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mercredi 2 janvier 2019

Prélèvement à la source: l'enthousiasme douché de Darmanin

"Il n'y a pas de bug," se félicite Darmanin, contredit par des internautes

Le ministre des Comptes publics a tenté de rassurer les Français

Pour des questions sur le prélèvement à la source, un numéro non-surtaxé a été mis en place 0809 401 401, mais il est très sollicité.
Contribuables inquiets et à la rue
L'entreprise, qui était déjà collecteur de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), devient en 2019 collecteur de l'impôt sur le revenu de ses salariés. Ce changement, qui selon le gouvernement est une mesure de simplification fiscale, est plébiscité a priori par les Français dans le dernier sondage Elabe publié dans Les Echos : 68% des personnes interrogées - des contribuables ? - se disent favorables au prélèvement à la source. Malgré cette adhésion emportée par les media dévoués, plusieurs motifs d'inquiétude demeurent : plus d'une personne sur deux dit craindre les bugs techniques et l'impact sur la fiscalité du patrimoine, ainsi que le manque de confidentialité des données vis-à-vis de l'employeur préoccupant plus d'un tiers des sondés. 
Depuis ce 1er janvier, l'impôt sur le revenu effectue sa mue et le prélèvement à la source vient remplacer le recouvrement d'impôt sur avis d'imposition. La totalité des contribuables et des revenus sont concernés par la réforme, mais ce n'est pas la totalité des Français, bien loin de là : la vraie réforme consisterait en effet à rendre solidaires une majorité d'entre eux. 
Le prélèvement à la source viendra ainsi supprimer le décalage qui existe actuellement entre la perception des revenus et leur imposition. Actuellement, les contribuables - plus d'un Français sur deux ne contribue pas - paient bien l'impôt sur leurs revenus perçus l'année précédant celle de l'imposition. Nous payons par exemple notre impôt 2018 sur vos revenus de 2017. Un délai auquel les Français sont habitués, mais qui peut occasionner des problèmes de trésorerie pour certains. Le décalage d'un an entre la perception des revenus et leur taxation peut entraîner des difficultés de règlement pour qui voit ses revenus baisser en cours d'année, à la suite d'un changement de situation (de type divorce, décès, changement ou perte d'emploi, création d'entreprise, etc.).

La mise en place du prélèvement à la source au 1er janvier n'a pas entraîné de "bug technique", a assuré ce mercredi 2 janvier le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, tout en jugeant "normal" que la réforme suscite des "interrogations".

Gérald Darmanin répondant à un appel sur le prélèvement à la source dans un centre des finances publiques à Amiens le 2 janvier 2019.
Darmanin entouré d'une nuée de journalistes et photo-journalistes,
la plupart hors cadre

"Nous sommes le 2 janvier au matin. On avait prédit que tout début janvier il y aurait un bug général et que nous ne pourrions plus rien faire (...) Ce n'est pas le cas", a déclaré le ministre lors d'une visite dans un centre des finances publiques à Amiens.

"Chacun constate que les choses fonctionnent, que les agents des finances publiques sont au rendez-vous, que le site internet n'a pas 'buggé', que tout le monde a pu travailler et que la République fonctionne ce matin. Je m'en félicite", a-t-il poursuivi.

"Qu'il y ait des interrogations, c'est normal, et l'administration est là pour y répondre". Mais "tous les sondages le montrent mois après mois, et quelles que soient les péripéties nationales: les Français sont favorables" à la réforme, a-t-il estimé.
Le retenue à la source de l'impôt sur le revenu, qui consiste à prélever les impôts directement sur les salaires et les pensions, est entrée en vigueur officiellement le 1er janvier, après trois années de préparation, marquées par des hésitations politiques.
Pour la majorité des Français, les salariés, la réforme ne sera visible qu'à la fin du mois, lors de la réception des bulletins de paye de janvier.
Mais le prélèvement sera effectué à partir du 2 janvier pour les retraités, les salariés des entreprises pratiquant le décalage de paie (salaire de décembre versé en janvier), ainsi que pour les allocations chômage de décembre versées en janvier.

Pourtant, des internautes ont connu des problèmes de connexion ce mercredi

"Votre appel ne peut aboutir"
Alors que Gérald Darmanin, le ministre ravi, était justement en visite au centre des impôts Pierre-Rollin, à Amiens, "à la rencontre des agents du centre d’appel qui répondent aux questions des contribuables" et que BFMTV lui consacrait sa journée d'info, la vie de contribuable était plus compliquée que ce qu'en disait la propagande médiatico-politique.

11 h 04. J’essaye. "Votre appel ne peut aboutir", me répond le téléphone. Puis, ça sonne occupé. J’ai peut-être un problème de téléphone. J’en change. 11 h 06 : "Votre appel ne peut aboutir." Rebelote. Les lignes doivent être très sollicitées...

11 h 09. Je tente à nouveau. "Finances publiques, bonjour. Nous allons traiter votre appel", me dit, cette fois, une voix enregistrée. J’avance et je n’ai qu’à patienter. On me le confirme : "Votre appel est mis en attente. Merci de bien vouloir patienter. Un agent de la direction générale des finances publiques va vous répondre". Petite musique (eh non, ce n’est pas du Vivaldi). J’attends. Il est 11 h 14 quand… "Tous nos agents sont actuellement occupés. Merci de bien vouloir renouveler votre appel." Le robot raccroche au nez.
Et on nous dira sur BFMTV ou CNews que le gouvernement n'est pas déconnecté...

Certains internautes 
ont partagé sur Twitter des captures d'écran affichant un bug de connexion sur le site, comme on peut le voir ci-dessous.

Par ailleurs,  ce mercredi sur franceinfo, Olivier Vadebout, secrétaire général de la CGT Finances Publiques, a estimé qu'il n'y avait "pas assez de monde au bout du fil" du numéro vert (0809 401 401) ouvert le 2 janvier pour répondre aux questions des contribuables. Selon lui, "les gens ont essayé d'appeler plusieurs fois les services et ils n'y sont pas parvenus parce qu'il n'y a pas assez de fonctionnaires des finances publiques pour répondre au téléphone". 

Une opération technique donnant lieu à une propagande éhontée
Flatteries populiste d'un contribuable sur deux Français, cirage des pompes de Jupiter et intox sur le réformisme du gouvernement et le bon fonctionnement du nouveau dispositif, après plusieurs mois de tergiversations d'Edouard Philippe : 

Relativisons l'exploit du petit homme de Bercy...
Seulement 43% de Français paient l'impôt sur le revenu
Résultat de recherche d'images pour "prelevement a la source"
La France compte près de 38 millions de foyers fiscaux. Pour 16,34 millions de foyers payant l’impôt sur le revenu, en 2017, selon le rapport d’activité de la Direction générale des finances publiques (Dgfip). Moins de la moitié des contribuables, 43,1% des foyers fiscaux très exactement, s’acquittent de l’impôt sur le revenu. La Dgfip précise par ailleurs que près de 6 millions de foyers ont bénéficié d’une restitution d’impôt : il s’agit ici non pas d'une restitution due à un trop important acompte, mais d'une restitution consécutive à un solde négatif, grâce à un crédit d’impôt, une prime, etc.
58,8% des particuliers soumis à l’impôt sur le revenu ont opté pour la mensualisation, une proportion constante ces dernières années et bien supérieure à celle de la mensualisation de la taxe d’habitation (36,6%), par exemple. En tout, en comptant les contribuables mensualisés, 8 foyers sur 10 s’acquittent déjà de leur impôt de façon dématérialisée : 12,5% ont réglé leur impôt en ligne en 2017 (contre 7,3% en 2015 et 9,1% en 2016), et un peu moins de 10% ont préféré le prélèvement automatique à l’échéance.

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