Valls réclame la création d'un "code du renseignement" qu'il vient de faire voter une loi pour mettre n'importe qui sur écoutes.
Le cerveau droit du Premier ministre oublie ce que le gauche a fait
La mauvaise foi de Manuel Valls n'est jamais en panne. Constamment dans la déclaration d'intention et l'illusion de l'action, le Premier ministre s'est de nouveau déclaré colère et cette fois de la révélation par WikiLeaks d'informations -au demeurant anodines- prouvant la mise sur écoutes de trois présidents français (François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac) par l'agence de sécurité américaine, la NSA. Cette diffusion est déjà malveillante en soi, mais l'existence d'écoutes l'est autrement plus.
Soucieux de paraître réactif, Valls a aussitôt réclamé la création d'un "code de bonne conduite" entre pays "alliés". "Les États-Unis doivent tout faire pour réparer" les dégâts liés aux révélations, a-t-il ajouté, insistant moins sur le principe des écoutes que sur l'indélicatesse des révélations.
Le premier ministre y ajoute ensuite l'émotion qui plaît tant aux habitués des comptoirs de cafés, disant ressentir "émotion et colère face à ces pratiques inacceptables émanant d'un pays ami". Si vous attendiez le signal pour verser une larme, c'est maintenant.
Alors que François Hollande est face à un problème connu -et non résolu- de surveillance, son premier ministre fait de la communication politique...
Cette réaction est particulièrement démagogique
D'une part, la France sait au moins depuis 2013 que ses dirigeants sont massivement sur écoutes, et que la grande oreille est à Washington : les révélations d'Edward Snowden, ainsi que le repérage d'une station d'écoutes sur le toit de l'ambassade américaine à Paris ne laissaient guère de doutes.
Mais surtout le gouvernement vient de faire voter une loi sur le renseignement qui contient des mesures permettant à la France de se comporter comme une barbouze, du moment qu'elle n'espionne pas (trop) ses citoyens sur son territoire national.
Un "code du renseignement" déjà proposé... contre la France
Le "code du renseignement" que Manuel Valls appelle de ses voeux a déjà été proposé par le Conseil de l'Europe en avril dernier, en réaction notamment à la nouvelle loi du gouvernement Valls, jugée dangereuse. "Le risque est très grand que l'on aboutisse à une surveillance non ciblée, touchant l'ensemble de la population" française, avait alors confié au Point Nils Muiznieks, le commissaire aux Droits de l'homme du Conseil de l'Europe - l'organisation paneuropéenne installée à Strasbourg (à ne pas confondre avec l'Union européenne) - représente 820 millions de citoyens.. Lorsque nous donnons carte blanche à nos services de renseignements, nous faisons exactement ce que veulent les terroristes : nous dénaturons nos valeurs", avait ajouté l'ancien ministre letton, docteur en sciences politiques.
Certes, la nouvelle loi sur le renseignement n'est pas un "Patriot Act" français, elle ne permet donc pas d'aller aussi loin que l'ex-loi d'exception américaine. Et elle résout d'importants problèmes opérationnels et juridiques rencontrés par les agents français. Mais cette loi française ouvre la porte à la surveillance massive en considérant chaque internaute et donc chaque citoyen comme un suspect dont la vie privée peut être allègrement violée. Or, la surveillance de masse est inefficace et dangereuse pour la démocratie.
Les "boîtes noires" que l'État pourra installer chez les opérateurs télécoms sont l'une des raisons qui font que la loi fédère ses opposants : les institutionnels (la CNIL, le Conseil national du numérique, la Commission nationale consultative des droits de l'homme, le Syndicat de la magistrature, l'ordre des avocats de Paris, etc.), les ONG (Reporters sans frontières, La Quadrature du Net, Amnesty International, Human Rights Watch, etc.) ou encore le secteur de l'économie numérique dans sa quasi-totalité (Google, Microsoft, Facebook, Yahoo!, Skype, Dailymotion, Deezer, etc.) s'opposent fermement au texte.
En réaction, Valls fait de la psychologie politique, oppose l'émotion et la colère !... Sa gouvernance est régie par les circonstances, ses influences biochimiques et ses humeurs.
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