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mardi 3 janvier 2012

Le Point: "Hollande parle pour ne rien dire"

Chronique politique d'Hervé Gattegno, sur RMC


Electrique ou diesel ?

L'autolib Hollande,
espace vide


François Hollande publie un texte dans Libération qui, pour ses partisans, constitue le vrai lancement de sa campagne.
Sa lecture vous a déçu - une fois de plus ! Parti pris :
Hollande est toujours un candidat virtuel. Mais encore ?

Nicolas Sarkozy est un candidat virtuel parce qu'il fait campagne sans s'être déclaré. François Hollande l'est, lui, parce que son projet est virtuel. Les semaines passent et on ne sait toujours à peu près rien de ce qu'il propose pour faire baisser le chômage, résorber les déficits, résoudre la crise de la dette... On pouvait espérer qu'avec ce texte, il allait sortir de ce halo de flou dont il reste enveloppé depuis la primaire. C'est non. L'article est titré : "Le changement, c'est maintenant". Mais le contenu c'est plutôt : "Pour les détails, on verra plus tard." Le problème, c'est que ce texte devait servir à corriger l'impression de flottement qui s'installe dans sa campagne. L'objectif n'est sûrement pas atteint.


Vous parlez d'une "impression de flottement". Vous voulez dire que les partisans de François Hollande s'inquiètent alors qu'il reste en tête dans tous les sondages ?

Clairement, oui. Officiellement, bien sûr, l'entourage du candidat (sur)joue la sérénité, la maîtrise du calendrier, le style "force tranquille" et justement la filiation avec François Mitterrand. En réalité, beaucoup de proches du candidat reconnaissent qu'ils ne s'attendaient pas à des débuts aussi laborieux - non seulement parce qu'il a perdu des points dans les sondages (même si, en effet, il devance toujours nettement Nicolas Sarkozy), mais surtout parce qu'il n'arrive pas à imprimer sa marque à la campagne. Ces jours-ci, on entend même d'éminents socialistes regretter le "charisme" de Ségolène Royal - c'est dire ! Illustration récente : les voeux du candidat en vidéo, dits sur un ton monocorde et filmés dans une lumière blafarde sur un fond rose pâle. C'est le retour à la préhistoire de la communication politique ! Les socialistes attendent un patron. Ils ont une campagne de patronage...



Premiers couacs de l'Autolib Hollande
conçu et produit par le PS: lien


Est-ce que cette absence de mise en scène n'est pas justement la marque du candidat Hollande ?

C'est la version positive. Sauf qu'avant d'être un "président normal", Hollande doit se résoudre à être un candidat normal, c'est-à-dire quelqu'un qui annonce ce qu'il veut faire. Il a raison d'écrire qu'"un mandat se juge sur ses résultats", mais sur quoi juge-t-on un candidat s'il ne dit rien ? Ce qu'il écrit sur le bilan de Nicolas Sarkozy est assez bien envoyé, y compris sa critique d'une impuissance politique qui jure avec l'omniprésence présidentielle. Le problème, c'est que cette critique ne suffit pas à structurer une candidature alternative. À lire le texte, les axes de sa campagne sont la vérité, la volonté, l'espérance. Mais tous les candidats disent ça ! Son texte est plein de slogans creux : "maîtriser notre destin", "retrouver la confiance". Soit. Mais comment ? Mystère et boule de gomme. Alors il ironise sur la "présidence de la parole" de Nicolas Sarkozy - il n'a pas tout à fait tort. Mais à force de parler pour ne rien dire, lui devient peu à peu le candidat du malentendu.


Il y a quand-même, dans ce texte, deux appels explicites aux électeurs du FN et à ceux de la gauche non socialiste. C'est efficace ?

C'est aussi le signe d'une inquiétude plus grande que les hollandistes ne veulent bien le dire. Il sait que Marine Le Pen séduit les classes populaires plus que lui. Il sait aussi que c'est à lui que Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly prendront le plus de voix. Donc il lance un appel explicite au vote utile en expliquant qu'il est le seul à gauche à pouvoir être au second tour - ce qui est vrai. Mais comme il ne se donne pas plus de peine pour convaincre, il est moyennement convaincant. Conclusion : il dit qu'il se sent "prêt" à gouverner. Pour l'instant, il donne l'impression d'en être loin.

2 commentaires:

  1. Hollande ne manque jamais l'occasion de se comparer à François Mitterrand. Comme si, sous l'ère de " Tonton " les Français étaient si heureux ...Laissez moi rire !

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  2. tout à fait de votre avis Daniel!

    3 dévaluations, accompagnées d’inflation à 2 chiffres et des salaires gelés, taux de chômage à 2 chiffres, taux d'intérêts à 2 chiffres, tandis que nous payions les frais d'entretien de sa seconde famille y compris les vacances en Égypte et ailleurs... j'en ai un souvenir affreux (fins de mois plus que difficiles avec 2 enfants en bas âge et pas de restos du cœur). mais les socialistes ont sans aucun doute la mémoire courte.

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