Bartolone a lancé sa campagne des régionales en Ile-de-France
Hollande et Bartolone ne font plus que des apparitions à leurs postes
Claude Bartolone, qui a chassé Jean-Paul Huchon de la candidature PS, a lancé mardi sa campagne à Créteil (Val-de-Marne), jouant la carte du rassemblement, celle de son camp et des différentes composantes sociales et territoriales de l'Ile-de-France. "Nous sommes tous l'Ile-de-France", a clamé à plusieurs reprises l'ancien président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, au cours d'un meeting qui aurait réuni quelque 1.700 personnes, selon les organisateurs.
Affichage trompeur d'harmonie
Bartolone était arrivé au Palais des sports flanqué d'Anne Hidalgo, qui compte au nombre des "frondeurs" et alliés de Martine Aubry contre Hollande et du président de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon, poussé vers la sortie par une partie de son camp, dont la maire de Paris.
Pour la photo et sauver les apparences, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis apparaissait à ses côtés, mais aussi des représentants des frondeurs (Jérôme Guedj) aussi bien que de la motion B, minoritaire (François Kalfon, celui qui a giflé un élu UDI, lors d'une réunion au salon des maires de France, Ie 14 avril 2015), "A gauche pour gagner" des frondeurs (Christian Paul, Laurent Baumel, Jérôme Guedj, Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche, Guillaume Balas, Barbara Romagnan, Pouria Amirshahi, Aurélie Filippetti, Benoît Hamon). "Ce n'est pas neutre après l'épisode du 49.3", persiflait son entourage.
La démagogie en gros souliers
Un mot pour les Franciliens issus de l'immigration et les migrants "victimes de la guerre et des persécutions", un autre pour les "classes moyennes", une phrase pour tous les citoyens "quel que soit (leur) être sentimental et sexuel", Claude Bartolone ratisse large, veillant à n'oublier personne, mais sans toutefois s'appesantir sur les oubliés de la croissance et les Français en recherche d'un emploi: la Grande Couronne est en effet une épine dans le pied de la gauche, puisque le PS a subi une lourde défaite lors des départementales de mars, perdant la Seine-et-Marne et l'Essonne.
Promettant une "Ile-de-France humaine", il a brossé à larges traits les trois "grandes causes" qui constitueront l'armature de son programme: la qualité de vie (transports, logement, "droit à la nature"), la jeunesse, la vitalité.
Dans le domaine stratégique des transports, le candidat a consacré un long développement à la sécurité des femmes, qui ne doivent pas être victimes d'un "apartheid sexuel" [question des signes distinctifs d'appartenance ?] qui les condamnerait à "disparaître de l'espace public". Il a aussi promis d'être attentif au volet routier, car - après 17 ans de présidence socialiste sous Jean-Paul Huchon - "il reste des Franciliens qui (...) n'auront d'autre choix que la voiture".
Il s'est aussi fait le chantre d'une "révolution écologique". "La politique de la région sera (...) d'inspiration social-écologique (...) Parce qu'on peut vivre avec 4% de déficit budgétaire, pas avec 4 degrés de plus".
Sur le logement, la jeunesse et la vitalité, il faudra attendre pour en savoir plus...
Le candidat socialiste s'ancre résolument à gauche
Bartolone a annoncé une campagne "participative" et le lancement le 1er juillet d'un "tour du projet" qui le conduira "à la rencontre des Franciliens", avant la présentation de son projet "à l'automne".
Il s'est engagé à présenter des listes "rajeunies, ouvertes, de toutes les couleurs de l'Ile-de-France". "La moitié de nos listes seront conduites par des femmes", a-t-il maintenu devant une Anne Hidalgo tout sourire. Elle-même avait appliqué ce principe à ses listes d'arrondissement pour les municipales de 2014.
Bartolone s'est peu attardé sur le projet de son adversaire des Républicains, Valérie Pécresse, préférant la polémique frontale, caricaturale et méprisante qui augure mal d'un fair-play à venir. "L'Ile-de-France a rendez-vous en décembre pour dire non à ces idées-là. Non à cette conception de la société, fracturée, atomisée. Non à ce mélange de conservatisme et de cynisme. Parce que tout cela porte un nom: le sarkozysme. Et quel que soit le nom et le logo derrière lesquels il se cache, non merci, on a déjà donné", a-t-il lancé.
Le ton de l'agression est donné. "C'était un vrai discours de gauche, avec une vraie énergie. On est toujours très réconforté par les parcours républicains", s'est félicitée Marie-Pierre de La Gontrie, porte-parole de la campagne.
Au début du meeting, un petit film avait rappelé les racines de Bartolone, "un fils de prolétaire, un enfant de Tunis, né de père italien et de mère maltaise": Bartolone a choisi d'exclure les autochtones d'Ile-de-France.
Plus tôt dans la soirée, le porte-parole de Valérie Pécresse, Geoffroy Didier, avait dénoncé la "confusion des genres" entretenu par un candidat PS "perché aux frais de la République" -allusion au choix de Claude Bartolone de conserver la présidence de l'Assemblée, malgré son entrée en lice.
Sous tension, Manuel Valls incarne donc seul cet exécutif largement déserté par les intermittents Bartolone et Hollande, mais avec raideur et brutalité.
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