Après avoir exclu les plus riches, le ministre veut maintenant "aller au bout de la suppression" de la taxe d'habitation
Y a-t-il un arbitre au sommet de l'Etat ?
Lundi, la possibilité d'un maintien pour les plus aisés était "sur la table".
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avait alors évoqué la possibilité de maintenir la taxe d’habitation pour les 20 % de ménages les plus aisés, rejetant l’argument de rupture d’égalité devant l’impôt, alors que la réforme est entrée en vigueur le 1er octobre, avec une première baisse de 30 %.
Or, de nombreux contribuables ont découvert ces dernières semaines que la baisse serait inférieure aux 30 % annoncés, leur commune ayant décidé d’augmenter leur taux d’imposition. Pour faire taire les critiques, le gouvernement a de nouveau défendu ce lundi sa réforme : Bercy a mis en ligne une carte interactive montrant le nombre de foyers assujettis à cet impôt et le gain moyen par foyer.
Cette carte, mise en ligne sur le site economie.gouv.fr, "permettra de découvrir commune par commune, le montant de l’économie de taxe d’habitation réalisé par foyer assujetti à la taxe d’habitation", assure le ministère des Comptes publics de Darmanin, dans un communiqué. Ces chiffres, agrégés par l’administration fiscale, "sont aussi proposés par région ou par département", précise le communiqué. L’Ile-de-France serait la première bénéficiaire.
Bercy admet que 6.200 municipalités (sur un total de 35.400 communes) ont relevé cette année le taux de leur taxe d’habitation.. Parmi les villes de plus de 10.000 habitants, seules 55 l'ont déjà fait.
Lundi toujours, sur RTL, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, s’était montré plutôt favorable à ce que les Français ayant "de gros revenus et de grosses habitations" continuent de s’acquitter de la taxe d’habitation : "Peut-être qu’on pourrait effectivement imaginer que ce ne serait pas juste de les exclure" de son paiement.
Après avoir émis l'hypothèse que le gouvernement pourrait maintenir la taxe d’habitation pour ces 20 % les plus riches, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a donc finalement reculé ce mardi, affirmant qu’il fallait aller "au bout de la suppression" de cet impôt pour tous. Un avis personnel qui semble toujours incertain.
"J’ai redit dimanche qu’il fallait aller au bout de la suppression de la taxe d’habitation. Aller au bout de la suppression de la taxe d’habitation cela veut dire aller au bout de la suppression de la taxe d’habitation", a insisté le ministre de l’Economie, dans un sursaut velléitaire d'autorité, lors d’un colloque à Bercy sur l’économie verte.
En fait, concernant la taxe d’habitation, Macron n’a toujours pas décidé du sort de ces 20% des ménages : la plus grande confusion continue ainsi d'entourer ce sujet, comme d'autres, et les 20% attendent de savoir de quoi leur avenir sera fait.
Les Français défendront-ils le principe d'égalité devant l’impôt avec les Gilets jaunes ?
Après les nombreuses critiques du mouvement des "gilets jaunes" contre la politique fiscale du gouvernement, qu’ils jugent inégalitaire, la valse-hésitation de l'exécutif sur la taxe d’habitation était relancée dimanche. Sur le plateau du 'Grand Rendez-Vous' Europe 1-CNews-Les Echos, Bruno Le Maire avait assuré que Bercy pourrait revoir sa copie si une demande en ce sens venait à être formulée dans le cadre du 'grand débat national" lancé par Emmanuel Macron.
"Il est essentiel" que cette suppression "soit aboutie (…), mais nous pouvons très bien demander aux Français "est ce que vous estimez que pour les 20 % les plus riches il est légitime ou non de supprimer la taxe d’habitation" ?", avait alors affirmé le locataire de Bercy. "Si nous répondons non à chaque demande des Français, que nous ne sommes pas capables d’écouter la demande de justice, nous ne réussirons pas le grand débat, qui doit s’ouvrir dans les prochaines semaines", avait-il ajouté.
Ancien maître de Bercy, Macron ne parvient pas à trancher.
Il avait d’abord promis de supprimer la taxe d’habitation pour 80 % des ménages, à l'horizon 2020, avec une première baisse de 30% à l'automne 2018, mais il avait ensuite annoncé l’extension de cette mesure à l’ensemble des Français.
Sur Cnews, le nouveau délégué général de La République en marche, Stanislas Guerini, a donné "raison" à Bruno Le Maire lorsqu’il se dit ouvert au débat sur ce sujet. Car, a estimé Stanislas Guerini, "si on ferme toutes les portes à toutes les réflexions qu’on peut avoir, alors on ferme le grand débat" voulu par l’exécutif dans les territoires, pour répondre à la crise des 'gilets jaunes '.
Le dernier mot reviendra-t-il aux participants au "grand débat national" ?
Les Français ont appris à leur dépens que Macron fait mine d'écouter, passe la main dans le dos dans un grand sourire crispé, mais qu'au final, il leur fait à l'envers.
Certains propriétaires ont tout lieu de craindre d'avoir à payer plus.
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