Une mesure punitive de Charlie Hebdo contre une signataire de la tribune avec Patrick Pelloux dans Le Monde ?
Quatre mois après la tuerie de 12 journalistes du journal satirique par des djihadistes français, la direction ferait le ménage parmi ses collaborateurs. Bien que menacée de mort par des terroristes islamistes, la journaliste franco-marocaine Zineb El Rhazoui vient d’être convoquée pour un entretien préalable au licenciement. Elle a réagi en direct sur France info sur une mesure qu'elle ne comprend pas.
Zineb El Rhazoui se dit devenue persona non grata à Charlie Hebdo.
Visée par une lettre lui annonçant l'intention du journal de la licencier pour faute grave, la journaliste franco-marocaine l'a affirmé en direct sur notre antenne ce midi : "On m’a signifié que je n’avais clairement plus le droit de mettre les pieds au journal en attendant cet entretien préalable", prévu le 26 mai.
La direction se détache d’une certaine ligne éditoriale
Zineb El Rhazoui affirme ne pas avoir été informée clairement des motifs qui la visent. Il n’y a eu "aucune discussion préalable. C’est tombé comme ça, pour moi ça a été un choc absolu", explique-t-elle. "Je me demande quel est le message de cette mesure, quel est le message qui sera transmis aux ennemis de Charlie Hebdo, quel est le message transmis aux islamistes qui me menacent. Est-ce que c’est une façon pour la direction de se détacher d’une certaine ligne éditoriale ?" s’interroge cette militante contre l'islamisme et l'intégrisme, qui est menacée de mort pour ses écrits dans Charlie Hebdo et contrainte de déménager régulièrement.
L'urgence n'est pas aujourd’hui de faire des économies sur le salaire d’une journaliste qui est SDF depuis le 8 janvier
Fin mars, Zineb El Rhazoui a co-signé une tribune dans Le Monde pour "une refondation" de Charlie Hebdo et une nouvelle gouvernance "plus collégiale". La nouvelle direction a riposté par sa mise à pied. "Je pense que ce dont je fais l’objet aujourd’hui est clairement une mesure punitive", estime Zineb El Rhazoui.
"Ne me dites pas qu’avec tout le soutien dont a bénéficié cette direction, l’urgence pour eux aujourd’hui est de faire des économies sur le salaire d’une journaliste qui est SDF depuis le 8 janvier, dont le mari a perdu le travail au Maroc à cause de mon engagement au sein du journal, qui fait l’objet de menaces de mort particulièrement ciblées et graves et qui vit en permanence sous un lourd dispositif de protection policière", poursuit-elle.
Il y a une direction à Charlie Hebdo "que je ne crains pas de qualifier aujourd’hui d’oligarchie de quatre ou cinq personnes qui prend des décisions sans concertation avec les autres", lance-t-elle.
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