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vendredi 19 juin 2015

Le mariage pour tous a tué la presse gay


Yagg, Têtu... Les media LGBT en grande débandade

Les media LGBT peinent à jouir de saines finances 

Le couturier se déshabille
 pour remplumer le magazine gay
Après le magazine gay Têtu, placé en redressement judiciaire le 1er juin, c'est au tour du site d'information LGBT Yagg d'admettre, ce mardi 16 juin, avoir du mal à trouver un équilibre financier. 
Sale temps pour la presse LGBT (Gay, Lesbien, Bi et Transgenre). Alors qu'il fête ses 20 ans, le magazine Têtu a annoncé son placement en redressement judiciaire, accusant 500.000 euros de pertes prévues en 2015 et des ventes en baisse (de 36.000 exemplaires en 2012 à environ 28.000 en 2014)...
Quinze jours plus tard, c'est au tour de Yagg de révéler sa situation dégradée. Le pure player LGBT peine en effet à joindre les deux bouts. "Un restaurant, c'est plus facile à gérer pour nous."
Si Yagg est en difficulté financière, c'est parce que le site "aura été peu aidé par les institutionnels ou par le secteur privé dans son histoire", affirme son cofondateur, Xavier Héraud, dans un édito publié ce mardi. Sa demande de financement auprès du Fonds pour l'innovation numérique de la presse (FINP), mis en place par Google ayant été retoquée, le journaliste a pris la plume afin de souligner combien Yagg se donne pour que son budget s'équilibre. "'Un restaurant, c'est plus facile à gérer pour nous', nous avait ainsi répondu une banque que nous étions allés voir il y a quelques années", révèle Xavier Héraud.


Pierre Bergé s'est retiré de Têtu en janvier 2013 après avoir pris le quotidien Le Monde en 2010

L'homme d'affaires Jean-Jacques Augier, l'actuel propriétaire de Têtu, est un ancien inspecteur général des Finances et maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, président-directeur-général des  qui refusent la concurrence d'UberPop, actionnaire de deux sociétés offshore dans les îles Caïmans, est ouvertement socialiste et homosexuel.


"Le tribunal de commerce nous a donné quatre mois pour trouver une solution qui assure la sauvegarde des emplois et la pérennité du titre", expose Jean-Jacques Augier, propriétaire du magazine depuis deux ans. Cependant, contrairement à Xavier Héraud, l'ex-trésorier de la campagne de François Hollande ne met pas en cause la faiblesse des subventions accordées aux media LGBT dans le marasme économique que ceux-ci subissent. D'ailleurs, "je ne suis pas favorable à ce qu'on maintienne les aides publiques à quelque domaine que ce soit", confie-t-il à L'Express.

Les "avancées" font reculer la presse gay: comment veux-tu...?

Un Prix  a été remis par Christiane Taubira, garde des Sceaux, à l'association Acceptess-T pour son action de promotion du sport auprès des publics transgenres, le 11 avril 2015 à Paris
Jean-Jacques Augier fait plutôt porter la responsabilité principale de la dégradation financière de Têtu aux agences publicitaires. "Elles nous étranglent", affirmait-il dans son communiqué du 1er juin.
Pour Jean-Jacques Augier, la crise qui frappe les media LGBT n'est pas le seul fait de restrictions pécuniaires. 

Avec aussi des "avancées sociales" comme le mariage pour tous et la fin de la stigmatisation des homosexuels, "les lecteurs et les internautes ont perdu le sentiment de nécessité d'avoir des media qui défendent leurs droits", analyse l'homme fort de Têtu. Or, "il reste encore beaucoup à faire notamment pour les transgenres." Bruce/Caitlyn Jenner posant en Une du Vanity Fair US n'étant qu'un début selon lui.

Caitlyn Jenner, née William Bruce Jenner, champion olympique américain de décathlon et ancien beau-père des filles Kardashian, s'est dévoilé en femme -transgenre- pour la première fois sur ABC pour Vanity Fair en avril dernier.

Face à cette "sorte de démobilisation" du lectorat, Jean-Jacques Augier espère donc que les alertes des media LGBT constitueront un acte "symbolique" permettant de "réveiller les consciences". Pour "continuer à exister", Yagg en appelle ainsi à la générosité du public via une campagne lancée sur Ulule. Objectif affiché: 3.000 abonnés supplémentaires d'ici le mois de septembre. 

Jean-Jacques Augier, lui, est convaincu que "la survie [de Têtu] passe par le rapprochement avec un groupe de presse". Sans se départir de son optimisme, le propriétaire du magazine déplore toutefois que "les gens ne croient pas que Têtu puisse disparaître. C'est un titre structurant, une marque forte. Mais sa disparition est possible et ce sera alors un manque criant." Car, citant son livre de chevet Gay Berlin de Robert Beachy, Jean-Jacques Augier rappelle que "toute l'histoire nous montre que l'égalité des droits est un combat permanent".


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