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dimanche 26 mai 2019

Trois Français condamnés à mort en Irak pour avoir combattu avec les islamistes de l'EI

La justice irakienne ne banalise pas les exactions commises

Un verdict inédit pour ces recruteurs français

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Combien de tueurs parmi eux ?
Il s'agit de Léonard Lopez, Kévin Gonot et Salim Machou, arrêtés en Syrie par une alliance arabo-kurde opposée à la loi islamique prônée par Daesh avant d'être transférés en Irak avec neuf autres Français en février, a indiqué un magistrat du tribunal de Bagdad qui les a jugés. La loi irakienne prévoit jusqu'à la peine de mort pour quiconque a rejoint une organisation "terroriste", qu'il ait combattu ou non.
Connus des services de renseignement pour avoir incité de nombreux jeunes à se radicaliser et à partir en Syrie, ces trois ressortissants sont les premiers Français à être visés par la peine capitale en Irak.

Trois Français ont déjà été reconnus coupables d'avoir choisi l'Etat islamique en Irak: Mélina Boughedir, 27 ans, Djamila Boutoutaou, 28 ans, et Lahcène Gueboudj, 58 ans. Tous ont été condamnés à la perpétuité, équivalente à 20 ans de détention en Irak. La France refuse la peine de mort, mais l'Irak est un état de droit reconnu démocratique.

Qui sont ces cadres de Daesh condamnés ?

Leonard Lopez est sans doute le plus malfaisant des trois islamistes français condamnés ce dimanche
Au début des années 2000, il était l’un des membres les plus actifs du site djihadiste francophone, Ansar Al-Haqq. En juillet 2015, alors qu’il était sous contrôle judiciaire, il est parti avec sa femme et leurs deux enfants, d’abord à Mossoul, puis en Syrie.

Condamné en son absence à cinq ans de prison, celui qui se faisait appeler Abou Ibrahim al-Andaloussi est surtout connu des services du renseignement pour avoir fondé
l’association Sanabil dissoute par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en 2016.
L'association Fraternité musulmane Sanabil contribuait, sous couvert d’aide aux détenus, à radicaliser des prisonniers. "Tous ceux qui ont été impliqués directement ou indirectement dans les attentats depuis 2015 ont été en lien direct ou indirect avec Sanabil", assurait à l’époque un enquêteur.
En 2014, on apprenait que cette association avait notamment été sollicitée pour fournir des textes religieux à Mehdi Nemmouche, alors en détention à Grasse (Alpes-Maritimes), avant que celui-ci ne soit libéré et ne devienne, des années plus tard, l’auteur de la tuerie du musée juif de Bruxelles.

Surnommé  
Abou Ibrahim al-Andaloussi dans les rangs de DaeshLéonard Lopez, un Parisien de 32 ans converti à l'islam, a répondu aux questions du juge en arabe, après quatre mois d'interrogatoires, sur la base desquels la cour a rendu son jugement. Son avocat français Me Nabil Boudi a annoncé interjeter appel avec son confrère irakien, dénonçant une "justice expéditive". "On condamne à la peine capitale un ressortissant français, sur la base uniquement d'interrogatoires dans des geôles à Bagdad", a-t-il argué. "Le ministère des Affaires étrangères nous avait pourtant garanti que les Français auraient droit à un procès équitable même en Irak".
Des défenseurs des droits humains dénoncent "de vrais risques de torture" et "aucune garantie pour des procès équitables" en Irak, le 12e le plus corrompu au monde, selon une liste de l'ONG Transparency International, dont le président de la section française est un ancien conseiller technique auprès du cabinet du premier ministre socialiste Pierre Mauroy.

Kévin Gonot, 32 ans, né à Figeac dans le sud-ouest de la France, a dit au juge "regretter" d'avoir rejoint l'EI.
Il a été arrêté en Syrie avec son demi-frère Thomas Collange, 31 ans, sa mère et son épouse, une nièce des frères Fabien et Jean-Michel Clain qui ont revendiqué les attentats de novembre 2015 à Paris (130 morts) avant d'être tués en Syrie. Kévin Gonot affirme que son père, qui avait également rejoint les terroristes islamistes, selon ses "aveux" publiés par la justice irakienne, a été tué à Raqa en Syrie.
Entré illégalement en Syrie, via la Turquie, selon ses dires, il a d'abord rejoint le Front al-Nosra (ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie), avant de prêter allégeance au "calife" autoproclamé de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi.
Se faisant appeler Abou Sofiane parmi les djihadistes, il a indiqué avoir été blessé au ventre lors de la bataille de Kobané en Syrie en 2015.  Il a raconté au juge avoir ensuite été transféré à Mossoul, "capitale" de l'EI en Irak de 2014 à 2017, pour y être hospitalisé et non pour combattre.
En France, il a déjà été condamné en son absence à neuf ans de prison, selon le Centre d'analyse du terrorisme (CAT).

Le troisième homme, Salim Machou, 41 ans, a appartenu à la brigade Tariq ibn Ziyad, une unité de Daesh menée par un ancien légionnaire français, Abdelilah Himich, selon le CAT. Cette "cellule de combattants européens, vivier d’auteurs d’attaques", a compté jusqu’à "300 membres", selon les autorités américaines. 

Il 
a hébergé à Raqa Jonathan Geffroy, un Français capturé en Syrie et remis à la justice française
qui a fait de nombreuses révélations, notamment sur les frères Clain selon le CAT

Neuf autres Français doivent encore être jugés en Irak: Fodil Tahar Aouidat, Mustapha Merzoughi, Yassine Sakkam, Karam El Harchaoui, Vianney Ouraghi, Brahim Nejara, Bilel Kabaoui, Mohammed Berriri et Mourad Delhomme.

Dimanche, un autre tribunal de Bagdad a condamné à 15 ans de prison une Suédoise accusée d'appartenance à l'EI, selon une source judiciaire. En 2017, la justice irakienne avait condamné à mort une première djihadiste allemande qui avait rejoint l'EI. En septembre, elle avait pour la première fois prononcé la peine capitale contre un djihadiste russe. En janvier 2018, un Suédois d'origine irakienne avait aussi été exécuté, avec 37 autres personnes condamnées pour "terrorisme".

La diplomatie française peut-elle intervenir pour leur éviter la peine capitale ?

Cette décision de justice promet de relancer la controverse sur le retour en France de djihadistes ayant combattu dans les rangs de Daesh. Confronté à une opinion publique hostile à l’idée d’une prise de risque en acceptant le retour de fanatiques, le gouvernement a longtemps laissé planer le doute sur ses réelles intentions.
Mais, fin janvier, invitée du Grand Jury RTL - Le Figaro – LCI, Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, avait indiqué que "bien entendu" , l’Etat Français " interviendrait auprès de cet état, bien que souverain, s’il y avait une question de peine de mort", laissant entendre qu’il y aurait alors un traitement "au cas par cas" des djihadistes, ce qui sous-entend que leur exécution  pourrait être entérinée. Ce dimanche, les autorités françaises n’ont pas encore réagi à la condamnation à mort de ses trois ressortissants.
Les condamnés ont 30 jours pour faire appel, selon la loi irakienne.

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