Prime à la faute pour les hauts-fonctionnaires socialiste
L'Etat-PS part en sucette
La révélation fin avril du montant exorbitant des notes de taxi de la PDG de l'INA a conduit à sa réembauche au... ministère de la Culture. Poussée à la démission pour sa faute, Agnès Saal a retrouvé un poste en l'espace d'un mois, alors qu'une enquête disciplinaire est toujours en cours. Challenges (groupe Le Nouvel Observateur) écrivait alors: "Impitoyable. En trois jours, Fleur Pellerin a réglé le problème Agnès Saal. Démissionnée parce que cette affaire, une de plus, risquait encore de ternir la réputation morale de la gauche au pouvoir." Le crétin qui écrit ces lignes aussi édifiantes que définitives est chroniqueur dans le magazine des sanisettes. "Quand l’anecdotique devient emblématique de la corruption de l’époque, il faut trancher dans le vif sans attendre," insiste-t-il, le 29 avril. Et d'interroger, insidieusement : " Faut-il aussi y voir un désaveu cruel pour l'ancienne ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui avait nommé Agnès Saal ?" Désaveu "pour"? Passons sur la qualité du français de cet amateur de football, mais de salon... et reprenons plutôt la chronologie des faits.
Mercredi 21 avril. A la veille d’un conseil d’administration, un courrier anonyme de 36 pages est envoyé au domicile des administrateurs de l’INA (Institut national de l’audiovisuel). "Plusieurs salariés souhaitent vous alerter d’un grave dysfonctionnement au sein de cette entreprise en vous communiquant des éléments pouvant relever d’abus de biens sociaux", annonce le texte de la lettre anonyme. Le document de 68 pages présente en effet des factures et relevés de courses de la société de taxis G7 pour un total de 40.915 euros. En moins d'un an, de mai 2014 et mars 2015, Agnès Saal a dépensé au moins 32.000 euros, en plus d’un abonnement de 7.000 euros. Sur cette période de dix mois, l’INA a réglé 266 courses pour 7840,66 euros les week-ends et jours fériés au nom de Mme Saal, disposant pourtant d’une voiture avec chauffeur en tant que présidente de l’INA, aux frais de l'Etat des contribuables, éreintés d'impôts.
A moins que la baisse de 30% des salaires du président de la République, du Premier ministre et des membres du gouvernement ait donc été un geste de solidarité avec les grands commis de l'Etat dans le besoin... A compter du 15 mai 2012, les salaires du Premier ministre et du président ne s'élèvent plus désormais qu'à 14.910 euros bruts pour 12.696 euros nets. Cette baisse n'est qu'apparente au final puisque les cercle élargis de Hollande et Valls s'appliquent à eux-mêmes la politique du bien-être dont ils n'ont pas les moyens de faire profiter la masse.
Lundi 26 avril. Le Figaro révèle l'affaire. Une partie de ces dépenses émanaient du fils d’Agnès Saal: la fonctionnaire aurait confié son code G7 professionnel à sa progéniture. Ce n'est pas la morale socialiste de ce fils de... qui l'a empêché de faire exploser les kilomètres: 7.600,22 euros de frais de taxi pour 204 courses en dix mois. Le fiston juge visiblement le métro trop populaire et ne risque donc pas d'être exposé au contact de la populace qui vote à gauche.
Les rédacteurs de la lettre ont relevé "à de nombreuses et plusieurs reprises" des "éléments troublants": "un certain nombre de courses dont les dates et les horaires se déroulent au même moment alors que la personne transportée est la même et alors même que les lieux de prise en charge et de destination sont différents voire géographiquement opposés". La lettre fournit la date, le prix et le trajet de vingt-deux courses dont les horaires recoupent une autre course ! Un étonnant don d’ubiquité permettait ainsi à la présidente de l’INA de voyager dans… deux taxis à la fois.
Mardi 27 avril. L’information est reprise par la plupart des media, mais Libé se distingue en tentant de dédramatiser par l'humour au second degré: "On va où avec 40.000 euros de taxi ?" Et la danseuse des hommes d'affaires Bruno Ledoux (propriétaire du siège du journal et du Nouvel Economiste en plus d'une foultitude d'immeubles) et Patrick Drahi (57e fortune mondiale, propriétaire des sociétés Numéricable et SFR) a le loisir de calculer que "17.000 kilomètres en taxis", c’est "une distance qui lui aurait permis de rejoindre n’importe quel point de l’Asie, comme Vladivostok à 12 000 kilomètres de route." On comprend dès lors pourquoi Libération ne sort d'une crise financière que pour retomber dans une autre. "Une somme qui permet pas mal d'escapades", commentent finement les bobos, hébergeurs de Charlie hebdo. Une telle indulgence rigolarde de cette presse de bobos pour bobos est à usage exclusif de la gauche.
Acculée, Agnès Saal s’engage à rembourser les courses de son rejeton, ainsi qu’une partie des 7.800 euros facturés les week-ends, correspondant à ses trajets privés.
Le soir même, elle démissionne, à la demande de la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, après un mandat express à la tête de l’entreprise d’archivage audiovisuel de Bry-sur-Marne. La ministre déclenche, dans la foulée, une enquête administrative, soit, en d’autres termes, une procédure disciplinaire.
Mercredi 20 mai. Le directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic), Laurent Vallet, est nommé à la tête de l’INA en Conseil des ministres.
Le même jour, le journal Le Monde révèle qu’Agnès Saal a été réintégrée au ministère de la Culture, son affectation d’origine. L’ancienne PDG est en effet fonctionnaire. Selon le quotidien du soir, Agnès Saal est rattachée au secrétariat général du ministère et a un titre de "chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences", "un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux, sans avantage attaché à la fonction", précise le journal socialiste.
Jeudi 21 mai. La ministre de la Culture s'exprime. "Je comprends très bien l’émotion que suscite cette réintégration même si, en réalité, il s’agit uniquement de l’application du droit de la fonction publique", explique Fleur Pellerin au micro de RTL. Ce «n’est pas une création de poste et donc un privilège qui aurait été donné à Agnès Saal […] Il ne faut pas donner l’impression qu’Agnès Saal n’a pas été sanctionnée. Il y a eu une réelle sanction puisqu’elle était présidente de l’INA, elle est aujourd’hui chargée de mission", insiste-t-elle.
L'hebdomadaire Le Point se hasarde dans une défense de la ministre
Il fait valoir qu'il aurait été aussi possible de "placer Agnès Saal en vacances aux frais du contribuable", ce qui n’a "pas été jugé souhaitable", commente-t-il, bien qu'il s'agisse d'"un titre qui n’est pas particulièrement prestigieux", rappelons-le. Une planque dorée pour un emploi bidon. "C’est donc un petit placard qui a été trouvé pour la patronne déchue de l’INA (chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) en attendant la suite des procédures," écrit sans surprise le journaliste militant Emmanuel Berretta.
Le juge Burgaud ou Agnès Saal, même impunité pour les bien-pensants
"Un conseil de discipline devra statuer sur les suites à donner à l’enquête que nous sommes en train de conduire", a précisé la ministre.
Fabrice Burgaud était juge d'instruction au tribunal de Grande Instance de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) depuis le 1er septembre 2000 quand il accepta l'enquête sur l'affaire de pédophilie dite d'Outreau. Avant la fin du procès, il fut nommé au Parquet de Paris en juillet 2002 et affecté à la section... antiterroriste. Après le scandale de l'affaire d'Outreau, le juge Burgaud fut recasé en 2011 comme auditeur à la Cour de Cassation, en dépit d'erreurs professionnelles aux conséquences psychologiques et humaines irréparables.
En mai 2015, quand l'un des accusés est rejugé pour des faits antérieurs, le juge Burgaud est entendu par la Cour d'Assises de Rennes, mais en visio-conférence depuis Paris.
Agnès Saal bénéficiera à son tour de la clémence de ses pairs socialistes et trouvera "Cette réintégration ne l’exonère pas des procédures disciplinaires qui seront engagées en temps voulu", avait-on nié auparavant au ministère.
Martine Aubry à propos d'Agnès Saal : "Que les pourris aillent en taule, s'ils doivent aller en taule"
A la différence du Point, "recaser" l'ancienne présidente de l'INA met Martine Aubry dans une colère noire. La maire de Lille condamne la nomination de l'ancienne présidente de l'INA à un poste au ministère de la Culture.
Martine Aubry est pourtant co-signataire de la motion pro-Hollande de Jean-Christophe Cambadélis pour le congrès du Parti socialiste. "L'important est que ceux qui font des bêtises dans leur vie, ne respectent pas les règles, la morale et l'éthique, soient sanctionnés," lance-t-elle.
La maire de Lille ne mélange pas les torchons et les serviettes. "Elle, c'est une fonctionnaire. Donc elle n'a rien à voir avec nous", explique la maire de Lille qui refuse d'être "salie"!
"Ne mélangeons pas tout. Je suis entourée d'élus aussi. On ne gagne pas bien sa vie. On travaille 18 heures sur 24, 7 jours sur 7. Elle, c'est une fonctionnaire. Donc elle n'a rien à voir avec nous. On n'accepte plus qu'on nous traite comme ça. Que les pourris aillent en taule, s'ils doivent aller en taule, soient condamnés s'il le faut et qu'on nous laisse travailler comme on le fait avec engagement, force et énergie pour les gens", explose Martine Aubry.
Reste à la justice de jouer son rôle.
Or, très serviable, Le Point propose déjà une solution avantageuse pour cet abus de biens sociaux. La Cour des Comptes pourrait aussi contrôler les dépenses de l’INA, ce qui pourrait englober, selon la période choisie, celle des dépenses d’Agnès Saal, suggère Emmanuel Berretta. Une procédure devant la Cour de discipline budgétaire et financière pourrait ainsi être entamée. Agnès Saal peut dormir en paix et faire des rêves de Vladivostok...
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