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dimanche 17 avril 2016

La Nuit Debout est-elle foncièrement violente ?

Dans ce débat citoyen, "changement" signifie "subversion"

La violence est-elle étrangère au mouvement? s'interrogent des "indignés" de la Place de la République



Au fil des nuits et des débordements, les militants de la Nuit debout sentent monter l'urgent besoin de prendre position face à la violence qui les habite: est-elle étrangère aux débats du mouvement, l'expression d'une révolte "contre-productive" ou  nécessaire ? Le fait qu'ils en débattent pendant le week-end souligne les divisions sur le problème. Après quinze jours d'existence, cette question pourrait être une ligne de faille entre les intellos et les radicaux de ce mouvement lancé le 31 mars contre la loi Valls de réforme du code du travail voulue par Hollande et pour "penser un autre monde". Qu'en termes élégants se raisonne la révolution !
Place de la République, "coeur battant des luttes citoyennes" à Paris, l'assemblée générale des 2 à 3.000 activistes ardents, militants suiveurs et passants curieux tous les soirs s'interroge sur l'opportunité de gauchir la ligne officielle, de bobo à subversive.  

Les agitateurs d'idées échauffent les têtes folles
Distributeur à billets vandalisé
portant un autocollant "Nuit debout":
"Loi travail non merci"
le 16 avril 2016 place de la République
magasins, saccageant ici un magasin, là un chantier et brûlant palettes et poubelles. Seulement une trentaine de jeunes a ainsi été interpellée, accréditant l'idée de la complicité de la gauche au pouvoir avec l'extrême gauche dans la rue

Parmi les étudiants, employés, chômeurs et déçus en tout genre par les promesses électorales et la politique fluctuante et sinueuse de Hollande, une majorité de présents non représentatifs à ces états généraux modernes dit son opposition à la violence, mains levées, mais rêve de lendemains qui chantent.
A plusieurs reprises, des heurts ont éclaté avec la police et il convenait d'affirmer que les violences explosaient "en marge" des rassemblements et à la dislocation des défilés. Mais ces mouvements de foules sont émaillés de dégradations et de saccages organisés et ciblés, les anarchistes s'en prenant au mobilier urbain, les communistes à Pôle emploi et les antilibéraux réunis aux établissements bancaires

Pendant ce temps, notre actuel Louis-Philippe d'Orléans est au Moyen Orient. Il a déjà déclaré la guerre, non pas à la Grande-Bretagne et aux Provinces-Unie  ou à la Belgique et à l'Espagne, mais guerroie ici et là en Afrique, tandis que se développent une Convention montagnarde moderne et des insurrections régionales. 
Les 'Nuit Debout' vont-ils décider d'ériger les premiers tribunaux révolutionnaires ? Déjà, le citoyen philosophe Alain Finkielkraut, qui a voulu se faire un avis, s'est rendu sur place et s'est fait invectiver et insulter. En revanche, le révolutionnaire grec Yanis Varoufakis a pu prendre la parole, avec la bienveillante protection de certains maîtres des lieux, en la personne de Julien Bayou, élu de liste altermondialiste, dressé à son côté, menton haut et regard lointain.

"Cette violence est contre-productive. Il faut dire qu'on n'a rien à voir avec ça", lance Adrien (le candide) à la tribune, où chacun peut prendre la parole trois minutes, en respectant son tour. Les débats télévisés quotidiens ne sont pas aussi sévèrement cadrés.
"Je ne vois pas pourquoi on devrait prendre position. Oui, on est un mouvement pacifiste mais pourquoi est-ce qu'on devrait se justifier?", rétorque Julien.
D'autres, encore minoritaires, estiment que la violence "fait partie de la lutte" et qu'on ne doit pas "la condamner en soi". La violence, c'est uniquement "celle que nous imposent la société, le chômage, la rue", font valoir les plus radicaux, et dans une France sous état d'urgence, soulignent les plus politiques. Quand on veut faire bouger les lignes, on lance la presse et toute une journée, la "commission presse" a planché sur cette question et rédigé un projet de communiqué pour démarquer le mouvement "d'une minorité" d'activistes qui donnent une "image fausse". "Il est temps pour nous de faire cesser le matraquage médiatique, qui associe la Nuit debout aux dérapages, qui vise à décrédibiliser le mouvement. Il faut prendre position, pour pouvoir passer à autre chose", se blanchit un minoritaire de la commission. Laissons la porte ouverte à la violence: "Restons hétérogènes"
Le modérateur (autoproclamé ou désigné par une éminence grise en coulisse)des débats tente de soumettre le texte au vote. Immédiatement, plusieurs bras se lèvent, main droite fermée sur le poignet gauche: le signe d'une "opposition radicale".
C'est toute la difficulté de la démocratie directe qui fonctionne "horizontalement": cela sera un "frein à notre développement", "peut signer notre mort", affirment certains. D'autres y voient une richesse sans frontière. Des manifestants se sont rassemblés à proximité du Musée de l'Homme, où se déroulait l'émission avec François Hollande."L'essentiel, le 31 mars, c'était de leur faire peur. Ils nous veulent univoques, restons hétérogènes; ils nous veulent divisés, restons solidaires. Le mouvement est encore un nouveau-né", clame un quarantenaire attentif aux déviances. Formé à l'agit-prop, il explique, sous les applaudissements, le "refus d'une obligation de réussite en 15 jours d'existence" quand la classe politique "n'a rien fait pendant des années". Au jeu de la démocratie directe de l'AG, cela signifie qu'on doit s'arrêter et en tenir compte. Alors, on vote sur le fait de savoir si on est d'accord pour mettre au vote le communiqué. Petit à petit, on avance. Le texte est amendé. Mais une tignasse blonde estime au micro qu'il faut "passer par d'autres canaux que les télés, les grands media", remettant à nouveau en cause le principe du communiqué de presse d'un mouvement sans chef, sans porte-parole officiel. N'offrant pas de prise au pouvoir... "Bon, lâche le modérateur un peu las, il faut quand même faire un peu confiance à la commission. A un moment donné, il faut prendre une décision". Le communiqué "violences" attend toujours. VOIR une vidéo d'une attaque de commissariat, symbole républicain:
Il faut durer jusqu'à une éventuelle grève générale. Cette résistance déterminée s'exprime jusque dans le calcul du temps, qui s'étire depuis la naissance du mouvement: dimanche 17 avril, nous sommes le "48 mars" en calendrier Nuit debout. Une jeune utopie qui ravit les poètes mais irrite les manoeuvriers de l'ombre: le mouvement n'ira pas loin si il refuse de s'amarrer à un projet, de se doter d'une structure, selon ses critiques. Des "jeunes" manipulables, qui acceptent de détourner cinq précieuses minutes de temps de parole au profit de l'ancien ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, que Julien Bayou a amené là pour les redynamiter  redynamiser et les mettre en garde contre "les récupérations".
Mais ces admirables jeunes "citoyens"  ne sont pas également prêts à accueillir le philosophe Alain Finkielkraut, considéré comme "réactionnaire" et "conspué" samedi soir place de la... République, selon Sofia Bouderbala de l'AFP. Conspué ? A la vérité, ils ont traité cet académicien juif de 'facho".
Le collectif Nuit Debout va devoir faire de la formation... A moins que les meneurs n'aient intérêt au maintien de leurs participants - violents ?- dans leur crasse.

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