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mardi 7 mai 2019

Après son épisode de délire à l'hôpital La Pitié-Salpétrière, Castaner réclamé en audition au Parlement

Les oppositions réclament la création d'une commission d'enquête pour y être examiné

Plusieurs élus, sénateurs et députés de l'opposition, réclament la création de commissions d'enquête sur la gestion des manifestations du 1er mai par l'Intérieur

Castaner dans l'oeil du cyclone
A l’issue des manifestations du 1er mai, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner s’est rendu le soir même dans les locaux de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Prenant la presse à témoin, sans prendre aucun temps de réflexion, mais juste guidé par sa volonté d'instrumentalisation de l'opinion,  il a dénoncé "une attaque" du service de réanimation par des militants anticapitalistes
Ces éléments de langage ont été repris par les professionnels de presse institutionnelle sans vérification des faits, mais cette présentation fallacieuse a été démentie par plusieurs vidéos mises en ligne jeudi 2 mai. 
Depuis, plusieurs élus de l’opposition réclament son audition devant les commissions Lois du Sénat et de l’Assemblée nationale, ainsi que la création de commissions d’enquête.

Le ministre de l'Intérieur "Christophe Castaner a perdu ses nerfs. 
Toutes les semaines il s’exprime à chaud, sans vérifier les faits et c’est grave. Il est discrédité dans sa fonction de ministre de l’Intérieur". Pour l'extrême gauche, la communiste Elianne Assassi, présidente du groupe CRC (Communiste, Républicain, Citoyen et Écologiste) au Sénat a été l’une des premières, jeudi 2 mai, à exiger la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Le joueur de poker a en effet désigné des activistes anticapitalistes de l’ultragauche agissant en black bloc.
Une multitude de voix s'élève désormais dans l'ensemble du paysage politique - exception faite du parti présidentiel - pour que l'irresponsable ministre de Macron soit auditionné.

"Le ministre de l’Intérieur doit cesser de mettre de l’huile sur le feu et doit maintenant s’expliquer sur ses déclarations démenties par les faits », a écrit Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat sur Twitter.

"Monsieur Castaner est un menteur, en plus d’être un incompétent", a lancé un peu plus tôt à Marseille le chef de file de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, accusant le ministre de l’Intérieur d’avoir "inventé" l’attaque de l’hôpital parisien.

"On peut arrêter de monter en épingle l’histoire de "l’attaque" de l’hôpital et revenir aux revendications sociales des mobilisations massives du premier mai ? Christophe Castaner doit répondre de ce mensonge !", a aussi twitté Manon Aubry, tête de liste LFI aux Européennes.

"S’il s’agit d’un mensonge délibéré dans le seul et unique but de disqualifier et salir une mobilisation sociale, le ministre de l’Intérieur doit être démis de ses fonctions sans délai", a aussi estimé Benoit Hamon (non élu parlementaire, Génération.s), demandant que "le gouvernement produise les preuves de ce qu’il affirme".

"Le Gouvernement pris en flagrant délit de #FakeNews, assez de cette propagande ! Christophe Castaner a manipulé les faits pour discréditer ses opposants : il doit démissionner. Il y a suffisamment de violences à condamner pour ne pas en inventer", a jugé de son côté Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France.

Pour la sénatrice EELV Esther Benbassa, "si Christophe Castaner s’appelait Pinocchio, on n’ose imaginer quelle longueur aurait son nez".

A l'Assemblée nationale, le porte-parole des députés communistes Sébastien Jumel, a estimé que "Christophe Castaner se sert de la parole ministérielle comme d’un LBD [lanceur de balles de défense]. Mais par #PitieSalpetriere que le ministre garde son sang-froid, tienne des propos mesurés sur des infos circonstanciées et arrête de dégoupiller des grenades verbales d’enfumage politique !".

"Les détenteurs de la parole publique ne sont-ils pas tenus à plus de prudence et de sérieux dans leurs déclarations ? Ce gouvernement se discrédite chaque jour davantage," a observé Philippe Olivier, conseiller de Marine Le Pen et candidat sur la liste RN aux européennes.

Castaner en est à une deuxième demande de simple audition

Moins de deux mois après son audition devant la commission des Lois du Sénat pour la gestion chaotique de 'l'Acte XVIII' des Gilets jaunes à Paris, le ministre de l’Intérieur pourrait retrouver les élus de la Chambre haute dans les prochaines semaines. C’est ce que souhaite Jean-Pierre Sueur, sénateur PS, qui précise  avoir d’ores et déjà déposé une demande formelle d’audition auprès du bureau du président de la commission des Lois, Philippe Bas.

Un souhait formulé également dès le 2 mai sur Twitter par son collègue Patrick Kanner. "Nouvelle bavure du Ministre de l’Intérieur ? L’analyse objective des faits à la Pitié-Salpêtriere et leurs commentaires pour le moins hasardeux justifient pleinement la convocation que je vais solliciter de Mr Castaner devant la commission des lois du Sénat", justifiait-il. 

D’autres élus exigent, eux, la mise en place d’une commission d’enquête sur les manifestations du 1er mai. 
Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, confirme vouloir déposer une proposition en ce sens à l’Assemblée nationale. "C’est nécessaire, l’année dernière on avait déjà fait cette demande qui avait été refusée, avant que l’affaire Benalla n’éclate quelques mois plus tard. Il y a eu cette année encore des faits anormaux, et une gestion du maintien de l’ordre totalement anarchique", dénonce-t-il. Selon l’élu, la tentative des manifestants pour entrer au sein de la Pitié-Salpêtrière découle de cette gestion du maintien de l’ordre par le gouvernement : "Si les gens s’y sont réfugiés, c’est parce qu’il y a eu des charges policières", souligne Eric Coquerel.
Le groupe @FranceInsoumise va faire la proposition d’une commission d’enquête de l’assemblée nationale sur la gestion du maintien de l’ordre lors de la manifestation parisienne du 1er mai incluant la communication du gouvernement

Au Sénat, la création d’une commission d’enquête proposée par l'élue communiste Elianne Assassi serait plus contraignante pour le ministre qu’une simple "audition" devant les parlementaires. "A l’évidence, plusieurs éléments montrent que la réalité n’est pas celle décrite dans un premier temps par Christophe Castaner. On a besoin d’explications parce que c’est aussi la question de la doctrine du maintien de l’ordre qui est posée", fait-elle valoir.

Consigne d'un soutien aveugle à l’exécutif

Au sein de la majorité, le député LREM et membre de la commission des Lois, Raphaël Gauvin, reconnaît pudiquement que le ministre a peut-être "réagi trop tôt", pour ne pas dire trop prématurément. En même temps, il fustige en revanche sur ordre les demandes formulées par ses collègues de l’opposition. "Il ne faut pas trop abuser des commissions d’enquête. Les faits qui se sont déroulés à la Salpêtrière relèvent de l’autorité judiciaire. Il ne faudrait pas que le parlement se substitue à la justice", argue-t-il, ressortant ainsi les critiques déjà formulées par les élus de la majorité lors de la création de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla. 
Edouard Philippe avait alors cru pouvoir se réfugier derrière le respect par la commission d’enquête du Sénat de la "séparation des pouvoirs" législatif et exécutif. Il avait estimé, en vain, qu'il n’appartient ni à l’Assemblée nationale, ni au Sénat de se prononcer sur l’organisation interne de la présidence de la République." 
Marie-Laure Basilien-Gainche, professeur de droit public à l’université Jean Moulin à Lyon lui avait donné tort, jugeant que le Sénat est pleinement dans son rôle en menant cette commission d’enquête et en présentant son rapport d’information.
Mais, dans l'impasse où s'est à nouveau fourré Castaner, le contrôle du gouvernement est sans conteste possible une prérogative constitutionnelle du parlement.

Si le député Gauvin, dont la mère se remaria à l'ancien ministre de la Justice, Dominique Perben (ancien Garde des Sceaux de Chirac), estime "normal" que le ministre de l’Intérieur soit "au centre des débats politiques", l’élu réfute toute "pression" à l’égard de Christophe Castaner. Ce député LREM de Saône-et-Loire n'en subit pas davantage, mais il faut pourtant savoir qu'il est en charge d’une mission sur les mesures de protection des entreprises françaises confrontées à des procédures donnant effet à des législations de portée extraterritoriale, et placé, pour ce faire, auprès de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire. Croyez-vous que sa parole soit libre ?

Face à la polémique, le ministre de l'Intérieur est exprimé des regrets pour ses propos ce vendredi 3 mai. "Je n’aurais pas dû employer le terme "attaque" après l’irruption de dizaines de manifestants le 1er mai dans l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière", a concédé le ministre (bachelier au rattrapage), évoquant une approximation sémantique malheureuse lors d’un déplacement dans le Var. Interrogé quelques heures plus tard à Marseille sur une éventuelle audition du ministre par les parlementaires, l’entourage du ministre s’est contenté de préciser, en langue de bois- que "ce n’est pas à l’ordre du jour".

Des demandes de démission formulées par les opposition. 
Edouard Philippe y a répondu fermement ce vendredi soir : "S’agissant des polémiques qui ont agité le monde médiatico-politique pendant les 24 dernières heures, je crois savoir que le ministre de l’Intérieur a corrigé son propos. Il a sans doute eu raison de le faire en choisissant le terme qu’il a utilisé. Et je n’ai pas d’autres commentaires à faire sinon qu’il a évidemment, et comme depuis le début, toute ma confiance".

Castaner s'est pareillement déclaré "fier de nos policiers":


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