
Avec Hervé Gattegno (Le Point, dirigé par Franz-Olivier Giesbert), le premier fit la "révélation" des carnets Rondot dans l'affaire Clearstream, en juillet 2004. Le Point parla de ministres et d’anciens ministres, sans citer de nom... "Le Point a eu accès à des lettres anonymes envoyées au juge Renaud Van Ruymbeke dénonçant un système de blanchiment d’argent par "la banque des banques", Clearstream. Parmi les personnes "dénoncées", notamment de nombreuses personnalités politiques." Dominique de Villepin fut relaxé.
C'est dans ce dernier ouvrage qu'est "révélé" un déjeuner de juin 2014 entre l'ancien premier ministre François Fillon et le secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet. Déjeuner au cours duquel F. Fillon aurait incité l'Elysée, par l'intermédiaire de Jean-Pierre Jouyet, à accélérer les poursuites judiciaires visant son rival Nicolas Sarkozy, en plein scandale Bygmalion.
L'ancien Premier ministre dément avoir demandé de "taper vite". François Fillon a poursuivi en diffamation le secrétaire général de l'Elysée, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ainsi que leur éditeur au tribunal correctionnel de Paris. Les journalistes avaient encore une fois en leur possession un enregistrement qu'ils auraient réalisé lors d'un entretien avec Jean-Pierre Jouyet, le 20 septembre à l'Elysée où ils semblent avoir établi leur cantine.
La porosité politique entre l'exécutif, la justice et la presse est établie
Le 11 septembre 2010, devant 500 militants de la fédération socialiste du Nord, la secrétaire générale du PS, Martine Aubry déclarait: "S'il y a une chose que je vois de commun entre cette affaire et les retraites, c'est les mensonges qu'il a tenus. Il a un problème avec la vérité, M. Woerth" (cité par le Point 11 septembre).
Quelques jours auparavant, Marine le Pen, présidente du Front national, tenait des propos voisins sur LCI, le 1er septembre: "Tellement il y a un faisceau de présomptions qui est terrifiant pour lui. M. Woerth a menti et ceci est évidemment absolument scandaleux [...] Ils n'ont plus aucune morale publique [...] M. Woerth aurait dû démissionner depuis bien longtemps."
Un homme présumé innocent - mais jugé coupable avant même que d'avoir été jugé - aura été caillassé par une partie de la classe politique et du monde médiatique. Cette pratique du lynchage d'un bouc émissaire fait désormais partie des moeurs de la France politique et médiatique. La chasse en meute d'un gibier de potence est une forme de haine collective banalisée qui a atteint son paroxysme avec le traitement subi par Eric Woerth, quand la gauche vertueuse ne donne pas cher de l'être humain, sa personne et sa famille.
Cette affaire fut celle du lynchage d'un quinquennat dans son ensemble, de son action, de ses réformes.
Cette affaire fut celle du lynchage d'un quinquennat dans son ensemble, de son action, de ses réformes.
Le pouvoir en place à l'époque s'est trouvé profondément déstabilisé. E. Woerth était l'un des piliers maîtres de l'équipe Fillon, par sa parfaite maîtrise des questions financières, son autorité, son image de modération, d'indépendance et de compétence. Et son intégrité. Beaucoup voyaient en lui un possible successeur naturel de François Fillon à Matignon pour terminer le mandat présidentiel et lui donner un souffle nouveau. Malgré le soutien inconditionnel, du chef de l'État comme du Premier ministre, sur le plan humain comme politique, il a dû quitter le gouvernement à l'occasion d'un remaniement ministériel le 14 novembre 2010 en raison de l'ampleur que prenait contre lui l'acharnement de la gauche.
Le 6 mai 2012, les Français ont sans doute davantage sanctionné une image, une impression générale, un climat particulier qu'une politique. Les accusations, qui sont désormais avérées injustes et infondées, envers E. Woerth, avaient grandement contribué à cet état de l'opinion.
La relaxe d'Eric Woerth établit la nullité de l'élection présidentielle de 2012. Les électeurs ont en effet été manipulés à grande échelle et le scrutin est nul et non avenu pour "manoeuvre frauduleuse." France 3 et Martine Aubry seront-ils appelés à rendre des comptes ?
A noter qu'en parallèle avec leur travail au Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme préparent pour 2017 une histoire du quinquennat de François Hollande, pour laquelle le président de la République a accepté de les recevoir une fois par mois en moyenne.
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