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samedi 18 mai 2019

Affaire Benalla : Macron achète le silence du général Lavergne

Mis en cause dans le dossier, le chef du Groupe de sécurité de la présidence de la République obtient pourtant une promotion

Le général Lavergne aurait "retenu une part significative de la vérité" pendant ses auditions
Le général lors d'une de ses auditions devant la commission d’enquête du Sénat 
chargée d’examiner l’affaire Benalla, le 30 juillet 2018

C'est ce qu'estime la sénatrice Muriel Jourda (LR), co-rapporteur de la commission d’enquête du Sénat créée à la suite de l’affaire Benalla, et ce qui pose problème, puisqu'il n'a pas fait l’objet d’un signalement au Parquet de Paris pour faux témoignage. 

Chef du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) jusqu'au 18 mai, le général de brigade Lionel Lavergne quitte son poste  avec une promotion, selon certains : il va exercer les responsabilités d’adjoint au directeur des opérations et de l'emploi de la Gendarmerie nationale. 
Le GSPR est une structure du Service de la protection (SDLP) dépendant de la Police nationale et, "en même temps", un service de gendarmes et de policiers d'élites au nombre de 80, affectés à la sécurité de la Présidence de la République et placé sous la tutelle du ministère de l'Intérieur.
L'Elysée confirme "une promotion puisqu’il a été nommé adjoint au directeur des opérations de la Gendarmerie nationale". Les services de la présidence tient à préciser par ailleurs que la nomination de l’officier, nommé général en août 2018, intervient "dans le déroulement normal de sa carrière". 
En vérité, l'homme fort reste le général de brigade (2017) Eric Bio-Farina qui a été nommé directeur de la sécurité de la présidence de la République (DSPR), tout en restant commandant militaire de l’Elysée. Il a fait partie de la garde rapprochée de François Hollande et aurait diligenté la fouille des archives de Nicolas Sarkozy, à la demande de son maître, alimentant les "révélations" de la presse dite d'investigation en 2013.
Difficile de considérer ce 'recasage' comme une promotion
D’abord parce que le Directeur des opérations et de l’emploi (DOE) n'est que l'un des numéros 3 de la gendarmerie et qu'il pourrait rester sur cette voie de garage. La DOE est l'une des trois grandes directions centrales de la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN)
Ensuite, parce que si c’est un poste très opérationnel, c'est aussi celui d'un second, donc un placard possible. 

Son ascension fulgurante interpelle néanmoins. 
Avec ce poste, Lavergne, général de brigade depuis moins de deux ans, ne va pas bénéficier d’une montée en grade, comme l'affirme un "connaisseur avisé  [mais anonyme] des arcanes [?] de la gendarmerie" cité dans Libération par Luc Peillon pourtant chargé précisément de traquer ...l'infox, puisque c'est le directeur de la DOE qui est généralement fait général de division l’année suivante, et non son adjoint.
Des "incohérences" et des "contradictions"

Mis indirectement en cause dans le dossier Benalla pour des "omissions", des " incohérences" et des "contradictions" pendant ses auditions devant la commission d’enquête du Sénat, le général Lavergne n’a toutefois pas été accusé de "faux témoignages", comme l’ont été Alexandre Benalla, Vincent Crase et Alexis Kohler (secrétaire général de l’Elysée) qui sont sous le coup d’une enquête préliminaire ouverte par le Parquet de Paris début avril après un signalement de la commission au ministère public. Mais ces charges d'incohérences et de contradictions doivent encore faire l’objet d’investigations complémentaires de la part du Parquet de Paris.

Le Sénat a en effet demandé au Parquet de procéder à des "investigations supplémentaires" concernant Lionel Lavergne, dans l’optique "de déterminer s’il y a lieu de donner des suites judiciaires à ces déclarations".
Membre de la commission d’enquête qui examine le dossier Benalla, la sénatrice du Morbihan Muriel Jourda disposait d'éléments lui permettant d'affirmer dans le rapport d’information enregistré à la présidence du Sénat le 20 février que le général Lavergne, Alexis Kohler et Patrick Strzoda (directeur de cabinet d’Emmanuel Macron) avaient "retenu une part significative de la vérité" pendant leurs auditions.
Et le rapport de la commission d’enquête de préciser : "il reviendra au ministère public de procéder, s’il y a lieu, à des investigations complémentaires qui pourront également concerner d’autres personnes et d’autres faits que celles et ceux évoqués dans ce rapport"
Les sénateurs ont mis des gants blancs pour éviter d'éclabousser l'Elysée davantage.

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