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dimanche 28 juin 2015

Le terroriste de l'Isère aurait avoué la décapitation de sa victime

Yassin Salhi aurait reconnu l'assassinat de l'entrepreneur 

Le principal suspect est sorti de son mutisme

Samedi dans la soirée, Yassin Salhi aurait commencé "à s'expliquer sur le déroulé des faits," la décapitation du chef d'entreprise isérois, puis l'attentat terroriste contre l'usine Air Products (photo ci-dessous) de Saint-Quentin-Fallavier en Isère.  Il aurait reconnu avoir assassiné son employeur. Sa garde à vue peut durer 96 heures. 

Le terroriste raconte l'attentat
Vendredi à 9h28, Yassin Salhi, chauffeur-livreur français de 35 ans, s'est présenté  au volant d'un Peugeot Boxer de l'entreprise devant l'usine du groupe américain Air Products, spécialisée dans la production de gaz industriels. Il a franchi sans encombre les contrôles de sécurité: l'homme effectuait régulièrement des livraisons sur ce site classé Seveso et était donc connu du personnel. Une fois dans la cour, il aurait foncé sur des bonbonnes de gaz stockées sur le site, provoquant une violente explosion qui ne fera qu'un seul blessé léger: lui-même. Il souffre de nombreuses entailles relativement profondes au visage. Il est sorti malgré tout de son véhicule et a tenté de déclencher une seconde explosion qui aurait pu être dévastatrice: 43 personnes se trouvaient sur le site au moment du drame. Il a finalement été  maîtrisé par deux pompiers, alertés par l'explosion. L'un deux est parvenu à le ceinturer et à le maintenir au sol jusqu'à l'arrivée de la gendarmerie, accueillie au cri de "Allahou Akbar".

Ce dimanche Yassin Salhi aurait reconnu être l'auteur de l'assassinat

A leur arrivée sur les lieux, les autorités découvrent à l'arrière de la camionnette un corps "abjectement décapité", selon les mots du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. La tête est accrochée sur le grillage de l'entreprise, entre deux drapeaux islamiques. 

Qui était la victime retrouvée décapitée?
La victime, Hervé Cornara, 54 ans, est le directeur commercial de la société ATC Transport dans laquelle Yassin Salhi est salarié depuis mars dernier. La victime et son assassin ont été vus pour la dernière fois vers 7h30, dans l'enceinte de leur entreprise, à Chassieu. Les circonstances de l'assassinat, vraisemblablement commis avant d'entrer dans l'enceinte de l'usine, restent encore floues. Selon Le Monde, Yassin Salhi avait "une arme factice qui aurait pu servir à enlever sa victime." 

L'autopsie n'a pas permis de déterminer les circonstances de la mort d'Hervé Cornara, et on ignore encore si la victime était déjà mort au moment de la décapitation: des traces d'asphyxie et d'égorgement ont été retrouvés sur son corps, sans que l'on puisse affirmer qu'elles aient causé la mort. Des examens complémentaires vont être effectués.

Des recherche de complicité sont en cours

Les enquêteurs sont à la recherche d'éventuels complices de Yassin Salhi: le terroriste a en effet envoyé un selfie de lui et de la tête décapitée de sa victime via le service de messagerie WhatsApp. Selon les premiers éléments de l'enquête, le destinataire de ce macabre texto aurait un numéro canadien, mais on ignore dans quel pays il se trouve actuellement. Ce numéro peut être un simple relais avant un rebond vers une autre destination. 

Yassin Salhi a-t-il reçu des ordres? Fait-il parti d'un réseau structuré et organisé? L'attentat n'a pas été revendiqué, mais la mise en scène et la décapitation font penser aux méthodes du groupe terroriste Etat Islamique.
Le djihadiste présumé est connu des services de renseignement.
Le terroriste présumé a fait l'objet  d'une fiche "S" (sûreté d'Etat) entre 2006 et 2008 pour "radicalisation" et pour ses "liens avec la mouvance salafiste" de Pontarlier (Doubs), d'où il est originaire. Il fréquentait notamment Frédéric Jean Salvi, alias "le Grand Ali", soupçonné d'avoir préparé des attentats en Indonésie avec des militants d'al-Qaïda. Mais selon une source proche du dossier, les deux hommes n'étaient plus en contact depuis.

En 2013, Yassin Salhi réapparaît sur les radars des services de renseignementsalors que sa fiche "S" n'a plus été renouvelée depuis 2008: le salafiste s'était en effet mis en sommeil. Il fréquente alors assidûment un groupe de salafistes de Besançon. Le jeune homme porte la djellaba et la barbe mais rien dans son comportement ne laisse penser que ce Français parmi d'autres projette de faire le djihad. D'autant que son casier est vierge.
L'année suivante, un voisin signale aux autorités que Yassin Salhi organise régulièrement des réunions chez lui "avec d'autres hommes parfois vêtus de treillis militaires et dont les conversations parfois menées sur le palier de l'appartement faisaient référence au djihad et au Mali". Selon RTL, une note a été fournie à la DGSI, mais l'homme n'a pas fait pour autant l'objet d'une surveillance accrue. Malgré les attentats djihadistes par des Français comme lui, en janvier 2015, ce signalement n'a suffi ni à la ré-activation de sa fiche S par les services de Bernard Cazeneuve, ni à la reprise de sa surveillance étroite.  


L'éducateur qui a entraîné aux sports de combats Yassin Salhi, il y a quatre ans dans le Doubs 
a parlé au journal Le Parisien. Il décrit une "bombe à retardement", "un homme doté d'une double personnalité". "Iil se laissait taper sans réagir, sans même protéger son visage. Puis il explosait de colère et frappait dans tous les sens avec une rage inouïe. Il était dangereux, pour lui-même et pour les autres. Il ne se battait pas: il faisait la guerre", explique-t-il. 
L'entraîneur se rappelle d'un homme "dont la conversation était centrée sur l'Islam". Les deux hommes se sont perdus de vue quand la salle de gym a adopté un règlement plus strict en manière de laïcité. Rappelé à l'ordre pour être venu une fois en djellaba, Yassin Salhi n'est plus revenu.

Le principal suspect devrait être transféré dans la journée vers le siège de la police antiterroriste de Paris. Sa garde à vue peut durer 96 heures. Les auditions de sa femme et de sa soeur (ic-contre) ont également été prolongées.


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