POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

Free speech offers latitude but not necessarily license

mardi 20 novembre 2018

Bordeaux : les "gilets jaunes" baladent les forces de l’ordre

Les "gilets jaunes" refusent l'affrontement avec les forces de l’ordre qui les traquent

Au jeu du chat et de la souris, la police est dépassée

Des dizaines de "gilets jaunes" se sont laissés déloger dans le calme par  l'important dispositif de sécurité des forces de l’ordre, lundi à Bordeaux, pour mieux se réinstaller quelques heures plus tard à l’entrée du Pont d’Aquitaine :  aussitôt chassés par des forces de l’ordre au pas de charge, le matin, aussitôt de retour dans l’après-midi, tranquillement.


"On ne lâchera pas l’affaire !", avait prévenu l’un des quelques dizaines de manifestants évacués en matinée de l’un des principaux axes routiers du Sud-Ouest de la France et point de passage important sur la rocade périphérique bordelaise.
"On a été chassés dimanche... On est revenus, on se refait chasser (lundi) mais c’est pas grave, on tiendra bon, on va encore revenir à la charge", assurait un autre.

Comme promis, il sont revenus dans l’après-midi installer un barrage filtrant.

Bouclée en quelques dizaines de minutes, sans heurts, l’évacuation matinale avait visiblement relancé la motivation des manifestants, qui sont revenus à plus d’une centaine à l’entrée du grand pont suspendu enjambant la Garonne.
Dans la matinée, quand les CRS se mettaient en place pour les déloger, les"gilets jaunes" avaient mis le feu à leurs barrages de fortune, faits de branchages, de troncs d’arbres et de pneus, qui bloquaient totalement les deux sens de circulation.

Une longue file de camions - bloqués ou bloqueurs - depuis la veille, est restée sereine, même à l’arrivée des dizaines de fourgonnettes des forces de l’ordre. Certains ont même klaxonné à l’arrivée des CRS, comme pour donner de l’ardeur aux manifestants.
"Ce n’est pas rassurant mais je n’ai pas peur", confiait Ruben, 31 ans, un Espagnol qui effectue des trajets vers l’Angleterre. "Je suis en faveur de ce mouvement, c’est une bonne chose."

"C’est la démocratie, tout le monde doit pouvoir s’exprimer", renchérissait Buda, un Roumain de 36 ans, depuis son poids-lourd et qui roule habituellement entre l’Espagne et les Pays-Bas. "Nous n’avons eu aucun problème avec ces gens, tout s’est bien passé".

Aucune dérive

A l’approche des forces de l’ordre le matin, les "gilets jaunes" ont entonné une Marseillaise, chant de guerre révolutionnaire écrit en 1792 et hymne à la liberté, appel patriotique à la mobilisation générale et exhortation au combat contre la tyrannie.

Ces "gaulois réfractaires" se sont dispersés sans violence et sans provocation. "On est des pacifistes", lançait l’un d’eux.
"Notre seule arme c’est de chanter, de s’asseoir; on n’est pas là pour faire du grabuge", expliquait un jeune gilet jaune, la vingtaine, qui n’a pas voulu donner son nom. 
A côté de lui, certains portent des foulards sur le visage, car, si le droit de manifester est constitutionnel, Macron et Casanier n'hésitent pas à interpeller certains pour l'exemple. Et ils sont condamnés à des peines fermes parce qu'ils ne sont pas couverts par les syndicats.
 

La veille, à quelques kilomètres au nord, sur l’A10, le face-à-face entre manifestants et forces de l’ordre s’était pourtant tendu au péage de Virsac, lorsque la police a fait usage de gaz lacrymogènes, auxquels ont répondu des jets de projectiles.
Evacué en matinée par les forces de l’ordre, sans affrontements, ce point de blocage a également été réinvesti lundi après-midi et le barrage bloquant réinstallé.

Droit dans ses bottes face aux policiers qui avancent sur le pont d’Aquitaine, Daniel, 55 ans, explique qu’il fait 2.000 km par mois pour ses trajets domicile-travail.

La "prime à la reconversion" en petites cylindrées de 4 CV est-elle adaptée ? 
"Je partais embaucher ce matin, mais finalement je suis venu, car plus on est nombreux et plus ça aura d’impact", dit-il, arborant le gilet jaune. "Je ne suis pourtant pas un révolutionnaire!" Alors, un "anarchiste", comme l'affirme l'exécutif ?

"Mais quand la France gagne la finale de la Coupe du monde, on est des millions dans les rues, alors pourquoi pas là ? Il faut être unis dans les bons comme dans les mauvais moments", estime-t-il.

Menuisier, ce quinquagénaire déplore que "le président de la République ne s’intéresse pas aux pauvres".
Emmanuel Macron cristallise la colère. "Il ne veut pas céder sur la hausse du carburant, de toutes les taxes et les retraités, et on en a marre !", dit un manifestant qui se fait appeler Peter.
"Le gazole est à 1,20 euro en Espagne... Il faut arrêter de nous prendre pour des cons", lance un jeune homme dont le dos de la chasuble jaune affiche l’inscription 'Macron is dead'.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):