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samedi 19 janvier 2019

Le Grand débat national ne fait pas taire les Gilets jaunes dans la rue, encore ce samedi

Zappés par Macron dans ses débats avec les maires, il leur reste la rue pour s'exprimer

Les manifestants ne subissent pas de provocations et peuvent maîtriser la mobilisation



Partout plus nombreux encore en France que pour l'Acte 9, des milliers de "gilets jaunes" manifestaient samedi pour leur dixième journée d'action, une mobilisation particulièrement scrutée quelques jours après le lancement par Emmanuel Macron d'un "grand débat national"  qui ne vise qu'à servir sa cause en tentant de contrecarrer un mouvement social inédit qui perdure depuis dix semaines.
A Paris, le cortège parti à la mi-journée dans le calme des Invalides, le point de rendez-vous principal annoncé sur les réseaux sociaux, avait atteint la place d'Italie à 14h30, avant de retourner d'un bon pas au point de départ.
"Je gagne 4.000 euros par mois, j'ai trois voitures et deux motos, tout va bien pour moi. Mais je suis mobilisé depuis le début car je ne peux plus supporter de voir les jeunes autour de moi qui ne peuvent pas vivre correctement", dit Eric, 58 ans, électrotechnicien de Nemours.

Dans la capitale, à Rennes, Bordeaux ou Montpellier, des pancartes affichaient "le roi Macron et sa cour déconnent", "On n'arrête pas l'histoire avec des flashball" ou "60 milliards d'euros par an d'évasion fiscale"
Les manifestants scandaient "Macron démission" et "Castaner, nique ta mère", un slogan devenu courant ces dernières semaines.

Bordeaux, peu habituée aux manifestations aussi longtemps que Juppé ne s'est pas grillé avec Macron, a vu converger plus d'un millier de personnes. Initiative prise par le gouvernement sous la pression des Gilets jaunes, le grand débat qui doit durer deux mois, "ne changera rien" face à un président qui "méprise le peuple," se désole Michel Garriga, retraité de 68 ans

A Grenoble, 1.500 personnes défilaient dans le calme.
Ils étaient 2.000 à Belfort, venus d'Alsace, des Vosges ou de Franche-Comté, encadrés par des forces de l'ordre qui n'ont plus pour consigne de frapper fort.

Beaucoup réclament un "référendum d'initiative citoyenne", "plus de démocratie".
Dans la foule, à Rennes, le dos d'un manifestant prévient: "Injustice fiscale, colère sociale".

L'ambiance était globalement bon enfant. 
A Paris, pour la première fois, les manifestants restaient groupés sur le parcours annoncé. D'autres rassemblements sont également annoncés à travers le pays, à Toulouse, Marseille, Lyon, Saint-Etienne, Roanne, Valence, Clermont-Ferrand, Montélimar, Dijon, Nevers, Montceau-les-Mines, Toulon, Avignon...

A la mi-journée, douze interpellations avaient eu lieu dans la capitale, "essentiellement pour port d'arme prohibé", selon la préfecture de police. Les précédents samedis avaient très vite été émaillés de heurts au vu du déploiement de forces de l'ordre déterminées à intimider et interpeller. 

L'exécutif a mis en place un dispositif d'ampleur comparable au week-end précédent, soit environ 80.000 policiers et gendarmes en France, dont 5.000 à Paris.

Les autorités s'attendent à une mobilisation "au moins égale à la semaine dernière"
, selon une source policière. 

Jusqu'ici, le mouvement était soumis au seul comptage officiel du ministère de l'Intérieur. Ainsi,
samedi dernier, 80.000 manifestants avaient été recensés, sans contrôle possible, loin des centaines de milliers rassemblés en novembre ou décembre, du fait de la trêve des confiseurs et de consigne de respect des commerçants.

Cet acte 10 est motivé par une source de griefs de plus: la semaine a en effet été marquée par une vive polémique sur l'usage du lanceur de balle de défense (LBD) par les forces de l'ordre et les blessures graves subies par de nombreux manifestants atteints au crâne, notamment à l'oeil, et hospitalisés dans un état préoccupant.
Vendredi, à la veille de la mobilisation, Christophe Castaner a pourtant encore défendu son usage lors des opérations de maintien de l'ordre. Sans cette arme, les forces de l'ordre n'auraient plus d'autre option que le "contact physique" et il y aurait "beaucoup plus de blessés", a librement commenté le demi-ministre de l'Intérieur. 
Il nie aussi les violences policières, se déclarant "sidéré" par les accusations, malgré certaines vidéos qui montrent un usage du LBD, sans menace immédiate sur le tireur et néanmoins visant la tête. Face à la controverse, les policiers de l'Ain porteurs de LBD lors de manifestation de Bourg-en-Bresse seront aussi équipés de "caméras-piétons".

Des femmes "gilets jaunes" appellent à une manifestation à Paris, dimanche, inspirée par l'événement pacifique qu'elles avaient déjà organisé avec succès le 6 janvier. 
Dimanche verra également l'arrivée d'un "gilet jaune" moins connu dans la capitale: José Manrubia. Parti d'Arles (Bouches-du-Rhône) le 16 décembre, cet artiste plasticien rallie Paris à pied après 34 jours de marche. Pour lui, malgré le grand débat lancé par Emmanuel Macron, pas question de désarmer sans l'instauration du référendum d'initiative citoyenne (RIC).

Le référendum d'initiative citoyenne, "c'est la revendication principale de 90% des ronds-points", estime-t-il. "Après 40 ans d'une politique de droite ou de gauche où les intérêts privés ont prévalu sur l'intérêt général, on veut pouvoir prendre en main notre destinée." Clairement, l'arrivée de représentants de la société civile - des blancs-becs ou des arrogants et les deux - n'a réussi qu'à exacerber la colère populaire.

Sourd à cette revendication du RIC, bien que bien-entendant, le chef de l'Etat privilégie le "débat national" qu'il a lancé cette semaine avec deux shows retransmis sur la longueur par les chaînes d'information en continu lors de déplacements hautement sécurisés en régions, dans des communes connues de ses proches, notamment de Lecornu, dans l'Eure. Pouvoir d'achat, fiscalité, démocratie et environnement: avec ces quatre thèmes exclusifs, le président espère répondre à tous les mécontentements.

Depuis ce samedi 19 janvier, les Gilets jaunes sont en mesure d'effectuer  leur propre décompte
 sur une page Facebook intitulée "Le nombre jaune".

Il reste encore à créer un institut non commercial susceptible d'offrir des études indépendantes et dont les responsables ne se pavaneront plus sur toutes les chaînes de radio et de télévision pour offrir leurs commentaires militants, tout en se défendant de tout conflit d'intérêts.

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