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samedi 5 janvier 2019

Presse : la dictature de la pensée et des bonnes manières s'abat sur les Gilets jaunes

Quand le gilet est jaune, l'éditocrate voit rouge

Un éditocrate normalement constitué reste perplexe devant un "gilet jaune". 
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Dans le magazine Marianne, Jack Dion dit son fait à la médiacratie dirigée par les Trissotin bien en cour du monde des media et de l'édition, installés par les acteurs politiques dominants mais inamovibles à travers les décennies, du fait de leur flexibilité idéologique en amitiés. Ce sont les spécialistes pontifiants de la bien-pensance qui donnent régulièrement leur opinion sur un grand nombre de sujets qu'ils ne maîtrisent pas nécessairement.

Ancien journaliste du quotidien communiste L'Humanité qui, à 69 ans, en connaît un rayon sur les turpitudes des professionnels qui l'entourent ou qu'il croise, Jack Dion a droit à une caricature confraternelle de Mediapart : Je n’en avais jamais entendu parler, mais à première vue, autrement dit au fasciés, cela pointe à la même ménagerie que le Chevrier d’une récente mésaventure dyonisienne : L’aigreur du gauchiste pendue aux commissures et le regard d'une taupe arrachée à sa nuit. Le mec sympathique en quelque sorte". Mediapart est au mieux de sa bienveillance... 
A choisir, on sait avec lequel des deux partager un verre quand le site révolutionnaire trotskiste conclut : " Bref, on ne me verrait pas boire un coup avec ça non plus. Aporétique." Dion ne peut être totalement mauvais si Plenel l'assassine, mais la situation est ouverte quand on sait que le trotskiste, patron du site sectaire, mène une vie souterraine et secrète... Mais "ça a le droit d’exister. Et donc ça existe," juge Marius Le Megavesque, contributeur fétide comme une haleine de retraité en dentisterie, sur le site malsain. 

Passé la curiosité de l'acte I,  ce professionnel de l'avis péremptoire étale sa morgue et son mépris. 

Ce qui n'est pas sans expliquer son rejet dans l'opinion, souligne Jack Dion. 
De même qu'une poule [de luxe entretenue par le système] est décontenancée devant un couteau, un éditocrate normalement constitué reste perplexe devant un « gilet jaune ». Au début, il y trouve le charme de la nouveauté et l'occasion de faire ce qu'il sait le mieux faire : commenter avec l'onction de l'expertise, fût-ce pour aligner truismes et poncifs [ce sont des conservateurs de la pensée rance]. Mais l'éditocrate s'attend que cela dure le temps d'un week-end. La révolte, comme la jeunesse, doit passer. Depuis le début, il explique que le mouvement s'essouffle [a-t-on le souffle court quand on n'est pas loin d'attaquer le troisième mois ?]. Il en a prévu la fin au sortir de l'acte I [car il est perspicace], et ainsi de suite, a fortiori après le recul d'Emmanuel Macron [une "main tendue", dit-il, l'éditocrate]. Il a d'ailleurs été d'autant plus surpris que, à l'en croire, il est impossible de suivre un autre chemin que celui balisé par Maastricht [les partis et les syndicats conventionnels, voire réformistes!] et que toute revendication sociale sortant des clous de l'orthodoxie est irrecevable [Ainsi se développe l'idée que la colère du peuple est illégitime...].

L'éditocrate a donc avalé son chapeau, comme d'autres. Il n'en a pas moins prédit la fin de la révolte des « gilets jaunes », ne comprenant pas que la France est en train de vivre un mouvement social historique par sa longueur (le plus long depuis Mai 68), sa forme (hors des circuits ordinaires [tandis que la presse reçoit des représentants de la révolte pour meubler le temps d'antenne à bon compte et discréditer ses invités à force de dérision et de mépris] ) et sa représentation populaire (inédite). L'éditocrate est alors revenu à son exercice favori, celui-là même qui provoque un phénomène de rejet dans l'opinion : étaler sa morgue et son mépris, sa suffisance et sa supériorité.


Racistes, mal habillés, avinés... [et indociles, voire violents]

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Une fois digérée la transition exotique, l'éditocrate a décrété qu'il était temps de redescendre sur Terre et de revenir aux choses sérieuses. Au fil de ses interventions, il a accusé les « gilets jaunes » d'être - au choix - sexistes, violents, homophobes, racistes, mal habillés, antisémites, putschistes, complotistes, avinés, fainéants et manipulés par l'extrême droite, au point que l'on était en droit de se poser la question : sont-ils ou non pédophiles et anthropophages ?

J'exagère ? A peine. L'ineffable Bernard-Henri Lévy, dont on connaît la prescience depuis le fiasco libyen, a perçu la « chemise brune » derrière le gilet. 
Jean Quatremer, de Libération, l'homme qui insulte plus vite que son ombre, a parlé d'un mouvement de « beaufs ». 
Sur les ondes d'Europe 1, Jean-Michel Aphatie a courageusement dénoncé « une véritable arme de destruction massive ». Il a même précisé que, derrière, dans l'ombre, il y avait forcément « une organisation séditieuse cachée ». La main de Poutine ou celle de Daech ? 
Dans le Figaro, l'essayiste Pascal Bruckner a asséné : « L'alibi de la justice est souvent le paravent des passions les plus basses : l'envie, la jalousie et la haine impuissante, comme disait Stendhal après la Révolution. » En 2019, comme en 1789, le danger vient des sans-culottes.

Fort heureusement, l'éditocrate sait remettre le bon peuple sur le bon chemin. Si besoin, il n'hésite pas à monter au front de la défense des libertés quand des énergumènes affublés d'un gilet jaune bloquent la sortie d'un journal, ou s'en prennent à des journalistes exerçant leur métier. De ce point de vue, il a raison. Tout geste inconsidéré doit être condamné, comme toute parole menaçante. Mais cela vaut dans les deux sens, aussi bien pour les « gilets jaunes » que pour ceux qui les jettent dans le sac de l'opprobre au prétexte de dérives ultra-minoritaires [avec le soutien d'une vaste majorité de "beaufs", je veux dire de Français "de base"...]. Durant plusieurs heures, les manifestants ont été rendus responsables de l'incendie accidentel qui s'est déclenché devant Le Parisien [il est vrai que Jannick Alimi, sa rédactrice en chef adjointe au service politique, joue volontiers avec les allumettes du parti-pris], preuve que certains n'hésitent pas à renouer avec une pratique de l'infox qu'ils attribuent d'ordinaire aux locataires des ronds-points de la colère.

Outre qu'il balaie rarement devant sa porte, l'éditocrate ne fait pas dans le détail. Tel un chasseur de gibier [un chacal?] ayant consommé plus que de coutume, il tire dans le tas - verbalement parlant, s'entend [Bruno Jeudy est à peine audible, dans tous les sens du terme, mais distille les préjugés partisans à jet continu, au niveau qui est le sien, celui du magazine de gare, Paris Match]. D'ordinaire, pourtant, ce grand esprit [BHL, Alimi, Jeudy ou Le Guay, c'est pareil] se pique de ne pas généraliser. 
Quand un Jérôme Cahuzac est condamné, il s'empresse de préciser que tous les députés ne sont pas pourris, ce qui est vrai [et quand Dominique Strauss-Kahn est poursuivi pour viol, était-il du côté de la victime, la femme, l'employée d'étage multi-services, la Noire ?]. Quand un policier dérape, il se garde de critiquer tous les flics, et c'est justice. Quand un Carlos Ghosn étale ses revenus de nabab, il relève avec raison que les patrons ne sont pas tous logés à pareille enseigne. Mais, quand des gens affichant la célèbre tenue fluo ont des agissements répréhensibles, il en déduit que tous les « gilets jaunes » sont de cette engeance. 

A l'instar de Pierre Dac, l'éditocatre dit : "Dans la vie, il faut des principes assez solides pour qu'ils tiennent le coup lorsqu'on s'assied dessus."

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